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Afghanistan: Abdullah s'insurge contre la fraude qui menace l'élection

Afghanistan: Abdullah s'insurge contre la fraude qui menace l'élection

Le favori de la présidentielle afghane Abdullah Abdullah a demandé mercredi la suspension "immédiate" du dépouillement des votes du second tour en dénonçant des fraudes au profit de son rival Ashraf Ghani, menaçant une élection jusqu'ici vue comme un succès.

Les critiques de M. Abdullah, qui assombrissent un scrutin censé marquer la première transition démocratique de l'histoire du pays, visent le camp de M. Ghani, mais aussi le président sortant Hamid Karzaï et la Commission électorale indépendante (IEC).

"Nous demandons l'arrêt immédiat du comptage des voix", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Kaboul, avant d'annoncer qu'il suspendait sa coopération avec l'IEC et avait "demandé à (ses) observateurs de quitter ses bureaux".

Si M. Abdullah ne se retire pas de l'élection, comme en 2009 au deuxième tour de la présidentielle pour dénoncer la fraude, laissant de facto la victoire à M. Karzaï, le retrait de ses observateurs sonne comme un premier avertissement.

Mais la menace n'a pas impressionné l'IEC. "Le dépouillement et le décompte (des voix) continuent en présence d'observateurs nationaux et internationaux", a réagi son porte-parole Noor Mohammad Noor.

Le camp Ghani, plutôt discret jusqu'à présent sur la question de la fraude, a réagi mercredi soir en conférence de presse. "Nous ne pensons pas que les demandes de M. Abdullah sont légitimes (...) Nous rejetons les accusations contre notre équipe, et les considérons comme un manque de respect envers les citoyens qui en dépit des menaces et autres difficultés sont allés voter", a dit Faizullah Zaki, un des porte-parole de l'équipe de M. Ghani.

M. Abdullah, arrivé en tête au premier tour du 5 avril avec 45% des voix, a insisté mercredi sur la nécessité d'un président élu avec de la "légitimité", visant ainsi Ashraf Ghani (31,6% des voix au premier tour), bénéficiaire présumé de toute fraude contre lui.

"Tout ce que nous demandons, c'est la légitimité du processus électoral", a dit M. Abdullah en soulignant ne pas avoir "confiance en la commission électorale".

Parmi les "violations flagrantes" dénoncées par M. Abdullah figure une controverse autour d'un haut responsable de l'IEC, le chef du secrétariat de la commission Zia-ul-Haq Amarkhail. Le camp Abdullah l'accuse d'avoir commis une irrégularité en transportant des bulletins de vote inutilisés lors du deuxième tour de l'élection samedi.

M. Abdullah estime également trop élevé le chiffre de 7 millions de votants, sur quelque 13,5 millions d'inscrits, au second tour, annoncé par l'IEC, ce qui implique selon lui l'existence de votes frauduleux.

Il a en outre directement visé le président sortant Hamid Karzaï en affirmant que son camp avait, à de multiples reprises, demandé à la présidence afghane d'agir contre la fraude et que "rien n'a été fait".

La Constitution interdit à M. Karzaï, seul homme à avoir dirigé le pays depuis la chute des talibans à la fin 2001 et qui termine son second mandat, de se présenter une troisième fois.

"Tout le monde sait que, malheureusement, le président de l'Afghanistan n'est pas impartial", a affirmé M. Abdullah, en estimant que des urnes avaient été bourrées la veille du second tour.

M. Abdullah, ancien porte-parole du commandant moudjahidine Ahmad Shah Massoud, avait répété à de nombreuses reprises pendant sa campagne que seule la fraude l'empêcherait de gagner ce scrutin.

Mercredi, il a suggéré, pour éviter la fraude, "de former une commission mixte entre les deux candidats sous la supervision de l'ONU".

Ses dénonciations ne rassurent pas les observateurs internationaux, tels que l'ONU, qui craignent qu'elles ne menacent la transition démocratique. Du règlement de la question de la fraude dépendra l'acceptation ou non par les partisans des deux candidats du verdict des urnes.

La mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) a "regretté" mercredi la décision "surprise" de M. Abdullah de suspendre sa coopération avec l'IEC.

Des résultats préliminaires sont attendus le 2 juillet et l'IEC prévoit de proclamer le nom du nouveau président le 22 juillet.

Le deuxième tour a été salué comme un succès par la communauté internationale, malgré des violences perpétrées par les rebelles talibans qui ont fait plus de 50 morts.

us-emp/gg

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