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L'Ukraine scelle son rapprochement avec l'UE en un jour crucial dans l'Est

L'Ukraine scelle son rapprochement avec l'UE en un jour crucial dans l'Est

L'Ukraine a signé vendredi à Bruxelles un accord historique d'association avec l'Union européenne l'éloignant de la sphère russe, au grand dam de Moscou qui a mis en garde contre des "conséquences graves" pour ce pays.

La décision de Kiev de ne pas signer cet accord en novembre dernier avait été à l'origine du renversement du pouvoir prorusse à Kiev et d'une insurrection séparatiste meurtrière dans l'Est, où une trêve expirait vendredi soir.

"C'est un jour historique pour mon pays, le plus important depuis l'indépendance", a déclaré M. Porochenko à Bruxelles avant la signature de cet accord commercial qui vise en particulier à supprimer l'essentiel des barrières douanières entre les pays de l'UE et l'Ukraine, pays de quelque 45 millions d'habitant doté d'une importante industrie métallurgique et important exportateur agricole.

"C'est un grand jour pour l'Europe (...) L'Union européenne se tient à vos côtés, aujourd'hui plus que jamais", a déclaré Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen.

Par ailleurs, alors que les Occidentaux ont accentué la pression sur Moscou pour qu'elle montre concrètement sa volonté de résoudre une crise qui menace l'unité de l'Ukraine, quatre observateurs de l'OSCE enlevés le 26 mai par des rebelles prorusses ont été libérés dans la nuit.

Avec l'accord signé à Bruxelles s'évanouissent les rêves de Vladimir Poutine de voir entrer l'Ukraine dans la toute jeune Union économique eurasatique qu'il a créée avec d'autres pays de l'ex-URSS, le Bélarus et le Kazakhstan, au moment où il cherche à restaurer l'influence de Moscou dans la zone.

Un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, a aussitôt averti que la signature aurait des "conséquences graves" pour l'Ukraine.

Le président Petro Porochenko, milliardaire de 48 ans, a été élu le 25 mai sur la promesse d'orienter résolument vers l'Europe son pays, ancienne république soviétique qui a accédé à l'indépendance en 1991. L'arrivée d'autorités pro-européennes à Kiev a suscité une violente insurrection prorusse dans l'Est et un accès de tension entre Russes et Occidentaux sans précédent depuis la Guerre froide.

Le nouveau président n'a pas caché qu'il comptait faire de cet accord un premier pas vers une entrée de l'Ukraine dans l'UE, mais les Européens ont pour l'instant écarté cette idée.

Le premier volet de l'accord avec l'UE, d'ordre politique, avait été signé en mars par le Premier ministre, Arseni Iatseniouk.

La signature du document était initialement prévue pour novembre dernier, avant la volte-face du président prorusse Viktor Ianoukovitch, qui a préféré se tourner vers Moscou pour obtenir une aide économique alors que l'Ukraine subit une récession quasi permanente depuis plus de deux ans.

Ce retournement de situation avait provoqué le mouvement de contestation qui a conduit à la chute du président, suivie du rattachement de la Crimée à la Russie, puis de l'insurrection séparatiste qui a provoqué en avril le début d'une opération militaire ukrainienne contre les rebelles. Plus de 400 personnes ont été tuées depuis.

La Russie a averti mercredi qu'elle prendrait des "mesures de protection" s'il s'avérait que les accords d'association signés entre l'UE et l'Ukraine, mais aussi avec la Moldavie et la Géorgie, nuisaient à son économie.

A quelques heures de l'expiration vendredi à 19H GMT d'un fragile cessez-le-feu décrété par Kiev et accepté côté rebelle mais violé par des combats sporadiques, le président Porochenko s'est dit prêt à nouer un accord de paix avec Vladimir Poutine.

"Je suis prêt à faire la paix avec tout le monde", a déclaré le président dans un entretien jeudi soir à la chaîne de télévision américaine CNN.

Des représentants de Kiev et des responsables séparatistes ont poursuivi une 3e série de négociations indirectes à Donetsk qui pourraient aboutir à une prolongation de la trêve, souhaitée par Moscou, mais les combats se sont poursuivis ces derniers jours dans le bassin industriel russophone du Donbass.

Le "Premier ministre" de la république autoproclamée de Donestk, fief insurgé, Alexandre Borodaï, a annoncé que les combattants prorusses s'étaient emparés jeudi soir d'une base militaire ukrainienne à Donetsk après quelques heures d'affrontements armés.

Les quatre observateurs de l'OSCE enlevés par des rebelles prorusses sont, eux, arrivés dans la nuit de jeudi à vendredi dans un hôtel de Donetsk.

"Ils ont été libérés sans condition. Il s'agit d'un Danois, d'un Turc, d'un Suisse et si je ne me trompe pas, d'un Estonien", a déclaré à la presse Alexandre Borodaï, précisant qu'ils avaient été détenus par un chef rebelle de la région voisine de Lougansk.

Une deuxième équipe d'obervateurs, basée à Lougansk, est retenue quelque part dans l'Est depuis le 29 mai.

Les Occidentaux ont haussé le ton jeudi pour que la Russie, accusée d'armer en sous-main la rébellion pour déstabiliser l'Ukraine, agisse vite pour une désescalade, brandissant de nouveau la menace de nouvelles sanctions économiques.

bur-blb/gmo/pt

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