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Al-Qaïda se soumet à l'EIIL à la frontière syro-irakienne (ONG)

Al-Qaïda se soumet à l'EIIL à la frontière syro-irakienne (ONG)

Des combattants du Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, ont fait allégeance à leurs frères ennemis de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) à Boukamal, principale localité frontalière entre la Syrie et l'Irak, a annoncé mercredi une ONG syrienne.

Le Front al-Nosra "a prêté allégeance à l'EIIL dans la nuit de mardi à mercredi" permettant à ce dernier de contrôler les deux côtés de la frontière, avec la prise samedi d'Al-Qaïm, la ville voisine irakienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'EIIL, qui avance dans l'ouest irakien, progresse aussi dans cette province syrienne frontalière de l'Irak, a expliqué l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales en Syrie.

Cette soumission montre à quel point l'offensive de l'EIIL en Irak a destabilisé les rebelles et le Front al-Nosra dans l'est de la Syrie, où ils combattaient tant le régime de Bachar al-Assad que leurs anciens alliés ultra-radicaux.

Un jihadiste de l'EIIL a confirmé l'information sur Twitter et a publié une photo montrant un commandant égyptien du Front al-Nosra avec un chef tchétchène de l'EIIL.

Dans le même secteur, l'EIIL a lancé une offensive contre Chouheil, au sud-est de la province de Deir Ezzor, un fief du Front al-Nosra, selon l'OSDH.

Pour Romain Caillet, un expert des mouvements jihadistes, "cette allégeance s'inscrit dans le cadre d'une dynamique en faveur de l'EIIL, qui contrôlait déjà avant son offensive en Irak la majorité des localités de la province de Deir Ezzor".

"Une partie des armes et de l'équipement sophistiqué que l'EIIL s'est approprié en Irak fait craindre de puissantes offensives sur les bastions rebelles" qui résistaient en Syrie, ajoute-t-il.

Issues toutes des deux d'Al-Qaïda en Irak, l'EIIL et le Front al-Nosra sont désormais rivales en Syrie. Depuis janvier, les affrontements entre d'une part l'EIIL et d'autre part Al-Nosra et des rebelles "modérés" excédés par les exactions et les volontés hégémoniques de l'EIIL ont fait 6.000 morts selon l'OSDH.

En avril, une attaque de l'EIIL sur Boukamal, repoussée par le Front al-Nosra et des rebelles islamistes, avait fait une centaine de morts.

"Ils sont rivaux mais ce sont tous les deux des jihadistes et des extrémistes. Cette allégeance créera des tensions avec les autres groupes rebelles, y compris les islamistes", a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a déclaré le Front al-Nosra comme la branche officielle du réseau en Syrie et a clairement désavoué l'EIIL.

A Boukamal, "la tension est vive", a affirmé à l'AFP un militant de la ville, utilisant pour des raisons de sécurité le pseudonyme de Hadi Salamé.

"Et la situation va empirer car cette fusion causera de graves problèmes avec les tribus locales, qui ne vont pas accepter ces changements", car elles sont hostiles à l'EIIL, a-t-il ajouté.

Un autre militant, Abdel Salam al-Hussein, a expliqué que cette fusion était intervenue après la décision des chefs de brigades islamistes locales d'exclure le Front al-Nosra du tribunal islamique, qui exerce le pouvoir de facto dans beaucoup de régions rebelles.

Ce militant a aussi rappelé que Boukamal abritait des centaines de milliers de déplacés syriens et de réfugiés irakiens, et a redouté une "catastrophe" si la ville devenait un champ de bataille.

Selon lui, "les combattant de l'EIIL sont désormais positionnés à l'entrée de Boukamal, du côté irakien.

Le porte-parole rebelle de la province de Deir Ezzor, Omar Abou Leyla, a pour sa part déclaré à l'AFP que Boukamal représentait "une ligne rouge" et que l'Armée syrienne libre (ASL) combattrait l'EIIL s'il franchissait la frontière irakienne.

Il a cependant regretté que l'ASL ne reçoive pour cela "aucun soutien".

Un peu plus au nord, l'aviation syrienne a bombardé mercredi les villes de Raqa et Mouhassen, contrôlées par l'EIIL. A Raqa, ces raids ont tué 12 civils, dont une femme et un enfant, et aucun n'a spécifiquement visé les positions de l'EIIL, selon l'OSDH.

A Damas, la presse officielle a de nouveau accusé Washington d'être derrière les bouleversements dans la région.

"Ils agissent aussi pour diviser (la Syrie) sur des bases confessionnelles", a affirmé le quotidien gouvernemental Techrine.

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