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Au Pakistan, exode civil massif face à l'offensive contre les talibans et Al-Qaïda

Au Pakistan, exode civil massif face à l'offensive contre les talibans et Al-Qaïda

Près de 30.000 civils ont fui de mercredi l'escalade annoncée de l'offensive militaire pakistanaise contre les rebelles islamistes talibans et d'Al-Qaïda dans une zone tribale du nord-ouest, à la frontière de l'Afghanistan.

L'exode, qui devrait s'intensifier ces prochains jours, a été rendu possible par l'assouplissement du couvre-feu imposé depuis près d'une semaine au Waziristan du Nord, où Islamabad a lancé dimanche cette vaste opération attendue de longue date par ses alliés occidentaux.

Le Pakistan a annoncé vouloir "détruire" une fois pour toutes les repaires des islamistes, accusés de multiples attentats, dans ce qui était devenu depuis 2001 leur principal sanctuaire dans le pays.

Les autorités ont annoncé mercredi la levée du couvre-feu à tour de rôle dans plusieurs localités du Waziristan du Nord "pour permettre aux civils locaux de gagner des endroits plus sûrs", a expliqué à l'AFP un responsable local des services de sécurité.

Les Waziris ont ainsi été autorisés à prendre la route, fermée au civils depuis six jours, entre mercredi et vendredi, en fonction des localités où ils se trouvent. Signe de cette détente temporaire, les marchés et échoppes du Waziristan du Nord, fermés depuis plusieurs jours, ont rouverts, a-t-on constaté sur place.

Avant même le début de l'offensive, précédée de bombardements aériens, les autorités avaient déjà recensé 62.000 déplacés, un chiffre qui était bien inférieur à la réalité selon des sources locales.

L'exode s'est accéléré mercredi avec la levée du couvre-feu. "Près de 30.000 personnes sont arrivées depuis ce matin à Bannu", principale ville située aux portes du Waziristan du Nord, a déclaré en fin d'après-midi Arshad Khan, directeur de l'Autorité de gestion des sinistres dans les zones tribales.

Un chiffre qui porte à 92.000 le nombre de déplacés recensés - ce qui n'est pas le cas de tous - qui ont fui la zone tribale, soit près de 20% de sa population totale (500.000 environ) avant l'offensive.

La plupart arrivent à Bannu, habituée à ces soudains afflux de civils fuyant les violences des zones tribales, en partie colonisées depuis dix ans par les talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda.

Dès la levée du couvre-feu, plusieurs milliers de voitures et camions ont commencé à quitter Bannu pour aller chercher des civils, créant un embouteillage géant sur la route, où les autorités ont installé des points de contrôle pour recenser les déplacés.

Selon les responsables locaux, après ces trois jours destinés à permettre aux civils qui le veulent de fuir, l'armée va réinstaurer le couvre-feu et déployer des troupes au sol pour "nettoyer" la zone.

Les deux principales villes du Waziristan du Nord, Miranshah et Mir Ali, "ont déjà été bouclées, et des fantassins y arriveront une fois les civils partis", a précisé le responsable local des services de sécurité. "Les troupes au sol iront d'abord dans les grandes villes, puis les faubourgs, puis les villages et zones de montagnes".

Il a dit s'attendre à de la résistance des rebelles "dans les faubourgs des villes et les montagnes", affirmant que l'opération continuerait "jusqu'à l'élimination du dernier terroriste".

"La stratégie est de nettoyer tout le Waziristan du Nord. Cela prendra du temps et je ne peux pas vous dire combien, mais nous irons jusqu'au bout et serons sans pitié", a-t-il ajouté.

L'armée pakistanaise a depuis le début de son offensive rencontré très peu de résistance sur le terrain.

Avant même son lancement, des sources locales avaient indiqué à l'AFP que la plupart des combattants islamistes avaient fui en passant pour nombre d'entre eux la frontière afghane toute proche.

La porosité de la frontière, tout comme l'existence de nombreux repaires islamistes plus discrets dans d'autres régions, incitent les analystes locaux à la prudence sur les effets de cette opération.

S'ils la voient d'un bon oeil, ils estiment qu'il en faudra bien plus pour résoudre le problème de l'extrémisme qui ensanglante le pays depuis des années.

L'armée affirme avoir tué depuis le début de l'opération dimanche près de 200 personnes, tous des combattants rebelles, un bilan qui n'était pas confirmé de source indépendante.

Les Etats-Unis ont participé à l'escalade en bombardant le Waziristan du Nord de deux salves de tirs de drones tôt mercredi, tuant au moins cinq rebelles selon les autorités locales.

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