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Présidentielle afghane: des centaines de manifestants contre la fraude à Kaboul

Présidentielle afghane: des centaines de manifestants contre la fraude à Kaboul

Des centaines de manifestants antifraude défilaient samedi à Kaboul en pleine crise politique déclenchée par Abdullah Abdullah, le candidat arrivé en tête au premier tour de la présidentielle afghane, qui a dénoncé des irrégularités "flagrantes" à son détriment.

Plusieurs cortèges ont défilé dans le calme samedi dans les rues de Kaboul, malgré des slogans très déterminés: "Nous défendrons notre vote, jusqu'à la dernière goutte de notre sang", pouvait-on lire sur l'une des banderoles.

Ces manifestations, placées sous haute surveillance, interviennent dans un contexte de crise aiguë, après un second tour, le 14 juin, qui s'est pourtant déroulé sans violences majeures et qui a été salué comme réussi par la communauté internationale.

Cette élection marque un moment clé dans l'histoire du pays, après plus de 12 années de présidence d'Hamid Karzaï qui a dirigé le pays depuis la chute des talibans en 2001. Et ce premier passage de relais d'un président élu à un autre devrait s'effectuer alors que les troupes de l'Otan doivent se retirer d'ici à la fin de l'année.

"Nous avons organisé cette manifestation pour montrer que les gens ne passeront pas sous silence la fraude massive qui a miné la crédibilité de l'élection", a dit à l'AFP Asar Hakimi, l'un des principaux organisateurs des manifestations de samedi.

"Nous craignons qu'une fraude à un tel niveau, sans précédent, ne décourage la communauté internationale qui a versé de l'argent et du sang pour aider l'Afghanistan à se relever", a-t-il dit.

M. Hakimi a précisé les trois revendications des manifestants: écarter les organisateurs de la fraudes, monter une commission soutenue par la communauté internationale afin de traiter le problème de la fraude, invalider les votes frauduleux.

Si les manifestants ne se revendiquent pas en faveur de M. Abdullah, affirmant qu'il s'agit d'un mouvement "pour la démocratie et contre la fraude" visant à protéger les "acquis des 12 dernières années", leurs revendications correspondent aux demandes faites par le candidat.

M. Abdullah avait annoncé cette semaine qu'il boycottait la commission électorale indépendante (IEC) et qu'il rejetterait tout résultat annoncé par cet organisme en raison, selon lui, de fortes suspicions de fraude à son détriment.

M. Abdullah estime notamment trop élevé le chiffre de 7 millions de votants, sur quelque 13,5 millions d'inscrits, au second tour annoncé par l'IEC, ce qui implique selon lui l'existence de votes frauduleux.

Le candidat mécontent était arrivé en tête au premier tour de la présidentielle le 5 avril avec 45% des voix. Il devançait largement son adversaire Ashraf Ghani (31,6%).

M. Abdullah avait assuré n'avoir plus confiance dans les institutions électorales. Le camp Abdullah dénonce l'implication de M. Ghani, bénéficiaire présumé de la fraude et le président Hamid Karzaï, responsable selon lui de la situation.

M. Ghani avait rejeté en bloc les accusations de son rival, affirmant qu'il s'agissait d'un "manque de respect" pour ses électeurs.

Dans ce contexte, la journée de samedi à Kaboul a commencé par un attentat suicide visant un membre du Haut conseil pour la paix Massoum Stanikzai. L'explosion a tué un passant et blessé quatre autres personnes, mais M. Stanikzai a survécu à l'attaque.

La mission des Nations unies en Afghanistan a averti cette semaine que si les candidats "abandonnent le processus légal et font appel directement à leurs partisans, cela pourrait inciter à la violence".

Vendredi, le président Karzaï s'est pourtant montré accommodant en intervenant pour la première fois dans le processus électoral. Dans un communiqué, il a approuvé une médiation de l'ONU, proposée par M. Abdullah, pour tenter de trouver une solution à la crise.

Selon M. Abdullah, qui s'était retiré au deuxième tour de la présidentielle de 2009 en évoquant des fraudes, laissant de facto la présidence à Hamid Karzaï, le système mis en place par le président sortant permet les pratiques de fraude qu'il dénonce.

M. Abdullah s'est toutefois refusé à jeter de l'huile sur le feu cette semaine en affirmant qu'il attendait de ses partisans "qu'ils respectent les lois afghanes et les intérêts nationaux".

Des résultats préliminaires sont attendus le 2 juillet et l'IEC prévoit de proclamer le nom du nouveau président le 22 juillet.

bur-emp/ros

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