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Des jihadistes s'emparent de la deuxième ville d'Irak et de sa province

Des jihadistes s'emparent de la deuxième ville d'Irak et de sa province

Des centaines de jihadistes se sont emparés mardi coup sur coup de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, de sa province, et de parties de deux autres provinces proches, une progression fulgurante devant laquelle les autorités semblent impuissantes.

Face à cette avancée des rebelles sunnites, dont ceux de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki a décidé d'armer les citoyens prêts à combattre les insurgés.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit "très inquiet" de la "détérioration" de la situation, tandis que Washington qualifiait l'EIIL de "menace pour la stabilité (...) de toute la région".

"Toute la province de Ninive est tombée aux mains des insurgés", a annoncé le chef du Parlement Oussama al-Noujaïfi lors d'une conférence de presse, appelant "à l'unité nationale (face) à une invasion de l'Irak par des forces étrangères".

Avant l'aube, des centaines d'hommes armés ont lancé l'assaut contre Mossoul et réussi, après des combats avec l'armée et la police, à prendre le siège du gouvernorat, les prisons et les télévisions, selon des responsables.

Après que les insurgés eurent annoncé "via des haut-parleurs être venus libérer" la ville et qu'ils combattraient "seulement ceux qui les attaqueront", "des membres de l'armée et de la police ont ôté leurs uniformes", a indiqué un responsable qui a requis l'anonymat.

Il a ajouté que "les postes de l'armée et de la police étaient désormais vides" et que les hommes armés avaient "libéré les détenus".

"Toutes les unités militaires ont quitté Mossoul et les habitants ont commencé à fuir" par milliers vers la région autonome du Kurdistan, a confirmé un officier de haut rang.

L'EIIL a revendiqué sur Twitter les attaques à Ninive, province pétrolière sunnite, et affirmé avoir saisi des armes par milliers.

L'EIIL contrôlait déjà Fallouja et plusieurs autres secteurs de la province occidentale d'Al-Anbar, à majorité sunnite et voisine de Ninive, alors que le pays, qui ne connaît pas de répit depuis l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003, est emporté depuis un an et demi dans une spirale de violences.

Plus tard mardi, les jihadistes ont progressé dans une autre province du nord du pays, celle multi-communautaire de Kirkouk où ils se sont emparés de plusieurs secteurs, dont Hawija.

Le chef du conseil du district de Hawija, Hussein al-Joubouri, a indiqué que des soldats auraient apparemment reçu l'ordre de partir, permettant aux insurgés de prendre possession des lieux.

Les insurgés ont ensuite pris le contrôle de deux secteurs dans la province voisine de Salaheddine, après le retrait des forces de sécurité, selon un général de l'armée et un responsable local.

Dans la province de Ninive, des centaines de familles ont pris le chemin de l'exode, à pied ou en voiture.

Un journaliste de l'AFP fuyant lui-même avec sa famille a fait état de commerces fermés, d'un commissariat incendié, de véhicules des forces de sécurité brûlés ou abandonnés.

Au Kurdistan, un autre journaliste de l'AFP a rapporté l'afflux de milliers d'habitants fuyant Mossoul.

Plusieurs dizaines de voitures et camions attendaient devant le point de contrôle à l'entrée de cette région, ainsi que des familles, à pieds, chargées de sacs avec de jeunes enfants et des poussettes.

Les avancées des insurgés témoignent d'une situation chaotique sur le plan sécuritaire, alimentée par les tensions confessionnelles sunnites/chiites, le conflit en Syrie voisine, ainsi que les querelles politiques, alors que les partis mènent depuis plusieurs semaines des discussions pour former un nouveau gouvernement.

Le cabinet de M. Maliki, honni par les rebelles, a annoncé "une cellule de crise pour superviser le volontariat et l'armement" des citoyens prêts à combattre l'insurrection, et sa décision de "réorganiser" les forces de sécurité.

Le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a fait état de sa "profonde inquiétude", appelant à "des efforts concertés de la part de toutes forces politiques irakiennes pour faire face au terrorisme".

Pour le professeur de sciences politiques Aziz Jabr, "la chute de Ninive constitue une menace dangereuse". "Les commandants militaires ont fui" les zones de combats, un geste signifiant selon lui que les forces armées ont été "infiltrées" par les rebelles.

Ninive et Al-Anbar sont situées à la frontière poreuse avec la Syrie, le long de laquelle gravite l'EIIL qui ambitionne d'installer un Etat islamique.

L'EIIL, aidé par des tribus hostiles au gouvernement, jouit d'un certain soutien au sein de la minorité sunnite qui s'estime marginalisée par le pouvoir dominé par les chiites.

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