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Ouverture du procès pour un viol qui a scandalisé le Kenya

Ouverture du procès pour un viol qui a scandalisé le Kenya

Une jeune Kényane a témoigné mardi devant l'un de ses violeurs présumés à l'ouverture du procès pour une affaire qui avait scandalisé le Kenya, la police ayant d'abord relâché ses agresseurs après leur avoir simplement demandé de tondre le gazon du commissariat.

Le procès se déroule dans la petite localité de Busia, dans l'ouest du pays près de la frontière ougandaise, où "Liz" (un pseudonyme), âgée de 16 ans à l'époque, a été attaquée, battue et violée en juin 2013 par six hommes qui l'avaient ensuite jetée, inconsciente et en sang, dans une fosse septique.

Le suspect, inculpé de viol en réunion et de coups et blessures volontaires, tentait de dissimuler son visage lorsqu'il est entré mardi au tribunal, escorté par des policiers.

A la demande de l'accusation, le huis-clos a été ensuite prononcé par le tribunal, le suspect étant mineur, et le public et la presse ont dû quitter la salle d'audience.

"Liz" n'avait pas été aperçue avant le huis-clos, mais elle était ensuite présente et a témoigné à la barre, selon des militants qui la soutiennent.

Les détails de la terrible agression puis l'inaction de la police et de la justice avaient suscité un immense scandale dans le pays et une pétition demandant "Justice pour Liz" avait recueilli 1,7 million de signatures à travers le monde.

La presse kényane a révélé après le viol que trois des coupables présumés - identifiés par "Liz", qui les connaissait - avaient été relâchés par la police qui leur avait simplement ordonné de débroussailler les abords du commissariat.

"Liz" a témoigné à la barre mardi, a indiqué Kimberly Brown, de l'ONG Equality Now qui la soutient et est en contact avec le Parquet.

"Bien que Liz soit considérée comme un témoin vulnérable (...), elle a dû donner son témoignage en une journée" dès le démarrage du procès, a expliqué Kimberly Brown.

L'audience a été ajournée au 8 août.

Désormais âgée de 17 ans, "Liz", qui dû être opérée d'une fistule, séquelle de l'agression qui l'a également clouée durant plusieurs mois sur une chaise roulante, marche de nouveau et a repris l'école, mais elle continue de recevoir un soutien psychologique, selon les militants qui l'entourent.

"Pour moi l'ouverture de ce procès marque le début d'un nouveau chapitre et une victoire, après une longue lutte", a déclaré Mary Makokha, une militante locale des droits de l'Homme en première ligne dans la lutte contre le viol dans la région.

"J'espère que cela ouvre la porte à d'autres filles sans voix, qui sont vulnérables et qui pourraient subir une attaque similaire", a-t-elle ajouté.

Le viol est un grave problème au Kenya mais que la police ne prend pas assez au sérieux, selon des ONG qui dénoncent l'impunité dont profitent de nombreux violeurs.

Au plus fort du scandale, le chef de la police kényane, David Kimaiyo, avait mis en cause le témoignage de "Liz", estimant que le délai écoulé entre ses cris et l'arrivée à son secours de villageois était "trop court pour que six agresseurs la violent".

La justice n'avait annoncé qu'en février dernier l'ouverture de poursuites.

Les cinq autres suspects du viol sont en fuite, selon les autorités locales, mais l'accusation a ordonné qu'ils soient "arrêtés et traduits en justice sans délai".

Lundi, des centaines de manifestants avaient défilé à Busia, demandant que justice soit rendue à "Liz" ainsi qu'aux autres victimes de viol.

Sur leurs pancartes on pouvait lire: "Couper le gazon n'est pas une punition pour un viol", ou encore "L'une de nous trois sera violée au cours de sa vie".

rk-pjm/tmo/ayv/sba

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