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Mondial-2014 - A Manaus, culture classique et théâtre luxuriant

Mondial-2014 - A Manaus, culture classique et théâtre luxuriant

Inauguré en 1896 et toujours en activité, le "Theatro Amazonas", symbole rose de la splendeur déchue de Manaus qui fait la fierté de sa population, se dresse au milieu de la jungle, comme un rempart à la nature.

Même en pleine Coupe du monde, cette cathédrale artistique, construite par les "Barons du caoutchouc", en hommage aux dieux des arts ne désemplit pas.

Touristes le jour, amateurs de culture la nuit, les visiteurs se pressent pour admirer des merveilles toujours vivantes à l'intérieur.

En ce soir de ballet folklorique, le public est, comme à son habitude, massé devant ses portes en attendant que la salle ouvre.

Les toilettes sont de sortie, les tenues sont aérées. Il n'y a rien d'extravagant mais les habitants, majoritaires, ont sorti leur plus beaux atours.

Proximité oblige avec la forêt amazonienne, les motifs à fleurs ont la cote.

Malgré quelques mini-shorts en jean, il n'y a aucune faute de goût. Surtout, c'est le seul endroit de la ville où les maillots de foot sont bannis.

"Tous les matériaux pour le construire ont été importés d'Europe, même le bois, car à l'époque, malgré la forêt, il n'y avait pas d'industrie de transformation à Manaus, explique une porte-parole de l'édifice. Ici, à la Belle époque, il n'y avait que le caoutchouc. Les colonnes viennent de Glasgow, les masques tragiques de Grèce naturellement, les rideaux, le luminaire central et le cristal de France, le verre de Murano et le marbre de Carrare".

Le Théâtre est en effet lié pour l'éternité à cet âge d'or lorsque à la fin du 19e siècle, les forêts d'hévéas des alentours ont fait la richesse de cette ville industrielle qui se réinvente aujourd'hui avec une zone franche accueillant des multinationales étrangères.

Les riches entrepreneurs du "Paris des tropiques" ont donc souhaité la construction d'un temple culturel de 700 places semblable à ceux de la "Vieille Europe". Avec ses subtilités locales.

"A l'époque, il n'y avait pas la climatisation et il faisait horriblement chaud. Donc, on a créé un système avec des disques métalliques placés sous les sièges et reliés à l'air extérieur. La climatisation n'a été installée qu'en 1970 dans le luminaire central", poursuit le guide.

Quatre fois fermée (en 1920, 1943, 1970 et 1990), quatre fois rouverte, la superbe architecture renaissance a résisté au temps et aux assauts de l'enfer vert qui aime grignoter les façades des bâtiments autour.

Au plafond, la peinture de la Tour Eiffel, entourée de quatre tableaux figurant la musique, la danse, la comédie et le chant. L'endroit résonne encore des cris d'émerveillement d'un public candide et nettement moins guindé qu'ailleurs.

Tout autour de la salle, des masques représentent les grands dramaturges de l'histoire.

Face à la scène, la loge du gouverneur. Sur les côtés, les alcôves "pour les évêques qui venaient avant tout pour être vus plutôt que pour voir".

Tout en haut, le dôme arbore le drapeau brésilien. Dans la version originale, cela devait être le bleu-blanc-rouge de France en référence à son pays d'origine, mais cela n'a jamais été le cas.

Utilisé tout l'année, le bâtiment accueille également l'orchestre philharmonique local et pratique une politique tarifaire avantageuse, les billets n'excédant pas 20 Reals (environ 7 euros).

Pour des spectacles aussi divers que des opéras, des ballets, des concerts, de musique classique ou plus moderne puisque les rockeurs de White Stripes s'y sont produit en 2005.

Dans les étages, une salle de bal, une loge d'époque reconstituée, ou encore une maquette du théâtre faite avec 30.000 pièces de Lego et fournie en 2001 par la marque danoise. Seule distorsion, celle-ci n'est pas du même rose guimauve que le bâtiment.

"C'est normal. En 1970 la façade a temporairement été repeinte en gris... car la dictature d'alors estimait que cela convenait mieux", sourit encore l'employée d'un théâtre tendrement choyé par les habitants du passé et du présent de Manaus.

cd/pal/dhe

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