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A Donetsk, des prorusses patrouillent la nuit pour maintenir l'ordre

A Donetsk, des prorusses patrouillent la nuit pour maintenir l'ordre

"A ceux qui sont en ligne: qui entend quelque chose en ville ? A vous!", lance Ivan via un talkie-walkie. Il est plus de minuit. Avec ses amis il sillonne les rues de Donetsk en voiture pour prévenir tout débordement et rétablir l'ordre.

Pour les hommes et les femmes de cette patrouille, créée en avril, la ville n'est plus sûre depuis l'insurrection des séparatistes prorusses et le lancement d'une "opération antiterroriste" dans l'est de l'Ukraine par le gouvernement de Kiev.

"La police n'a pas les moyens d'être partout et de tout faire", assure Sergueï, le fondateur de cette brigade, qui soutient ouvertement les nouvelles autorités de la "République populaire de Donetsk" autoproclamée.

Le climat est tendu dans la jeune "République". A Donetsk même, plusieurs magasins ont été pillés, d'autres ont fermé par prudence. Des hommes en armes sont visibles en plein centre-ville.

"Notre objectif principal n'est pas d'être en première ligne, on ne va pas se battre contre des tanks avec des ouvre-boîtes. (...) On est juste là pour donner des informations rapidement et pour les vérifier", explique Sergueï, trentenaire au crâne rasé, code barre tatoué sur le cou, qui patrouille tous les soirs, armé d'un pistolet et équipé d'un gilet pare-balles.

Repérer les fauteurs de troubles, que soit un ivrogne, un voleur ou de potentiels combattants pro-ukrainiens, est la mission de ces patrouilles, qui disent prendre modèle sur les "droujiniki", auxiliaires volontaires de la police à l'époque soviétique.

Les membres du groupe soulignent coopérer avec la police de Donetsk. Lors d'une ronde avec ces militants, des journalistes de l'AFP ont constaté que les policiers reconnaissaient et travaillaient en bonne entente avec les patrouilles.

Dès qu'un suspect est repéré, au détour d'une ronde, les membres de la patrouille l'appréhendent. Parfois de manière musclée, voire une arme à la main, en attendant l'arrivée d'un membre des forces de sécurité de la "République populaire de Donetsk", qui décidera de son sort.

"Contre le mur, contre le mur, on t'a dit la tête contre le mur !", hurle Ivan, son revolver Colt à la main pointé vers un homme manifestement ivre. Des habitants croisés par hasard l'ont accusé d'avoir voulu les agresser. Au bout du compte, l'homme rentrera chez lui tranquillement, personne n'ayant estimé nécessaire de l'arrêter.

Outre les rondes, les patrouilles s'appuient aussi sur un réseau d'habitants qui rapportent les situations jugées suspectes, via une application qui transforme leur smartphone en talkie-walkie.

"Notre groupe est composé de gens qui s'intéressent à ce qui se passe dans notre ville. Ce sont simplement des gens qui se sentent concernés par la sécurité en ville", résume Sergueï.

Selon lui, des dizaines de patrouilles sillonnent Donetsk chaque nuit, se répartissant chaque quartier de la ville.

Les rues sont cependant de plus en plus désertes le soir. "Les gens ont peur de sortir", reconnaît Ivan.

lap/nm/gmo/ia

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