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Deux ans de prison pour le "patron" du trafic d'ivoire au Togo

Deux ans de prison pour le "patron" du trafic d'ivoire au Togo

Un tribunal de Lomé a condamné mercredi un commerçant togolais surnommé "le patron", pour son rôle central dans le trafic d'ivoire, à deux ans de prison dont neuf avec sursis après avoir été arrêté en possession de 700 kilos de défenses d'éléphant.

Emile N'Bouke, 58 ans, a écopé de la sentence maximale prévue par la loi togolaise pour trafic d'ivoire, un commerce rendu illégal dans le monde entier en 1989.

M. N'Bouke, qui avait été arrêté en août dernier, a aussi été condamné à payer une amende de 5 millions de francs CFA (7.600 euros).

Djifa Doumbouya et Moussa Chérif, tous deux guinéens, eux aussi arrêtés en août 2013 en possession de 3 et 6 kg d'ivoire respectivement, ont chacun écopé de deux ans de prison ferme et de la même amende.

Un mandat d'arrêt international a été lancé contre M. Chérif, actuellement en fuite.

Abdoul Cader, un troisième Guinéen, qui avait été interpelé avec M. Doumbouya et figurait aussi parmi les accusés, a été relaxé, la cour considérant qu'il était seulement "complice", ne possédant pas de stock d'ivoire.

"Les peines sont lourdes, par rapport aux éléments du dossier", a considéré Me Claude Amégan, l'un des avocats des trafiquants.

"Le juge aurait mieux fait de les relaxer (...) car ils n'ont pas pu montrer que le stock saisi a été acquis après l'entrée en vigueur de la loi interdisant le commerce d'ivoire", a-t-il déclaré à l'AFP.

Pour Me Blaise Kanmanpene, avocat de l'Etat togolais, au contraire, le Togo "doit revoir les textes pour des sanctions plus sévères" envers les trafiquants d'ivoire.

Considéré comme l'une des plaques tournantes du lucratif trafic d'ivoire, le Togo a intensifié la répression depuis deux ans.

Environ 4,5 tonnes d'ivoire ont été saisies entre août 2013 et janvier 2014 et 18 personnes ont été arrêtées, selon le ministère de la sécurité.

Le 8 juin, la police a encore saisi environ 125 kg d'ivoire dans un véhicule à Lomé.

L'Etat togolais pratique aussi depuis quelques semaines des tests ADN sur les défenses saisies, afin de déterminer la provenance des éléphants pour lutter plus efficacement contre ce trafic.

Mais la sentence maximale de deux ans pour les trafiquants paraît relativement clémente par rapport aux peines appliquées dans d'autres pays.

Au Kenya, notamment, une nouvelle loi entrée en vigueur en décembre 2013 prévoit la prison à vie pour l'infraction la plus grave : l'atteinte à un animal d'une espèce menacée.

La CITES, une organisation internationale s'occupant de la protection des espèces en danger, a publié ce mois-ci un rapport selon lequel, en dépit d'une légère réduction du nombre d'éléphants tués chaque année par des braconniers pour récupérer l'ivoire des défenses, la survie en Afrique du plus gros mammifère terrestre est toujours menacée.

En 2013, plus de 20.000 éléphants ont été braconnés selon la CITES. Il n'en reste que moins de 500.000 sur le continent, contre 1,2 million en 1980 et 20 millions au début du XXe siècle.

Plusieurs facteurs expliquent les activités de braconnage qui déciment l'espèce: la pauvreté, l'absence de surveillance efficace, la corruption et la forte demande d'ivoire de la part des pays consommateurs, au premier rang desquels figure la Chine.

Sur le marché noir en Asie, un kilo d'ivoire se vend environ 1.500 dollars.

ek/cdc/de

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