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Colombie: processus de paix avec l'ELN, nouveau pas vers la fin du conflit

Colombie: processus de paix avec l'ELN, nouveau pas vers la fin du conflit

Le gouvernement de Colombie a officiellement ouvert un processus de paix avec l'ELN, la seconde guérilla du pays, dans le sillage des négociations en cours avec celle des Farc, un nouveau pas vers la fin d'un conflit d'un demi-siècle.

Dans un communiqué commun, diffusé par la présidence, les autorités de Bogota et l'Armée de libération nationale (ELN) ont révélé l'existence depuis le début de l'année d'une "phase exploratoire de discussions" après "une série de contacts et de réunions en 2013", afin de "fixer l'agenda et la forme de ce processus, poursuit le communiqué.

Cette annonce intervient cinq jours avant le second tour de l'élection présidentielle à laquelle se représente le chef de l'Etat, Juan Manuel Santos, dont le gouvernement a ouvert depuis 19 mois des pourparlers de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la principale guérilla du pays.

"Cet effort de paix répond à une vision de paix intégrale", a déclaré M. Santos, lors d'une brève allocution télévisée, en réaffirmant son opposition à un cessez-le-feu bilatéral. L'armée ne cèdera pas "un millimètre de territoire", a-t-il assuré.

Fondées dans les années 1960, l'ELN et les Farc sont les dernières guérillas d'extrême gauche en activité en Colombie, où elles comptent encore respectivement 2.500 et 8.000 combattants, selon les autorités.

Le conflit interne colombien, le plus vieux d'Amérique latine, a fait plus de 220.000 morts et 5 millions de déplacés en cinquante ans, selon des estimations officielles.

Ni le lieu ni la date des futures négociations avec l'ELN n'ont été pour l'instant dévoilés, alors que le président de l'Equateur voisin, Rafael Correa, figure de la gauche dans la région, s'est dit prêt à "faciliter" ces pourparlers.

"Les délégations se sont mis d'accord pour que l'agenda des discussions inclue la question des victimes et la participation de la société", se borne à préciser le communiqué commun.

Comme pour les négociations avec les Farc, hébergées depuis novembre 2012 à La Havane, plusieurs pays seront garants du processus de paix avec l'ELN: Cuba, le Chili, l'Equateur, la Norvège et le Venezuela.

"C'est le message d'une nouvelle opportunité, un fait historique", a réagi le chef de la délégation de l'ONU en Colombie, Fabrizio Hochshild.

La délégation des Farc à Cuba a aussi salué l'ouverture d'un dialogue similaire avec l'ELN, se disant favorable à une unification des deux processus de paix.

"C'est une information très importante pour la paix en Colombie", a affirmé à l'AFP Andrés Paris, un de ses hauts responsables, espérant que ce processus n'obéisse pas à des "raisons électorales", en référence au duel présidentiel entre M. Santos et l'ancien ministre Oscar Zuluaga, farouche opposant au dialogue actuel avec les Farc.

M. Zuluaga a précisement jugé "suspect" cette annonce avant le scrutin, y voyant une "attitude desespérée" du gouvernement pour influer les électeurs.

Il s'agit de la troisième tentative de négociations avec l'ELN, après deux expériences avortées sous les gouvernements de Cesar Gaviria (1990-94) et d'Alvaro Uribe (2002-2010).

Depuis l'ouverture des pourparlers avec les Farc, qui en sont, elles, à leur quatrième tentative, le président Santos et le commandement de l'ELN s'étaient à plusieurs reprises déclarés disposés à initier un processus de paix.

"C'est très important car cela complète le panorama de la paix. On ne peut pas penser à un conflit armé interne qui s'achèverait avec les Farc mais continuerait avec l'ELN", a estimé Jorge Alberto Restrepo, analyste du centre colombien de recherches Cerac, interrogé par l'AFP.

Présente essentiellement dans le nord du pays, l'ELN a centré son combat contre le "pillage des ressources naturelles" par les multinationales.

Elle s'est ainsi illustrée par des actes de sabotage contre des infrastructures pétrolières ou minières, ainsi que par des prises en otages de travailleurs de ce secteur.

Alors que les Farc, nées d'une insurrection paysanne, se déclarent d'obédience marxiste, l'ELN revendique une filiation avec la révolution cubaine.

Inspirée par le mouvement de la Théologie de la libération, répandu en Amérique latine, cette rébellion a compté parmi ses fondateurs des membres issus des secteurs universitaires et des religieux.

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