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Dans leurs bases avancées du sud afghan, les GIs sur le départ font leur paquetage

Dans leurs bases avancées du sud afghan, les GIs sur le départ font leur paquetage

Sur leur base avancée du sud de l'Afghanistan, les soldats américains rangent leurs tentes et font leur paquetage après plus de 12 ans de conflit qui n'ont pas levé les incertitudes sur l'avenir du pays.

Alors que les Afghans attendent le résultat de l'élection présidentielle après le second tour de samedi dernier, les forces de l'Otan menées par les Etats-Unis quittent progressivement le pays avant la date butoir du 31 décembre prochain.

A Pasab, dans l'instable province de Kandahar, les GIs doivent faire le tri, du réfrigérateur aux caisses de munitions, et décider ce qui doit être conservé, donné aux Afghans ou détruit.

"Nous essayons de recycler, mais certaines choses sont tout simplement hors d'usage", explique le commandant Rob Wolfenden, 37 ans.

Tout près des bulldozers en action, ses hommes passent au crible les monceaux d'équipements, comme à la recherche d'un trésor. Un véritable inventaire à la Prévert: boîtes pour tuyaux d'arrosage, radios militaires, cartouches de toner, filets de camouflage, générateurs, brancards, manuels militaires...

Un conteneur doit aussi emmener les effets personnels des soldats dont nombre d'imprimantes, chaînes hi-fi et ventilateurs.

Lors du retrait américain du Vietnam en 1973, la précipitation avait été telle que l'armée a dû jeter des hélicoptères à la mer.

Pas cette fois, dit le lieutenant Joe Mannor, qui assure que même les piles AA seront emportées.

Pendant ce temps, l'armée afghane prend possession des lieux, avec une base en cours d'installation qui contient déjà 1.300 soldats.

Au plus fort du conflit, plus de 150.000 soldats de la coalition étaient présents sur le sol afghan, répartis dans des centaines de bases.

Certains pays, comme la France ou le Canada, ont déjà retiré leurs troupes de combat. Il reste aujourd'hui environ 50.000 soldats au sein de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf), dont plus de 32.000 Américains. La plupart quitteront le pays d'ici à la fin de l'année.

Peu d'entre eux ont encore l'occasion d'aller au contact des insurgés. "Ils ont l'habitude des combats et c'est beaucoup plus calme", explique le capitaine Luke Rella, dont l'unité est l'une des dernières à conduire des patrouilles communes avec les forces afghanes, près de Kandahar.

"Certaines personnes pensent qu'on perd notre temps ici, mais on a servi à quelque chose. Cet endroit est sûr maintenant", dit-il à l'AFP au cours d'une patrouille.

Selon des sources locales concordantes, la sécurité s'est améliorée et les talibans ont reculé ces dernières années dans cette province qui vit naître leur mouvement en 1994.

Mais ils y tentent toujours des attaques de temps à autre, et les doutes subsistent sur la capacité des forces afghanes seules à les neutraliser sur le long terme.

Si le prochain président afghan signe l'accord bilatéral de sécurité (BSA) proposé par les Etats-Unis, Washington laissera dans le pays un contingent de 9.800 Américains et quelques milliers de soldats alliés resteront en 2015. Et dans deux ans, les Américains partiront.

Le retrait de l'Otan baptisé "Opération Drumbeat" (battement de tambour), commence lui à prendre de l'ampleur. Quelque 40.000 véhicules ont été rapatriés ces deux dernières années, la plupart par la route via le Pakistan voisin, où ils sont chargés sur des navires.

Les armes, munitions et autres matériels sensibles sont envoyés par avion, alourdissant un coût total qui devrait avoisiner les six milliards de dollars pour Washington.

Plus de 400 bases ont été remises aux Afghans, mais le gouvernement n'a pas les moyens de maintenir le même dispositif.

Le nombre des bases et leur taille ont été réduits pour les rendre plus faciles à défendre et des appareils jugés trop coûteux à entretenir (équipements de traitement de l'eau, générateurs) retirés.

Mais les Afghans gardent le bois pour les checkpoints et sont heureux de récupérer d'innombrables écrans de télévisions plats, des réfrigérateurs, des chaises de bureau ergonomiques.

Parmi les équipements mis au rebut figurent les énormes véhicules blindés antimine (MRAP), l'un des symboles de la présence américaine sur le terrain. Trop coûteux à emporter, l'engin ne trouve pas de preneurs parmi les alliés. Seul une partie d'entre eux sera donc renvoyée aux Etats-Unis, les autres seront détruits.

Les responsables militaires américains estiment que les MRAP n'entrent plus dans la stratégie à venir du Pentagone, car Washington entend éviter de se lancer dans de nouvelles opérations lourdes de contre-insurrection dans les prochaines années.

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