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Mondial-2014 - Suisse: Gelson Fernandes, un but historique pour rien

Mondial-2014 - Suisse: Gelson Fernandes, un but historique pour rien

C'était un but historique: un but suisse, pour l'unique défaite de l'Espagne des trois glorieuses (Euro-2008, Mondial-2010, Euro-2012), à la dernière Coupe du monde. Mais pour son auteur, Gelson Fernandes, un but sans lendemain.

La "Nati" avait déjà donné dans la prouesse inutile et quelque peu insolite au précédent Mondial, en 2006, en devenant la première nation de l'histoire de la compétition à se faire éliminer sans avoir encaissé le moindre but (par l'Ukraine aux tirs au but en 8e de finale).

Quatre ans après l'Afrique du Sud, Fernandes (47 sélections, 2 buts) porte un regard empreint d'amertume sur cet exploit, ce but inscrit sur une très rare occasion suisse dans un match à sens unique, espagnol, qui avait estoqué d'entrée les champions d'Europe.

"On a fait plier l'Espagne en étant collectivement solides et avec un grand gardien ce jour là (Benaglio), se souvient-il. C'est vraiment dommage qu'ensuite se soient passés des incidents contre le Chili, et qu'on n'ait pas pu faire la différence au niveau offensif contre le Honduras".

Ce but contre l'Espagne est unique pour le fait d'armes qu'il a représenté, mais aussi parce qu'il a été le seul du tournoi pour la "Nati", muette face au Chili (0-1) après avoir été réduite à dix dès la demi-heure de jeu et l'exclusion de Behrami ("les incidents"), puis face au Honduras (0-0). Résultat: élimination dès le premier tour.

Le milieu défensif n'a du coup pas du tout capitalisé sur ce but contre l'équipe qu'il avait décrite comme "la meilleure de tous les temps" ; aucun élan, juste un éclair éphémère.

Il venait alors de boucler la saison à la 17e place avec Saint-Etienne, en Ligue 1 française, où il s'était imposé comme titulaire à force de générosité dans l'effort.

Suivront des étapes non concluantes, Chievo Vérone (Italie), Leicester City (Angleterre), Udinese (Italie encore), Sporting Lisbonne, puis FC Sion, le club de ses débuts, en Suisse, pour se ressourcer. Puis direction Fribourg, pour une saison 2013-2014 achevée à la 14e place (sur 18) après la prometteuse 5e de la précédente...

A 27 ans, Fernandes a déjà connu six championnats ! Pas un problème pour ce grand polyglotte: né au Cap-Vert, il parle le portugais, a appris enfant le français, l'allemand et l'italien en Suisse, puis l'anglais et l'espagnol.

C'est plus un problème pour sa carrière, instable. Il fait toujours partie de la sélection, mais comme titulaire du banc, barré par les Inler, Dzemaili et Behrami. Lors des deux matchs de préparation au Mondial-2014, il est entré en jeu contre la Jamaïque (1-0), mais pas face au Pérou (2-0)...

Il avance que d'un Mondial à l'autre, "le groupe est différent", et que l'actuel est né "en 2011, contre l'Angleterre" (2-2). Un match qu'il a suivi, là encore, du banc...

Et "on ne pense absolument pas" au rendez-vous contre les Bleus le 20 juin à Salvador, "le premier match (contre l'Equateur) est déjà une finale", tranche-t-il.

Bref, il assume désormais un rôle d'aîné, quelqu'un "qui motive le groupe", prêt à "secouer" ses coéquipiers s'ils devaient "s'ennuyer" lors d'une Coupe du monde au Brésil.

Un pays qui signifie plus que le "futebol" pour lui. "Ce sont des choses très profondes, s'émeut-il. Ce pays est assez proche de mon pays d'origine, de mes racines. Beaucoup de gens du Cap-Vert ont émigré ici, et j'ai des membres de ma famille qui sont à l'université ou qui travaillent ici".

"J'ai sûrement des ancêtres qui ont été déplacés ici avec l'esclavage, du Cap-Vert vers le Brésil, développe-t-il. Ca me fait un petit pincement, des gens ont été déportés, qui ont peut-être mon sang, c'est particulier".

Dans le rétroviseur de l'histoire, Gelson Fernandes voit plus loin qu'un but contre l'Espagne.

ybl/ol/jcp/sk

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