Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Assad remporte sans surprise la présidentielle syrienne

Assad remporte sans surprise la présidentielle syrienne

Le président syrien Bachar al-Assad a remporté sans surprise l'élection présidentielle avec plus de 88,7% des suffrages dans un scrutin décrié par les Occidentaux, un résultat qui devrait l'encourager à intensifier son combat contre la rébellion.

Quelques heures avant l'annonce des résultats, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite chez le voisin libanais, avait qualifié le scrutin de mardi de "non élection", et appelé les alliés du régime à oeuvrer pour mettre fin à la guerre.

Dans un pays ravagé depuis trois ans par la guerre, 11,6 millions de personnes ont participé au scrutin, sur les 15,8 millions appelés à voter, selon le président du Parlement.

La révolte pacifique qui avait éclaté en mars 2011 s'est transformée en insurrection armée après avoir été brutalement réprimée. Elle a depuis basculé en une guerre totale qui a ruiné le pays et jeté hors de chez elles neuf millions de personnes.

Selon les résultats définitifs lus mercredi par le président du Parlement Mohammad al-Laham, Bachar al-Assad a obtenu 88,7% des suffrages exprimés. Ses deux concurrents, qui faisaient figure de faire valoir, ont obtenu respectivement 4,3% pour Hassan al-Nouri et 3,2% pour Maher al-Hajjar.

L'élection s'est déroulée dans les zones contrôlées par le régime, soit 40% du territoire où vivent 60% de la population.

L'annonce de la réélection attendue de M. Assad, a été accompagnée par des tirs de joie qui ont fait trois morts à Damas et une vingtaine de blessés à Alep (nord) selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Une source de sécurité a ajouté que des dizaines d'autres personnes avaient été blessées dans plusieurs quartiers de la capitale en raison des tirs intenses d'arme automatique pour célébrer la réélection pour sept ans de Bachar al-Assad.

Dans un communiqué diffusé à la télévision le président avait demandé en vain de s'abstenir de ce type de manifestation. "Notre expression de joie et d'enthousiasme découlant de notre sentiment national ne justifie pas les tirs en l'air qui menacent la vie des citoyens", avait-il dit.

La télévision officielle Al-Ikhbariya a diffusé en direct des scènes de liesse de partisans de M. Assad avec des gens criant "Que Dieu protège notre leader Bachar al-Assad" et des feux d'artifice à Lattaquié (ouest), fief du régime.

Dans les rues de la capitale, des voitures klaxonnaient à tue-tête, les passagers scandant "Dieu, la Syrie, Assad, c'est tout", selon un journaliste de l'AFP.

Au même moment les militants anti-régime et des opposants en exil répétaient sur les réseaux sociaux le leitmotiv du Printemps arabe: le peuple veut la chute du régime.

"Après trois ans (de conflit), il est impossible de revenir en arrière et la révolution continuera coûte que coûte jusqu'à obtenir liberté et justice", a affirmé à l'AFP via internet Omar Abou Layla, un porte-parole rebelle dans la province est de Deir Ezzor.

Malgré la guerre qui a fait plus de 162.000 morts, déraciné quelque neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines, une partie de la population soutient M. Assad.

L'Occident qui soutient l'opposition syrienne modérée a dénoncé la tenue du scrutin dans un pays à feu et à sang, et l'OSDH a affirmé que le régime avait "forcé" des citoyens à voter sous peine d'arrestation.

Ces élections présidentielles "n'ont aucun sens, parce que vous ne pouvez pas avoir d'élections alors que des millions de votre peuple ne peuvent même pas voter, n'ont pas la capacité de contester ces élections, n'ont pas de choix", a affirmé le secrétaire d'Etat américain de passage à Beyrouth.

"Rien n'a changé entre la veille des élections et le lendemain, rien. Le conflit est le même, la terreur est la même, le meurtre est le même, le problème pour les réfugiés est le même", a-t-il ajouté.

Au même moment où la réélection de M. Assad était annoncée, son armée de l'air larguait des barils d'explosifs sur la région rebelle de Ghouta près de Damas et des combats faisaient toujours sur plusieurs fronts.

Qualifiant la crise humanitaire de "la pire catastrophe dont nous avons été témoins", M. Kerry a réitéré que ce n'est pas aux Etats-Unis "de décider quand et comment le président Assad partira", appelant de nouveau à une solution politique.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a qualifié l'élection d'"illégitime".

Pour le chef de l'opposition en exil, Ahmad al-Jarba, "les dictateurs ne sont pas élus, ils gardent le pouvoir par la force et la peur, ce sont les deux raisons qui poussent les Syriens à participer à cette mascarade".

bur-rm-sk/ram/bir

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.