Si elle a montré jusque-là un visage séduisant lors de ses deux premiers matches du Mondial, la Croatie n'a pas encore répondu à toutes les questions sur son jeu et se retrouvera même éliminée si elle ne bat pas le Mexique.
Après 90 minutes de belle facture contre le Brésil malgré la défaite 3-1, dont l'arbitre porte une grande responsabilité, et sa démonstration 4-0 contre un très faible Cameroun, la bande à Srna est assurément l'une des bonnes surprises.
Malgré tout, sa cote de popularité naissante ne lui aura servi à rien si elle se fait neutraliser lundi à Recife par "El Tri", qui la devance actuellement d'un point.
Malgré deux résultats à l'issue contraire, ses deux rencontres ont en tout cas montré des similitudes.
Face au pays organisateur et contre des Africains remontés en début de match, les Croates maîtrisent la pression et ont l'art d'appuyer là où ça fait mal chez l'adversaire, avec un premier but inscrit à la 11e minute dans les deux parties.
A l'instar du football européen, les Croates sont organisés et rigoureux, sérieux et musclés derrière, talentueux et efficaces devant.
Contre des adversaires qui misent sur un jeu débridé, cela leur a permis de faire bonne figure. Qu'en sera-t-il contre des opposants tactiquement plus rodés comme le Mexique?
"Quand les garçons écoutent et respectent les consignes, ça se passe bien", a d'ailleurs répété deux fois le sélectionneur Niko Kovac mercredi. Peut-être pas innocemment.
Car son équipe aime aussi un peu se regarder jouer. Cela lui avait coûté cher contre le Brésil et, même à 10 contre 11, l'insipide Cameroun aurait aussi pu en profiter si Moukandjo et Webo avaient été plus vicieux.
La Croatie a également une équipe très expérimentée.
Contre le Cameroun, les plus jeunes sur le terrain, Lovren et Perisic, avaient 25 ans. Il y avait aussi quatre joueurs (Pletikosa, Pranjic, Srna et Olic) de plus de 32 ans. C'est-à-dire trois des cinq défenseurs.
Si ces "doyens" se connaissent parfaitement et aiment être face au jeu, ils n'apprécient guère en revanche les répétitions de passes de l'adversaire qui les font courir et le jeu dans leur dos.
"Tactiquement, on n'a pas bien démarré du côté gauche car Pranjic n'a pas été soutenu. C'était un problème collectif, pas individuel", a relevé Kovac.
Devant, l'âge canonique d'Olic (34 ans) oblige déjà le sélectionneur à l'économiser. Après deux excellents matches ponctués par le "csc" du Brésil et son deuxième but en Mondial, douze ans après le premier, il a donc été sorti à l'heure de jeu.
Au milieu, personne ne présente plus le Merengue Modric et le futur Blaugrana Rakitic, mais la révélation de Perisic doit surprendre du côté de Sochaux, où il a évolué discrètement entre 2007 et 2009.
Le milieu offensif de Dortmund a encore été intenable sur son flanc droit et, avec une passe décisive et un but, il est impliqué sur les deux premières réalisations.
Personne ne sait en revanche si les remplaçants sont au même niveau. Si l'aventure devait se prolonger, cela pourrait nuire au rendement de l'équipe dans les tours à élimination directe.
La Croatie a surtout la chance de pouvoir compter sur Mario Mandzukic, un incroyable buteur aussi talentueux que ses rivaux directs Higuain, Benzema ou Müller.
Une tête puissante et placée sur corner et un but de renard en reprenant un ballon mal renvoyé ont en effet remis le buteur du Bayern au niveau de la concurrence mondiale après sa suspension contre le Brésil.
Auteur désormais de 15 buts en 51 sélections, "Super Mario" tourne cette saison à plus d'un but tous les deux matches (30 en 58 rencontres).
"Le charisme de Mario tire vers le haut l'équipe et affecte aussi l'adversaire. Ses deux buts montrent sa qualité et son importance dans notre système", a enfin reconnu Kovac.
"C'est un jour historique pour la Croatie", a apprécié en spécialiste Davor Suker, le désormais président de la Fédération et meilleur buteur du Mondial-98.
cd/jta