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Drôle de guerre à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine

Drôle de guerre à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine

"Les militaires ukrainiens disent avoir déclenché une opération contre nous à Marioupol. Nous attendons, mais ne voyons rien venir", lance, un peu narquois, Andreï, un chef militaire séparatiste prorusse dans cette ville portuaire du sud-est de l'Ukraine.

"Les forces antiterroristes procèdent à une opération spéciale à Marioupol. Avec de bons résultats", a affirmé lundi sur sa page Facebook le commandant Semen Sementchenko, qui dirige le "bataillon Donbass", une unité de volontaires envoyée en soutien de l'armée ukrainienne.

Cette opération est bien mystérieuse : non seulement elle ne semblait pas menacer le QG des rebelles prorusses en fin d'après-midi, mais il n'y a aucun signe en ville d'une action de ce genre et personne à Marioupol n'a l'air d'en avoir entendu parler.

"Une opération antiterroriste à Marioupol ? Je ne suis au courant de rien. Je n'ai rien vu de spécial", répond Elena Diomina, qui vend des boissons et des cigarettes dans le centre-ville. Sa collègue hoche la tête et fait preuve de la même perplexité.

La quinzaine d'hommes en armes qui entourent Andreï au QG des séparatistes prorusses restent cependant sur le qui-vive. Dans un quartier excentré de ce port industriel de 450.000 habitants sur la mer d'Azov, ils ont transformé un bâtiment en bunker, protégé par des blocs de béton et des sacs de sable empilés.

Entre les sacs de sable, des espaces ont été aménagés pour permettre aux guetteurs d'observer à la jumelle les piétons et les véhicules qui passent à proximité.

Une voiture considérée comme suspecte suffit à provoquer un branle-bas de combat : les tireurs courent prendre position avec leur fusil à lunette, le doigt sur la gâchette.

"La situation est assez calme ces derniers jours", assure Andreï, 30 ans, qui porte poignard et pistolet à la ceinture et se présente comme le "commandant militaire de Marioupol"

Le 9 mai dernier, des rebelles prorusses avaient attaqué le siège de la police de cette cité. Les affrontements, qui avaient fait une vingtaine de morts, avaient été suivis par quelques jours d'anarchie marqués par des pillages de magasins et des vols de voiture.

"On peut dire que la ville est à nous, dans la mesure où il n'y a pas de troupes ukrainiennes ici", estime Andreï.

Les soldats ukrainiens ne sont pourtant pas loin du QG d'Andreï et de ses frères d'armes partisans de la "République de Donetsk", autoproclamée par les séparatistes : à 5 km à peine, ils ont érigé un barrage sur la route principale, avec quelques blindés, et contrôlent soigneusement les véhicules et les passagers.

Un peu plus loin, à proximité de l'aéroport de Marioupol, fermé au trafic, trois chars de l'armée ukrainienne et une cinquantaine de jeunes recrues de la Garde nationale ont pris position.

Derrière eux, une énorme antenne radar signale la présence d'une base de la défense antiaérienne.

Des informations non confirmées ont fait état d'un incendie et de tirs à l'aéroport de Marioupol la nuit dernière, mais le "commandant" Andreï affirme que ses troupes n'ont participé à aucun combat dans cette zone.

Les aéroports des deux grandes villes des régions séparatistes de l'est de l'Ukraine, Donetsk et Lougansk, ont été attaqués par les prorusses, mais les forces ukrainiennes ont réussi jusqu'à présent à en conserver le contrôle.

nm/gmo/bds

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