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Nouvelle méthode pour authentifier les armes nucléaires sans déflorer le secret défense

Nouvelle méthode pour authentifier les armes nucléaires sans déflorer le secret défense

Des chercheurs américains ont inventé une nouvelle technique d'imagerie capable, selon eux, de s'assurer de l'authenticité des têtes nucléaires tout en préservant les secrets de fabrication de ces bombes, ce qui pourrait grandement faciliter le travail des inspecteurs en désarmement.

En cours de développement, la méthode emploie un simple scanner à neutrons, qui ne mesure aucune information sensible et ne peut donc révéler aucun secret défense.

"Le but est de prouver, avec la plus grande fiabilité possible, qu'un objet est bien une tête nucléaire, sans que le vérificateur puisse obtenir une quelconque information sur les matériaux ou la conception de la tête elle-même", explique Robert Goldston, spécialiste en astrophysique à l'université américaine de Princeton, l'un des inventeurs du système.

Il permettrait par exemple de déterminer si certains Etats disposent, comme ils l'affirment, du feu nucléaire. Mais elle épargnerait à ces derniers la crainte de devoir livrer des informations gênantes sur la nature, l'origine ou le fonctionnement de leur bombe.

Présentée mercredi dans la revue Nature, cette méthode pourrait aussi être utilisée dans le programme de démantèlement des missiles nucléaires russes et américains en vertu du traité New START de réduction des armes nucléaires, affirment les chercheurs.

Certes, les inspecteurs en désarmement disposent déjà d'une panoplie d'instruments très fiables pour identifier les armes nucléaires. Mais leur utilisation peut révéler de nombreuses informations sur les armes examinées, ce que leurs propriétaires voient généralement d'un mauvais oeil.

La spectroscopie aux rayons gamma peut par exemple déterminer si un objet contient suffisamment de plutonium 239 pour faire une bombe atomique, mais elle livre aussi un tas d'autres renseignements sur la bombe elle-même.

On peut aussi ouvrir une tête nucléaire pour voir ce qui se trouve à l'intérieur mais le processus, long et complexe, autorise toutes les tentatives d'espionnage ou de sabotage.

Pour contourner ces obstacles, l'équipe de M. Goldston a mis au point une approche "zéro info" inspirée de certains protocoles utilisés en informatique pour vérifier les mots de passe d'un ordinateur sans pour autant les dévoiler ("divulgation nulle de connaissance").

Elle consiste à faire passer un faisceau de neutrons à haute énergie à travers la tête nucléaire - un peu comme une radiographie aux rayons X - pour obtenir une "signature" au point de sortie des neutrons.

Et c'est cette signature, comparée à celle du modèle de référence fournie par le propriétaire de la tête nucléaire, qui permet de s'assurer de l'authenticité de l'objet inspecté. Si la signature est identique, c'est bien une tête nucléaire. Mais si elle n'est pas conforme, c'est le signe que quelque chose cloche et les inspecteurs sont en alerte.

L'idée n'en est qu'à ses débuts mais elle a déjà obtenue un financement de plus de 2,5 millions d'euros de la part du gouvernement américain pour être perfectionnée au laboratoire de physique des plasmas de l'université de Princeton.

ri-ban/na

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