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Assad vainqueur attendu de la présidentielle dans une Syrie en guerre

Assad vainqueur attendu de la présidentielle dans une Syrie en guerre

Les Syriens ont voté mardi, sur fond de bombardements et de combats, pour une présidentielle controversée qui doit maintenir au pouvoir Bachar al-Assad dans un pays ravagé par trois ans de guerre.

Cette élection a été qualifiée de "honte" par les Etats-Unis et de "farce" par l'opposition, l'Otan assurant que ses résultats ne seraient "pas reconnus".

Plus de 15 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour ce scrutin organisé dans les régions sous contrôle du régime, soit 40% du territoire.

Le vote, qui s'est achevé à minuit (21H00 GMT), avait été prolongé de cinq heures "en raison de l'afflux massif des électeurs", selon la télévision officielle.

Le dépouillement des voix a commencé immédiatement et les résultats seront annoncés jeudi, selon une source proche du régime.

A Damas, où les rues étaient quasi désertes, l'ambiance était surréaliste: files d'attente devant les bureaux de vote, chants et danses à la gloire de M. Assad, sur fond d'explosions, de bruit d'obus tombés sur la capitale et d'intenses survols de l'armée de l'air.

Mais parallèlement aux démonstrations partisanes, certains semblaient indécis. "Je ne sais pas si je vais voter. Les gens ne comprennent plus rien, tous les jours, il y a 100 à 200 morts", affirme ainsi Bachir, un épicier de 70 ans.

Souriant et décontracté, Bachar al-Assad a voté aux côtés de son épouse Asma, selon des images diffusées par la télévision d'Etat. Il s'est prêté à un "selfie" avec des jeunes, une photo relayée sur Twitter et Facebook.

Ont également voté dans la capitale les deux autres candidats, Hassan al-Nouri et Maher al-Hajjar, considérés comme des faire-valoir à M. Assad.

La télévision d'Etat a montré des images d'une forte affluence, une majorité de votants cochant devant les caméras la case sous la photo de M. Assad.

"J'ai voté pour le président, naturellement", affirme Nadia Hazim, 40 ans, dans un bureau à Damas. Comme d'autres, Hind al-Homsi, 46 ans, a voté "avec son sang pour le président" après s'être fait une petite coupure au doigt.

A Homs (centre), d'où les insurgés se sont retirés du centre-ville en mai, les services de sécurité étaient déployés en force et les voitures fouillées minutieusement. Plus au nord, à Alep, l'affluence était importante dans les secteurs pro-régime, selon la télévision.

Le vote a cependant été boycotté dans les régions kurdes --où l'armée s'est en grande partie retirée-- à l'exception de quelques quartiers de Qamishli et Hassakeh (nord-est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants.

"La présence des urnes dans les régions kurdes est une provocation", a déclaré à l'AFP Havidar, un journaliste kurde syrien dissident basé en Turquie. Par le passé, "personne n'avait jamais pu obliger les Kurdes à participer aux élections".

Le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a prévenu sur la chaîne Al-Mayadeen qu'un boycott des Kurdes serait "une erreur historique".

Les Kurdes, qui représentent environ 15% de la population syrienne, ont souffert de marginalisation et d'oppression pendant des décennies. Ils tentent de rester neutres dans le conflit.

La guerre en Syrie a fait depuis mars 2011 plus de 162.000 morts, déraciné quelque neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines.

"La solution politique à la crise commence aujourd'hui", a déclaré M. Mouallem.

Mais les insurgés dénoncent un scrutin qui se déroule sur fond de violences meurtrières.

"Parallèlement aux élections de sang, les forces d'Assad bombardent violemment Daraya avec des barils d'explosifs", a indiqué Mohannad, un militant de cette localité proche de Damas.

"Les dictateurs ne sont pas élus, ils gardent le pouvoir par la force et la peur, ce sont les deux raisons qui poussent les Syriens à participer à cette mascarade", a affirmé le chef de l'opposition en exil, Ahmad al-Jarba.

Selon l'OSDH, le régime "force" les citoyens à voter sous peine d'arrestation.

Pour l'opposant en exil Michel Kilo, M. Assad dit au monde: "Oubliez une solution politique internationale. C'est moi qui sors victorieux de ce conflit, c'est moi qui décide. Vous avez perdu".

"Si vous continuez à nous priver d'armes vous allez vous trouver face aux terroristes, en Syrie, ou chez vous. C'est ça, le choix, désormais", a-t-il prévenu en référence aux combats meurtriers entre brigades rebelles et jihadistes radicaux.

Face à des rebelles en manque d'armes, M. Assad est à la tête d'une armée restée généralement soudée, et bénéficie des soutiens russe et iranien et de l'aide précieuse des combattants aguerris du Hezbollah libanais et de supplétifs syriens et étrangers.

Pour Noah Bonsey, de l'International Crisis Group (ICG), la présidentielle "ne changera pas la donne" si ce n'est de faire perdurer le conflit.

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