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Premiers pas très attendus en Catalogne pour le roi d'Espagne Felipe VI

Premiers pas très attendus en Catalogne pour le roi d'Espagne Felipe VI

Felipe VI, roi d'Espagne depuis une semaine, fait jeudi en Catalogne ses premiers pas de nouveau souverain, très attendus au moment où la région, dirigée par les nationalistes, maintient son projet de référendum le 9 novembre contre l'avis de Madrid.

Le roi, accompagné de la reine Letizia, sera jeudi soir à Gérone pour présider une cérémonie de remise de prix pour la Fondation Prince de Gérone: l'un des titres de noblesse que portait Felipe, héritier de la couronne, et qu'il a transmis à sa fille Leonor, âgée de huit ans, en prêtant serment le 19 juin.

En Catalogne, Felipe se retrouve sur une terre qu'il connaît bien, dont il parle la langue et où il s'est souvent rendu, rencontrant responsables politiques et économiques.

Mais le dossier catalan fait figure de baptême du feu pour le jeune roi, qui, après l'abdication de son père, Juan Carlos, amorce un délicat début de règne, éclaboussé par le scandale dans lequel sa soeur Cristina est menacée de procès.

Hasard du calendrier ou non, le lieu de ce déplacement n'est pas anodin. Dans cette ville de 100.000 habitants, fervent pôle indépendantiste, les élus ont voté une motion affirmant que le titre de princesse de Gérone ne représente pas la ville.

"La ville ne se sent pas identifiée à ce titre. Ce n'est pas un signe d'hostilité. Simplement, cela ne cadre pas avec la Gérone de 2014", expliquait avant le vote le maire, Carles Puigdemont.

Alors que les ponts semblent coupés entre le gouvernement central conservateur et les nationalistes catalans, Felipe, si la monarchie parlementaire espagnole le prive de réels pouvoirs, pourrait être amené à user de son influence pour favoriser un dialogue, le dernier mot revenant aux politiques.

"Le roi ne gouverne pas mais il règne. Le roi peut contribuer à changer l'état d'esprit", analysait Joan Botella, professeur de Sciences politiques à l'Université autonome de Barcelone.

"C'est sûrement ce qu'attend une bonne partie de l'opinion publique catalane et espagnole. Il faudra voir si c'est réalisable".

Mais le leader indépendantiste Oriol Junqueras, chef du parti de gauche républicain Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), assurait jeudi ne rien attendre de la Couronne espagnole.

"L'expérience nous montre que tout espoir dans ce sens est vain. Si le roi veut faire un geste, il le fera et je suppose que nous nous en apercevrons tous", a-t-il déclaré à l'AFP.

Aucune rencontre n'est officiellement prévue jeudi entre Felipe et le président nationaliste Artur Mas, qui porte le projet de référendum. Mais les deux hommes doivent participer au dîner qui suivra, en privé, la remise de prix.

Après avoir laissé planer le doute sur sa présence jeudi dernier, à Madrid, pour la prestation de serment de Felipe, Artur Mas avait finalement écourté un voyage aux États-Unis afin de rentrer à temps.

Pas plus que le président nationaliste basque Iñigo Urkullu, il n'avait applaudi ce jour-là au premier discours de Felipe, défendant "l'unité" de l'Espagne... avant de saluer le roi, quelques heures plus tard, lors d'une réception au Palais Royal.

"Quand on fait référence à une Nation et pas à un État plurinational, pour moi ce n'est pas un discours nouveau, c'est ce que nous avons entendu pendant 35 ans", avait-il commenté.

Porté par une vague identitaire qui a grandi à la faveur de la crise économique, dans cette région prospère du nord-est de l'Espagne, allié avec la gauche républicaine au Parlement régional, Artur Mas, un nationaliste conservateur, a engagé un bras de fer avec Madrid en maintenant son projet de référendum d'autodétermination.

Le gouvernement s'appuie, pour rejeter cette consultation, sur la Constitution de 1978 qui définit le caractère indivisible de l'État espagnol, tout en accordant une large autonomie aux régions.

"Aujourd'hui, si Monsieur Mas ne veut plus organiser ce référendum, dont il sait, parce que tout le monde lui a dit, qu'il est illégal, alors je suis disposé à l'écouter", affirmait lundi depuis Gdansk, en Pologne, le chef du gouvernement Mariano Rajoy.

Avant d'avertir: "Mais si ce qu'il veut, c'est nous obliger à faire ce qu'il veut, cela va être très compliqué".

dbh-sg/ros

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