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La Patagonie argentine, eldorado pétrolier et Jurassic Park

La Patagonie argentine, eldorado pétrolier et Jurassic Park

La Patagonie argentine regorge de ressources naturelles : ses gisements de pétrole et gaz sont parmi les plus prometteurs du monde et les paléontologues en extirpent les ossements des plus grands dinosaures de la Terre.

Et pour l'instant, chercheurs de dinosaures et de pétrole cohabitent sans heurts et sans se marcher sur les pieds dans les grands espaces du sud de l'Argentine.

Cette région désertique, qui s'étend de la Cordillère des Andes à l'océan Atlantique, abrite le gisement de Vaca Muerta, classé en 2013 par l'administration américaine comme les 2e réserves mondiales de gaz de schiste et les 4e pour le pétrole de schiste.

D'après un rapport d'Accenture diffusé mercredi, Vaca Muerta offre le plus grand potentiel de production d'hydrocarbures non conventionnels en dehors de l'Amérique du Nord.

Depuis peu, les plus grandes compagnies pétrolières du monde sont sur les rangs ou ont commencé à pomper l'or noir dans la province de Neuquen, frontalière du Chili.

Non loin de l'eldorado pétrolier, des paléontologues ont fait en mai une découverte exceptionnelle : les ossements fossilisés de sept gigantesques dinosaures herbivores qui peuplaient la région il y a 90 millions d'années.

Sur un squelette pratiquement complet, les scientifiques ont prélevé un fémur de 2,40 mètres de long, ce qui correspond à un animal pesant de 80 à 100 tonnes et mesurant de 18 à 20 mètres de haut.

La formation géologique de Vaca Muerta s'étend sur 30.000 km2, avec une épaisseur de roche de 60 à 520 mètres, percée par fracturation hydraulique, une technique polémique en Europe, mais qui laisse les Argentins indifférents.

Les réserves de gaz et de pétrole de ce gisement providentiel pour un pays en déficit énergétique pourraient répondre aux besoins de l'Argentine pendant 400 ans, selon les autorités.

La compagnie pétrolière YPF, qui exploite un tiers de Vaca Muerta, prévoit une production en 2014 de 38.000 barils/jour (bj) et compte atteindre 70.000 bj en 2016 dans les 12.000 km2 qu'elle exploite. Des valeurs encore symboliques au regard d'une production totale actuelle d'environ un demi-million de barils/jour.

Selon le rapport 2013 de l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA), le potentiel de Vaca Muerta est estimé à 27 milliards de barils.

"L'Argentine a gagné à la loterie", a plaisanté le secrétaire adjoint à l'Energie des Etats-Unis, Daniel Poneman, en visitant Vaca Muerta avec le patron de la compagnie publique YPF, Miguel Gallucio.

En Patagonie, "il y a des conditions extraordinaires, c'est une zone avec peu d'humidité ambiante et donc, peu de végétation, un sol nu où la géologie est à la vue", fait remarquer le paléontologue Sebastian Apesteguia.

Les mouvements tectoniques qui ont donné naissance à la Cordillère des Andes ont aussi fracturé la roche et l'érosion a laissé apparaître des fossiles uniques.

"Durant des millions d'années", poursuit Sebastian Apesteguia, "l'Amérique du Sud a été isolée du reste du monde, le développement des espèces ici a été unique, c'est pour cela que les fossiles qui apparaissent sont extraordinaires".

"Toute la Patagonie est un gisement de fossiles, d'une valeur considérable pour la science", souligne le paléontologue Leonardo Filippi, directeur du Musée argentin Urquiza, à Rincon de los Sauces, dans la province de Chubut.

Pour lui, sa science est compatible avec l'exploitation pétrolière.

Récemment, la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil a accepté de modifier le tracé d'un oléoduc et financé un programme de recherches de fossiles d'un troupeau de sauropodes titanosaurus, des herbivores d'une vingtaine de mètres de long.

La formation géologique de Vaca Muerta était habitée il y a des millions d'années par une "énorme quantité de reptiles marins, des invertébrés et des crocodiles, des espèces rares qui ont peut-être eu des carapaces ou le corps couvert d'épines", note M. Apesteguia.

C'est sous sa direction, qu'un équipe de scientifiques a annoncé en mai la fameuse découverte.

Les ossements d'un dinosaure diplodocus, un herbivore géant avec un long cou et une queue de plusieurs mètres, sont si nombreux qu'elle va permettre une "reconstruction totale", s'est réjoui José Luis Carballido, un des scientifiques du Musée Egidio Feruglio de Trelew.

La science espère comprendre grâce aux troncs et feuilles fossilisées quelle était la nature de la végétation à l'époque, car ces géants avaient besoin de forêts pour se nourrir dans cette région aujourd'hui désertique, un des nombreux mystères de Patagonie à élucider.

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