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Les vétérans affluent en Normandie avant les cérémonies pour les 70 ans du Débarquement

Les vétérans affluent en Normandie avant les cérémonies pour les 70 ans du Débarquement

Ils ont vieilli mais arborent fièrement leurs décorations, gagnées en rampant sous le feu des mitrailleuses dans le sable d'Omaha ou de Utah Beach : 70 ans après le Débarquement allié du 6 juin 1944, les vétérans affluent en Normandie où 19 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus vendredi.

Téléscopage de l'Histoire, ces cérémonies à la mémoire d'un moment-clé de la libération de l'Europe de l'Ouest du joug nazi interviennent au moment où à l'autre bout de l'Europe, l'Ukraine menace de sombrer, minée par le risque de guerre civile, sur fond de résurgence de Guerre froide entre Russes et Occidentaux.

Sur les plages et dans les villages de Normandie, théâtre à l'époque du déploiement de la plus grande armada de tous les temps, tribunes géantes et maisons pavoisées aux couleurs alliées et européennes sont déjà prêtes. Ainsi que les vétérans américains, britanniques ou canadiens qui, pour certains, reviennent pour la première fois.

Des décennies après, le sentiment de la peur ressenti ce jour-là ne les a pas quittés. "J'étais terrifié comme tout le monde. Une peur bleue", résume Ken Scott, un vétéran britannique de 98 ans. "Il n'y avait nulle part où se cacher", dit-il.

Le "Jour-J", longue succession de combats, d'horreur, entre les soldats morts noyés ou abattus en parachute avant d'avoir touché le sol, a durablement marqué les vétérans.

"Nous devons apprendre à pardonner. Ne laissons pas cela se reproduire", a ainsi lancé Herbert Levy, un vétéran américain de 88 ans devant 3.000 lycéens qui l'ont applaudi avec enthousiasme à Caen (nord-ouest de la France), avant d'allumer leurs briquets et d'accompagner les artistes qui interprétaient "Imagine" de John Lennon.

Les jeunes ont accueilli comme des rock-stars les cinq vétérans montés sur les planches, après la diffusion d'un film constitué de 70 témoignages de 1944 recueillis par les lycéens en France et à l'étranger ces derniers mois.

Près de 1.800 vétérans, pour la plupart âgés de plus de 90 ans, sont attendus. Parmi eux, Charles Wilson, tankiste américain, débarqué le 6 juin 1944, de retour en Normandie pour la première fois.

"Je n'ai jamais pu me payer le voyage", assure ce vétéran bardé de médailles, enjoué et expansif, dont les yeux deviennent humides et la voix étranglée quand il repense au "feu" qui l'a "projeté à terre" à Utah Beach.

A Ouistreham, qui accueillera la cérémonie internationale vendredi, des tribunes et gradins destinés à 9.000 invités ont été érigés pour accueillir 19 chefs d'Etat et de gouvernement, parmi lesquels la reine Elisabeth II d'Angleterre et cinq autres têtes couronnées, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel.

Tous les observateurs auront les yeux rivés sur les présidents américain et russe Barack Obama et Vladimir Poutine dont les relations sont au plus bas. Le tout nouveau président ukrainien Petro Porochenko complète le tableau de cette réunion de dirigeants qui s'affrontent depuis plusieurs mois dans le plus intense bras de fer diplomatique depuis la chute de l'URSS.

Près de 12.000 policiers, militaires ou pompiers sont mobilisés pour assurer la sécurité des prestigieux invités, sans compter les militaires étrangers.

Le rythme festif va s'accélérer jeudi avec le parachutage, en présence du prince Charles, de 300 militaires britanniques à Ranville, premier village libéré de France continentale. Le soir, un feu d'artifice sera tiré simultanément dans 24 communes sur les 80 km de côtes.

Le 6 juin, les cérémonies officielles démarreront avec celle présidée par François Hollande au Mémorial de Caen. Pour la première fois, un hommage officiel aux 20.000 civils français tués durant les 100 jours de la bataille de Normandie sera rendu.

Le président français rejoindra ensuite Barack Obama au cimetière américain de Colleville-sur-mer qui surplombe Omaha Beach, l'une des plages du débarquement, où sont attendues 10.000 personnes.

A la mi-journée, les chefs de l'Etat et de gouvernement se retrouveront au château de Bénouville, commune où se trouve le célèbre Pegasus bridge saisi par des commandos britanniques arrivés en planeur le 6 juin 1944, pour un déjeuner officiel concocté par cinq chefs étoilés normands.

Point d'orgue de la journée, la cérémonie internationale doit débuter à 12H30 GMT à Ouistreham, sur la plage de Sword Beach où débarquèrent des soldats britanniques et français, le 6 juin 1944.

Sept cérémonies binationales sont prévues au total: avec les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Pologne.

Cent trente mille hommes ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944. Fin juillet, les Alliés seront 1,5 million. La bataille de Normandie a fait 37.000 tués côtés alliés, de 50.000 à 60.000 côté allemand.

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