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Assad assuré d'une large victoire à la présidentielle

Assad assuré d'une large victoire à la présidentielle

Le président syrien Bachar al-Assad était assuré mercredi de remporter une large victoire à l'élection présidentielle controversée dénoncée par les Européens et les Américains, ce qui devrait l'encourager à intensifier son combat contre la rébellion.

En visite chez le voisin libanais, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a ainsi qualifié le scrutin de mardi de "non élection", et appelé les alliés du régime à oeuvrer pour mettre fin à la guerre.

Alors que les résultats définitifs sont attendus jeudi soir, la presse officielle annonce déjà une participation "très élevée" et une "victoire" de M. Assad, 48 ans, au pouvoir depuis 2000.

Selon le journal al-Watan, proche du pouvoir, le taux de participation "devrait se situer entre 70 et 80%" dans sept des quatorze gouvernorats du pays ravagé par plus de trois ans de guerre.

L'élection s'est tenue mardi dans les secteurs contrôlés par le régime, soit 40% du territoire où vivent 60% de la population.

Bachar al-Assad "se dirige vers la victoire (..) étant donné le nombre important de personnes ayant voté" pour lui, affirme aussi le journal.

M. Assad avait deux concurrents, Hassan al-Nouri et Maher al-Hajjar, des inconnus considérés comme des faire-valoir.

"Face au complot, le peuple a choisi de reconduire ses dirigeants pour rétablir la sécurité, lutter contre le terrorisme et reconstruire le pays", a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, cité dans la presse.

Le régime Assad n'a jamais reconnu le mouvement de contestation lancé en mars 2011 et qui, après avoir été la cible d'une brutale répression, s'est transformé en rébellion armée qualifiée de "terroriste" par le pouvoir.

Malgré la guerre qui a fait plus de 162.000 morts, déraciné quelque neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines, une partie de la population continue de soutenir M. Assad.

"Des millions de Syriens sont sortis voter bravant le terrorisme et les voitures piégées pour affirmer la légalité d'un nouveau mandat de Bachar al-Assad qui durera jusqu'à 2021", selon al-Watan.

"Les bureaux de vote ont été pris d'assaut", affirme le quotidien officiel as-Saoura.

Les journalistes de l'AFP ont constaté une affluence importante, alors que le vote a été prolongé de cinq heures "en raison de l'afflux des électeurs" selon les autorités.

Paradoxalement, les rues étaient quasi désertes à Damas mardi en raison des nombreux obus tirés par les rebelles.

"Plus de 130 obus de mortier ont été tirés sur Damas et ses environs", tuant trois personnes, et 19 personnes ont été tuées à Alep dans les zones tenues par le régime, a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Un haut responsable militaire a cependant affirmé à l'AFP que le régime avait "pris des mesures militaires secrètes pour empêcher les terroristes d'entraver le processus électoral. Ils ont centré leurs (actions) sur Damas et Alep, mais en votant massivement les gens ont défié le terrorisme et ceux qui le soutiennent".

La présidence syrienne a salué dans un communiqué "tous les Syriens ayant participé massivement à l'élection".

L'Occident qui soutient l'opposition syrienne modérée, a dénoncé la tenue du scrutin dans un pays à feu et à sang, et l'OSDH a affirmé que le régime avait "forcé" des citoyens à voter sous peine d'arrestation.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a qualifié l'élection d'"illégitime" et estimé qu'elle minait "les efforts politiques pour trouver une solution à cet horrible conflit". Elle a également appelé le régime syrien à engager de "véritables négociations politiques".

Dans une déclaration à CNN, l'ancien ambassadeur américain à Damas, Robert Ford, a estimé que les Etats-Unis n'avaient "pas été capables de gérer les causes du conflit, en terme de combats sur le terrain et de l'équilibre des forces".

"Maintenant, il y a une menace extrémiste grandissante", a-t-il ajouté, allusion à la présence d'extrémistes dans les zones rebelles. Washington invoque cette présence pour ne pas fournir d'armes à l'opposition modérée.

"Les rebelles modérés ont besoin de moyens pour modifier l'équilibre des forces sur le terrain, au moins dans certaines régions", a encore dit M. Ford, affirmant que les rebelles combattaient maintenant à la fois le régime et les jihadistes.

Pour le chef de l'opposition en exil, Ahmad al-Jarba, "les dictateurs ne sont pas élus, ils gardent le pouvoir par la force et la peur, ce sont les deux raisons qui poussent les Syriens à participer à cette mascarade".

bur-rm/cbo

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