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Mondial-2014 - Espagne: l'ère du "toque" touche-t-elle à sa fin ?

Mondial-2014 - Espagne: l'ère du "toque" touche-t-elle à sa fin ?

Et si le "toque" était dépassé? Comme le Barça, l'Espagne a ébloui la planète football pendant six ans avec son jeu au sol, basé sur la possession et le redoublement des passes, mais comme le Barça, l'Espagne a fini par perdre pied.

L'élimination précoce des champions en titre mercredi au Mondial-2014 n'est peut-être qu'un accident de parcours pour ce style si esthétique, aussi appelé "tiki-taka".

Mais c'est peut-être aussi le symptôme d'un mal plus profond: 2014 aura été l'année où la Roja a perdu sa couronne mondiale, où le FC Barcelone n'a remporté aucun trophée majeur et où le Bayern Munich de l'ex-entraîneur barcelonais Pep Guardiola a échoué en demi-finale de Ligue des champions.

Il faut dire que depuis six saisons, la concurrence a largement eu le temps de disséquer le jeu espagnol et le style barcelonais, qui ont pris le pouvoir en parallèle en 2008.

A l'époque, le sélectionneur Luis Aragones avait eu le courage d'abandonner la tradition de débauche physique de la "Furia Roja", d'écarter certains grands noms encombrants, comme le capitaine Raul, et de reconstruire autour des petits gabarits très techniques dont il disposait: Xavi Hernandez, Andres Iniesta, Cesc Fabregas, David Silva...

"Toi et moi savons que le ballon court plus vite que les adversaires. Et que nous le manions bien mieux qu'eux", expliqua un jour Aragones au meneur barcelonais Xavi.

Avec cette génération dorée, l'Espagne déploya un jeu flamboyant et remporta l'Euro-2008, soit son premier titre majeur depuis 44 ans.

A peu près au même moment, Pep Guardiola prenait les rênes du FC Barcelone pour le conduire à un fabuleux triplé Ligue des champions-Championnat-Coupe du Roi au printemps 2009, avec à la clé un premier Ballon d'Or pour le jeune Argentin Lionel Messi.

Le sacre mondial de l'Espagne en 2010 et son deuxième Euro consécutif en 2012 ont confirmé la domination du "toque" au niveau mondial, avec néanmoins moins de flamboyance et plus de maîtrise: la Roja, patiente, réaliste et solide en défense, aura gagné sur le même score de 1-0 tous ses matches à élimination directe du Mondial-2010.

"Notre style est très clair, c'est dominer le match, être acteur et avoir le ballon", analysait Xavi la semaine dernière. "Les joueurs que nous avons s'adaptent totalement à cette philosophie et c'est ainsi que nous devons rivaliser, en sachant que nous allons gagner ou mourir avec ce style."

Faute de variantes, cette stratégie peut néanmoins s'avérer trop prévisible. Le défenseur catalan Gerard Piqué a d'ailleurs jugé l'an dernier que le Barça avait parfois été "esclave du tiki-taka".

Et plusieurs équipes l'ont prouvé ces dernières semaines en contrecarrant le "toque": le Barça est tombé devant l'Atletico Madrid, le Bayern Munich de Guardiola a trébuché devant le Real Madrid en C1 et l'Espagne, dont certains cadres étaient vieillissants, a chuté au Mondial contre les Pays-Bas (5-1) et le Chili (2-0).

Pour autant, il est sans doute trop tôt pour enterrer définitivement ce style de jeu.

La sélection espagnole des moins de 21 ans, sacrée à l'Euro-2011 et à l'Euro-2013 de la catégorie, a montré que la Roja disposait d'un vivier de petits milieux très techniques tels que Thiago Alcantara (Bayern), Koke (Atletico) ou Isco (Real), dont les caractéristiques collent parfaitement au style pratiqué ces dernières années.

De même, au Barça, l'échec de l'entraîneur argentin Gerardo Martino et la nomination de Luis Enrique n'impliquent pas un renoncement à l'identité de jeu catalane. "Tout continue, notre philosophie de contrôler le ballon et le jeu reste la même", a expliqué mi-mai le président du Barça Josep Maria Bartomeu.

En somme, le déclin du "toque" pourrait n'être qu'une question d'interprètes, et pas de partition.

jed/fbx

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