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Afrique du Sud: un accord met fin au bras de fer salarial des mines de platine

Afrique du Sud: un accord met fin au bras de fer salarial des mines de platine

Les trois premiers producteurs mondiaux de platine sont parvenus mardi à terminer la plus longue grève de mineurs d'Afrique du Sud en signant un accord salarial de trois ans qui n'écarte en rien le risque qu'un tel bras de fer ne se répète dans d'autres secteurs.

"Les salariés sont attendus pour la reprise du travail mercredi", ont annoncé les trois géants, Anglo American Platinum, Impala Platinum et Lonmin.

Ils prévoient une reprise complète de l'activité seulement "dans les prochaines semaines", les installations ne pouvant redémarrer du jour au lendemain après cinq mois d'arrêt forcé.

"C'est seulement le premier pas pour reconstruire notre activité", a souligné Ben Magara, le directeur général de Lonmin sur le perron des locaux de son entreprise à Johannesburg.

"Ce n'est pas forcément l'heure de la célébration. Clairement il n'y a pas de vainqueurs dans cette grève", a-t-il affirmé.

La clé de voûte de l'accord est la forte revalorisation durant trois années consécutives du salaire mensuel des mineurs les moins qualifiés, qui toucheront chaque année 950 à 1.000 rands mensuels de plus (environ 70 euros), tandis que les autres catégories toucheront une première hausse de 8%, puis 7,5% les deux années suivantes.

L'accord, décliné en trois versions, entreprise par entreprise, et salué au plus haut sommet de l'Etat par le président Jacob Zuma, s'appliquera rétroactivement au 1er juillet 2013 pour Amplats et Implats, au 1er octobre pour Lonmin, et il expirera le 30 juin 2016, selon le communiqué patronal.

Il ne permettra pas à tous les mineurs d'atteindre les fameux 12.500 rands mensuels (880 euros) exigés depuis les grandes grèves de 2012 quand le syndicat radical Amcu s'est imposé face aux apparatchiks du Num, syndicat historique des mineurs sud-africains et allié du pouvoir ANC, tous deux accusés de complaisance avec les compagnies minières.

"C'est une victoire pour tous les ouvriers d'Afrique du Sud" et un accord "tout à fait digne", a néanmoins clamé lors d'un point de presse le président d'Amcu Joseph Mathunjwa, estimant avoir arraché davantage que le Num après dix semaines de grève fin 2013 chez un producteur de platine de moindre envergure Northam Platinum.

"Nous sommes enchantés d'annoncer la bonne nouvelle... à savoir la fin de cette grève prolongée mais nécessaire", a-t-il ajouté.

Selon l'analyste Peter Montalto (banque Nomura), "l'accord final ne semble pas très différent de ce qui était déjà sur la table en mars".

Alors pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour signer un accord? L'analyste de Nomura reconnaît qu'il restera là "une part de mystère".

Mais il a aussi avancé des éléments d'explications comme l'importance des stocks et les cours élevés du platine qui ont amorti pendant assez longtemps l'impact de la grève sur les entreprises.

De même il a cité le niveau élevé d'intimidation pratiqué par une minorité de militants d'Amcu, l'importance de l'hostilité au Num et le choix de nombreux mineurs migrants d'attendre à distance le dénouement de la crise dans leur région d'origine.

Il a aussi mentionné un manque de communication entre Amcu et les entrepises, employant plus de 70.000 mineurs dans la région de Rustenburg (nord).

Dans leur communiqué, les dirigeants des trois entreprises Chris Griffith (Amplats), Terrence Goodlace (Implats) et Ben Magara (Lonmin) ont admis "avoir encore du travail à faire pour améliorer la vie" des mineurs et promis de s'y atteler.

"Cela ne peut pas se faire en une nuit", ont-ils plaidé.

"Nous espérons sincèrement que nos entreprises, notre secteur, nos salariés et tous les autres partenaires n'auront plus jamais à endurer les souffrances de cette période de grève sans précédent. Aucun d'entre nous, ni le pays lui-même, ne peut se permettre que ça recommence", ont-ils ajouté.

La grève qui se termine a contribué au plongeon de l'activité économique nationale au premier trimestre, déjà en panne de croissance depuis trois ans.

Politiquement, elle signe la poussée d'un courant syndical radical qui pourrait faire école lors des prochaines négociations salariales de l'hiver austral, traditionnellement émaillées de grève à partir de juillet-août.

"Amcu, après cette victoire majeure emportée avec les mineurs de platine, pourrait vouloir recruter dans d'autres secteur et défier les syndicats modérés alliés du gouvernement", a pour sa part estimé une note de risque-analyse DaMina.

bur-clr/sba

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