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Après 2014, l'armée afghane devra faire sans l'Otan pour évacuer ses blessés

Après 2014, l'armée afghane devra faire sans l'Otan pour évacuer ses blessés

"Par ici!", hurle un médecin à des brancardiers transportant un soldat afghan blessé. En quelques secondes, la victime est installée dans un avion de l'Otan médicalisé. Efficaces, rapides, ces évacuations d'urgence ne seront toutefois bientôt plus qu'un souvenir pour l'armée afghane.

L'avion C-130J n'est resté au total quelques minutes sur la piste de Camp Shank, une base américaine de la province du Logar, située au sud de la capitale afghane.

Cette évacuation d'urgence - une opération de routine pour les forces de l'Otan - a peut-être permis de sauver la vie de ce soldat afghan de 19 ans, blessé par un éclat d'obus. Mais après 2014, lorsque la majorité des 51.000 soldats de la coalition auront quitté le pays, les forces afghanes ne pourront plus compter que sur leurs propres ressources pour prendre en charge les victimes de la guerre.

"Ils seront les seuls responsables de leur sécurité et de leurs évacuations médicales", explique le lieutenant-colonel Christopher Belcher, un porte-parole de la Force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf).

Pour anticiper ce changement, les Américains ont diligenté des équipes de conseillers qui tentent d'aider les forces afghanes à mettre en place leurs propres unités d'évacuation médicales.

L'enjeu est de taille: l'Otan a transmis en juin 2013 la responsabilité de la sécurité du pays aux forces afghanes et ces dernières sont en première ligne face aux insurgés talibans.

En 2013, au plus fort de la saison des combats, des centaines de soldats afghans étaient blessés ou tués chaque semaine, selon des responsables américains.

"Nous essayons de les encourager à utiliser leurs propres moyens et nous constatons qu'ils s'améliorent", explique, sous le couvert de l'anonymat, un haut responsable américain, en précisant toutefois que les forces de l'Otan peuvent encore intervenir, dans les cas les plus extrêmes.

"Si quelqu'un a reçu une balle dans la tête ou a perdu ses mains, on ne peut pas le laisser mourir", souligne ce responsable.

Selon l'Isaf, l'armée de l'Air afghane a déjà fait des progrès significatifs dans la prise en charge des blessés, avec plus de 1.540 évacuations médicales en 2013, contre seulement 329 en 2012.

La majorité des opérations d'évacuation sont même désormais menées directement par les forces afghanes, par ambulance ou hélicoptères, les Afghans disposant d'une petite flotte de Mi-17 russes, selon des responsables militaires.

Jusqu'à récemment, dans le sud du pays, 44% des soldats afghans victimes du conflit succombaient à leurs blessures, un niveau équivalent à la guerre civile américaine au XIXe siècle. Mais ce taux de mortalité alarmant a commencé à baisser, et il est aujourd'hui autour de 34%, selon des sources de sécurité.

Si la situation est encourageante, le tableau est loin d'être idyllique: en 2013, un policier afghan est mort faute d'avoir pu être évacué à temps par les forces afghanes, selon un rapport du Congrès américain.

Et l'explication de ce retard dans la prise en charge d'un blessé est révélatrice des problèmes que doit encore résoudre l'armée afghane: le temps que la décision d'envoyer un hélicoptère soit prise, la nuit était déjà tombée et les pilotes afghans n'étaient ni formés ni équipés pour les vols nocturnes.

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