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Face à la Russie, un poste-frontière ukrainien déserté

Face à la Russie, un poste-frontière ukrainien déserté

Face à la Russie, le poste-frontière de Severnyi, à 70 km de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, était abandonné vendredi: les militaires ukrainiens ont quitté les lieux la veille et les insurgés prorusses qui contrôlent la région ne l'occupent pas encore.

"Les combattants de la République de Lougansk (autoproclamée par les séparatistes prorusses) leur ont demandé de partir. Il sont partis hier", affirme un habitant du village de Severnyï qui arrive de Russie en moto.

La porte du petit bâtiment des gardes-frontières est fermée par un gros cadenas et des scellés ont été apposés par un militaire resté consciencieux dans ces circonstances exceptionnelles.

Un peu plus loin, un mirador, abandonné lui aussi. Sur un mur, un panneau énumère les produits qu'il convient de déclarer à la douane et rappelle les règles à respecter en franchissant la frontière. Sa présence paraît pour le moins incongrue alors qu'une voiture arrive de Russie et entre sur le territoire ukrainien sans personne pour contrôler le véhicule ni vérifier l'identité des passagers.

Aucun drapeau ne flotte sur ce poste fantôme: le drapeau ukrainien a été emporté par les gardes-frontières et les séparatistes prorusses n'ont pas encore hissé celui de la "République de Lougansk".

Les deux barrières portant l'inscription "Stop - contrôle" sont levées et chacun passe sans s'arrêter, à pied, en voiture ou en moto.

Selon les autorités de Kiev, des camions chargés d'hommes armés et de matériel militaire venus aider les séparatistes tentent chaque jour de passer illégalement la frontière dans cette région. Régulièrement, les gardes-frontières ukrainiens font le coup de feu contre ces convois.

Dans la zone de Severnyï, et sur des dizaines de kilomètres le long de cette frontière, les autorités de Kiev ne disposent plus d'aucune unité militaire susceptible d'empêcher ces passages illégaux de Russie en Ukraine.

Jeudi, les autorités ukrainiennes avaient reconnu avoir perdu le contrôle de plusieurs postes-frontières, pour la première fois depuis le début du conflit avec les séparatistes prorusses de l'est du pays.

Le "Premier ministre" de la "République de Lougansk", Vassili Nikitine, a affirmé de son côté que ses forces contrôlaient désormais de 150 à 200 km de frontière avec la Russie.

L'objectif des séparatistes est manifestement de s'emparer des derniers postes-frontières encore aux mains des forces ukrainiennes.

Jeudi, des combats acharnés ont opposés les gardes-frontières ukrainiens à des groupes de séparatistes armés qui ont tenté --sans succès-- de prendre d'assaut le poste de Marinivka, dans la région voisine de Donetsk.

Le poste-frontière d'Izvarine, à une cinquantaine de kilomètres de Lougansk, est encore tenu par les militaires ukrainiens. "C'est le seul qui fonctionne normalement dans la région. Tout est calme ici, il n'y a pas eu d'attaque contre nous", a déclaré à l'AFP un officier qui s'est présenté comme le responsable du poste et a refusé de s'identifier.

Une cinquantaine de voitures attendaient vendredi sous une chaleur écrasante de passer en Russie. "Il y a beaucoup plus de monde que d'habitude. Les gens partent, surtout ceux qui ont des enfants. Ils ont peur", commente l'officier anonyme.

A quelque 60 kilomètres d'Izvarine, les insurgés prorusses se sont emparés jeudi du poste-frontière de Tchervonyï Partizan, faisant d'Izvarine une poche de résistance loyaliste isolée dans une zone de plus en plus contrôlée par les séparatistes.

nm/neo/plh

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