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Présidentielle afghane: Abdullah en guerre contre la fraude, "preuves" à l'appui

Présidentielle afghane: Abdullah en guerre contre la fraude, "preuves" à l'appui

L'Afghanistan s'enfonçait dans l'impasse politique dimanche avec de nouvelles accusations de fraude accompagnées de "preuves" de la part du camp du candidat Abdullah Abdullah et une deuxième journée consécutive de manifestations antifraude à Kaboul.

De "hauts responsables du gouvernement se sont engagés à soutenir un candidat dans l'élection (Ashraf Ghani, ndlr) et ont organisé des trucages, de la triche et de la manipulation", a lâché dimanche lors d'une conférence de presse Baryalai Arsalai, le directeur de campagne d'Abdullah Abdullah.

M. Arsalai a ensuite rendu public pour la première fois un document censé étayer la thèse de la fraude en faveur de M. Ghani: une "série d'enregistrements audio secrets" de qualité médiocre, à charge contre un haut responsable de la commission électorale indépendante (IEC), Zia-ul-Haq Amarkhail.

Dans ces enregistrements, des conversations téléphoniques présentées comme ayant eu lieu entre ce dernier et des responsables de l'IEC, ainsi qu'un "membre de l'équipe Ghani", on entend la voix présumée de M. Amarkhail, assurer que des personnes sont "employées" pour favoriser l'élection de M. Ghani.

Par ailleurs, la même voix demande à un responsable de l'IEC d'engager des Ouzbeks et des Pachtounes, réputés plus favorables à M. Ghani, lui-même un Pachtoune allié au général ouzbek Abdul Rachid Dostom.

Toutefois, l'équipe de campagne de M. Abdullah s'est refusée à préciser l'origine de cet enregistrement, dont il était difficile de vérifier l'authenticité indépendamment. M. Abdullah demande la mise à pied de M. Amarkhail.

Dès le lendemain du deuxième tour de la présidentielle le 14 juin Abdullah Abdullah s'est lancé dans une série de rencontres avec la presse pour expliquer que, selon lui, l'IEC, la commission des plaintes électorales (ECC), le camp Ghani et même le président sortant Hamid Karzaï, avaient oeuvré pour lui voler sa victoire.

M. Abdullah, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle le 5 avril avec 45% des voix contre 31,6% à son rival Ashraf Ghani a dénoncé des "violations flagrantes" selon lui, des règles électorales, au détriment de son camp au deuxième tour.

Le candidat mécontent avait annoncé mercredi dernier qu'il boycottait l'IEC.

M. Abdullah s'est toutefois refusé à jeter de l'huile sur le feu ces derniers jours en affirmant qu'il attendait de ses partisans "qu'ils respectent les lois afghanes et les intérêts nationaux".

Mais la colère continuait de monter dimanche chez ces derniers, avec une deuxième journée consécutive de manifestations dans les rues de Kaboul, puis à Hérat (ouest de l'Afghanistan).

"Mort à l'IEC", "Mort à Amarkhail", "Longue vie à Abdullah", scandaient dimanche les manifestants à Kaboul.

A Hérat (ouest de l'Afghanistan), environ 400 personnes se sont rassemblées dimanche. Certains manifestants déçus du processus électoral ont brûlé publiquement leurs cartes d'électeurs, a constaté un photographe de l'AFP.

Samedi, à Kaboul, plus d'un millier de personnes avaient défilé dans le calme.

Cette élection marque un tournant crucial en Afghanistan, après 13 années de présidence d'Hamid Karzaï qui dirige le pays depuis la chute des talibans en 2001. Ce premier passage de relais d'un président élu à un autre devrait s'effectuer au moment du retrait des troupes de l'Otan d'ici à la fin 2014.

De son côté, la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama) a tenté de jouer l'apaisement dimanche en appelant au calme sur les réseaux sociaux. "Nous encourageons les partisans des deux candidats à s'abstenir de déclarations incendiaires, discours de haine ou déclarations pour encourager les divisions ethniques", a écrit le chef de l'Unama Jan Kubis dans communiqué.

M. Abdullah a évoqué ces derniers jours la possibilité d'une médiation de l'ONU pour tenter de sortir de l'impasse. Cette proposition a été approuvée par M. Karzaï pourtant hostile habituellement à toute ingérence étrangère dans la politique afghane.

Mais de son côté, le porte-parole de l'ECC, Nader Mohseni, a indiqué dimanche qu'aucune médiation ne serait nécessaire, acceptant toutefois un rôle de l'ONU comme observateur, a rapporté la chaîne de télévision afghane ToloNews.

En 2009, M. Abdullah, s'était retiré au deuxième tour de la présidentielle en évoquant des fraudes, laissant de facto la présidence à M. Karzaï.

Des résultats préliminaires sont attendus le 2 juillet et la proclamation du nom du nouveau président le 22.

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