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Sur les plages du Débarquement du 6 juin 1944 : les Canadiens désormais bien visibles

Sur les plages du Débarquement du 6 juin 1944 : les Canadiens désormais bien visibles

Jim Parks, 89 ans, des Winnipeg Rifles, se lève de son fauteuil et passe devant les tombes du cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer, reconnaissant les noms de certains camarades tombés le 6 juin 1944 sur les plages de Juno Beach.

"J'étais de la première vague, j'avais 19 ans. Notre bateau a été touché et nous avons dû nager", explique ce vétéran qui vit désormais à Mont Albert, près de Newmarket, en Ontario.

Par chance,il n'a pas été blessé, mais ses tympans ont été durablement abîmés par le fracas des bombes et de la mitraille.

Jim Parks était jeudi avec une centaine de vétérans à une cérémonie du souvenir, en présence de Lauren Harper, l'épouse du Premier ministre canadien.

Site paysager, créé pour regrouper les dépouilles des soldats canadiens qui avaient été enterrés temporairement dans des endroits dispersés, le cimetière compte un peu plus de 2.000 tombes, la plupart des soldats de la 3e division canadienne et des aviateurs tombés le 6 juin, ainsi que des prisonniers éxécutés par les Allemands.

Près de 2.800 autres Canadiens, morts dans les jours qui ont suivi, sont inhumés dans le cimetière de Bretteville-sur-Laize, à 15 km au sud de Caen.

Lors du "Jour le plus long", le 6 juin 1944, sur les 150.000 Alliés qui débarquèrent ou furent parachutés en Normandie, 14.000 étaient Canadiens.

Sous le commandement britannique du général Montgomery, la 3e division d'infanterie canadienne, soutenue par les chars de la 2e division blindée, avaient pris d'assaut les plages de Graye-sur-Mer, Courseulles, Bernières et Saint-Aubin, c'est-à-dire le secteur de Juno Beach, un des cinq lieux du débarquement, entre les secteurs britanniques de Gold et Sword Beach, et, à l'est, des secteurs américains d'Utah et d'Omaha Beach.

Cette importante contribution est longtemps restée non matérialisée jusqu'à ce que soit ouvert, il y a 11 ans, le Centre Juno Beach, élégant musée en forme de feuille d'érable, recouvert de titane, situé entre la plage et le port de plaisance de Courseulles-sur-Mer.

"Beaucoup de Canadiens venaient sur les plages du Débarquement et il n'y avait rien qui rappelait l'action de leurs soldats", rappelle Marie-Eve Vaillancourt, chargée de la communication.

Les vétérans ont alors pris les choses en main. A l'initiative de l'un d'entre eux, Garth Webb, alors âgé de 77 ans (décédé en 2012), et de sa compagne Lise Cooper, une collecte de fonds a été lancée en 1995.

"Ce fut long, il leur a fallu une volonté de fer", raconte Mme Vaillancourt.

Le maire de l'époque, en dépit de quelques opposants locaux, a mis à disposition un terrain de 1,5 hectare.

Conçu par l'architecte canadien Brian Chamberlain, l'édifice a finalement vu le jour. Géré par une association, il a été inauguré le 6 juin 2003. L'engagement canadien de l'époque et le Canada multiculturel d'aujourd'hui sont expliqués de façon très didactique.

C'est devant ce lieu, prolongé sur la plage par le "parc Juno", qu'aura lieu vendredi, en fin d'après-midi, la cérémonie officielle franco-canadienne, en présence du prince Charles, de son épouse Camilla Parker Bowles, duchesse de Cornouailles, et des Premiers ministres canadien et français Stephen Harper et Manuel Valls.

"Je trouve ça extraordinaire, c'est très bien pour perpétuer la mémoire" explique Ernest Adolphe Côté, un vétéran franco-albertain qui était responsable de la logistique lors du débarquement.

Des centaines de jeunes vêtus de blousons rouges se tenaient jeudi entre les tombes du cimetière de Bény-sur-Mer, parmi quelque 4.000 personnes.

"C'est magnifique ici, et il y a beaucoup d'émotion", confiait Lindsay Brown, collégienne à Ottawa.

Près de 45,000 soldats canadiens sont morts pendant la Seconde guerre mondiale, dont 5.500 en Normandie et 359 le 6 juin.

hel/mcl/vog

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