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Au Nord Cameroun, la population "rassurée" par l'engagement de l'armée contre Boko Haram

Au Nord Cameroun, la population "rassurée" par l'engagement de l'armée contre Boko Haram

Se sentant depuis longtemps abandonnés à leur sort, les habitants du Nord Cameroun, frontalier du Nigeria, se disent désormais "rassurés" par l'arrivée d'importants renforts militaires pour lutter contre les islamistes armés nigérians de Boko Haram.

Le président "Paul Biya s'est réveillé. Nous avions l'impression qu'il dormait", affirme, sourire aux lèvres, une enseignante, qui tient à rester anonyme, de Maroua (700 km au nord de Yaoundé), la capitale de la région de l'Extrême-Nord.

"Nous ne sommes plus inquiets comme avant", ajoute-t-elle sous le regard approbateur de quelques collègues, avant de regagner sa salle de classe.

Le Cameroun, régulièrement accusé de passivité dans la lutte contre Boko Haram, a déclaré "la guerre" au groupe islamiste nigérian, qui multiplie depuis des mois les raids sanglants dans le nord du pays.

Comme dans la nuit du 16 au 17 mai, lorsque 10 ouvriers chinois ont été enlevés et un militaire camerounais tué dans une violente attaque dans la zone touristique de Waza, aux confins du Tchad et du Nigeria.

Avions de combat, blindés, soldats: depuis une semaine, l'armée camerounaise déploie d'importants renforts militaires dans la zone.

"Il y aura des moyens supplémentaires ces jours-ci. On va assister à une montée en puissance dans la lutte contre Boko Haram. C'est la guerre totale", lance un responsable de l'armée sous couvert de l'anonymat.

Au total, près de 3.000 militaires et gendarmes doivent être déployés pour empêcher le nord Cameroun de devenir une base arrière de Boko Haram.

"Le déploiement de l'armée ne peut que nous réjouir", confirme Jean Felix Nyioto, proviseur du lycée de Fotokol, situé à environ 300 mètres de la ville nigériane de Gamboru, où les islamistes ont massacré 300 personnes début mai, selon des sources locales.

Au lycée bilingue de Maroua, l'arrivée de l'armée rassure également, en cette période d'épreuves du baccalauréat.

"Il y avait une réelle inquiétude (...) Nous redoutions qu'ils (les islamistes) arrivent en ville", explique un enseignent de l'établissement, Grégoire Zingui.

"Nous sommes sereins pour nous et pour les examens. La mobilisation des militaires est tout azimut", affirme-t-il, en remplissant des registres d'inscription sur une table d'écolier dans la cour du lycée.

"Tout ce qui se passe maintenant nous rassure et nous permet de dormir dans la tranquillité", renchérit Samuel Bopda, un habitant de Maroua: "il y a des contrôles mixtes (police, gendarmerie), des fouilles le dimanche lorsque la messe se déroule".

La ville de Maroua est longtemps restée épargnée par les violences. Mais le 16 mai, un commerçant a été abattu par des islamistes présumés, selon des sources policières locales, qui pensent que la victime était liée à Boko Haram.

Du côté de la frontière tchadienne, des habitants de Kousseri dénoncent en revanche l'inefficacité, voire le comportement de "cow-boy" de certains soldats.

"On nous dit que la sécurité augmente, mais on ne voit rien", dénonce un ancien militaire de 75 ans, Mahamat Halifa, allongé sur une natte né.

"Par le passé, les militaires étaient engagés. Aujourd'hui c'est zéro", tranche-t-il, regrettant que les représentants des forces de l'ordre se fassent désormais tuer "comme des poissons".

Sa maisonnette se trouve à quelques enjambées d'une brigade de gendarmerie, attaquée dans la nuit du 4 au 5 mai par des islamistes. Bilan, trois morts, dont un gendarme.

"Nous sommes en danger. Il faut qu'on nous sécurise", plaide M. Halifa.

De son côté Alhadji Mey Aly, président d'une association de défense des droits de l'Homme basée à Kousseri, se dit "fier" de l'action du gouvernement "pour renforcer la sécurité des personnes et des biens dans la région".

Mais lors des patrouilles, "nous avons constaté que les Bornois (ethnie locale souvent confondue avec les habitants de l'Etat de Borno, fief de Boko Haram, frontalier du Cameroun) étaient pris comme cibles et subissent des exactions avec des arrestations arbitraires et des tortures", alors que le problème Boko Haram "concerne toutes les ethnies", regrette-t-il.

"Beaucoup de gens se plaignent aussi des rackets lors des contrôles de police, affirme M. Mey Ali: un commerçant Tchadien a été arrêté récemment à l'entrée de Kousseri et dépouillé d'une somme d'environ sept millions de FCFA (environ 11.000 euros)".

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