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RDC: début de nouvelle vie pour les ex-rebelles hutu rwandais

RDC: début de nouvelle vie pour les ex-rebelles hutu rwandais

Entouré d'eucalyptus et de champs de maïs, un hangar coiffé d'une bâche blanche accueille près d'une centaine de rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ayant fait reddition vendredi dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le hangar, niché sur une colline surplombant Kanyabayonga, à 130 kilomètres au nord de Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu, se trouve dans le camp d'un contingent indien de la Mission de l'ONU (Monusco). Un épais brouillard rafraîchit la zone et ses environs.

"Nous sommes arrivés ici un peu tard, vers 22H00 (20H00 GMT). On nous a logés. Le matin, on a donné de la bouillie et nous avons bu. Nous avons été bien accueillis", confie le major Jean-Pierre Faustin Mugisha, commandant des combattants, essentiellement jeunes, cantonnés.

Ils ont arrivés tard notamment parce qu'il a fallu régler certains détails à la dernière minute: les combattants ne voulaient pas être cantonnés sans leurs "dépendants", à savoir leurs femmes et les enfants. Après négociation, il a été conclu qu'ils devaient arriver dimanche.

"Les dépendants vont venir aussi, souligne le major Mugisha, la quarantaine. Nous attendons la mise en place de la commission dont on a parlé. La commission politique, la commission mixte. Nous, nous allons exécuter (nos engagements) mais nous voulons que les familles nous arrivent."

Les FDLR sont accusées d'avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, qui a fait au moins 800.000 morts selon l'ONU. Réfugiés dans l'est de la RDC depuis 1994, les FDLR, aujourd'hui très affaiblies, comptent environ 1.500 rebelles selon l'ONU, Kigali avançant le chiffre de 4.000.

Le 18 avril, elles ont annoncé vouloir se séparer d'"ex-combattants importants" afin de "se consacrer à la lutte politique" au Rwanda, qui refuse tout dialogue avec elles. Vendredi à Kateku, au nord de Kanyabayonga, 105 hommes ont fait reddition et donné 100 armes, dont 12 armes lourdes.

Parmi eux, aucun chef recherché par la justice congolaise ou internationale. Et au moment d'entrer dans les camions de la Monusco pour rallier Kanyabahonga, seuls 97 hommes étaient du voyage. "Certains sont retournés de là où ils venaient", a expliqué à l'AFP le général Abdallah Wafi, numéro 2 de la Monusco.

Les redditions de vendredi doivent constituer la "première vague" d'une série censée s'achever fin juin. "Pour la première journée, c'est un bon début, mais peut mieux faire. (...) Seuls les jours à venir vont déterminer la crédibilité et le sérieux du processus", a estimé le général Wafi.

Près du hangar à Kanyabayonga, le révérend pasteur Bulambo Lembe Lembe, coordonnateur du programme Paix et Réconciliation de l'Eglise du Christ au Congo, se dit pour sa part "enchanté".

Cela fait "maintenant plusieurs années que notre Eglise (...) est fortement impliquée dans la sensibilisation de ces combattants pour leur retour" au Rwanda, et "nous avons déjà réussi à sensibiliser et réussi le retour de plus de 1.500 combattants", a-t-il souligné.

L'abbé Juvénal Ndimubazi, curé de la paroisse de Kabasha, sensibilise aussi. "Parfois, ils arrivent à la messe et parfois on les croise pendant nos séances d'évangélisation. Nous en profitons pour les appeler à l'amour et à la paix. C'est notre contribution pour les sensibiliser à déposer les armes."

Kinshasa espère à terme la reddition de 1.400 combattants dans les Nord- et Sud-Kivu, où les FDLR sont accusées de graves exactions contre les civils (viols, meurtres, pillages, enrôlements d'enfants...).

Alors que l'armée congolaise et la Monusco promettent depuis plusieurs mois de les "neutraliser", par endroits, des individus adoptent le mode opératoire des FDLR pour rançonner les civils, s'inquiète l'abbé Emmanuel Bansuya, assis à côté de l'abbé Ndimubazi.

En revanche, a-t-il ajouté, ces derniers temps, "les FDLR ne sont pas violents" et cohabitent "dans certains villages pacifiquement avec la population". Masika Espe, restaurateur à Kanyabayonga, confirme que certains FDLR "sont bons". "Mais le Congo est aux Congolais. Nous voulons qu'on les aide à rentrer."

Rentrer, le major Mugisha ne demande que ça, mais il sait la tâche compliquée. "Le retour au Rwanda dépendra du gouvernement de Kigali. Nous, nous comptons retourner au Rwanda mais en toute dignité. Si le gouvernement du Rwanda accepte le dialogue vraiment, le retour se fera sans problème, sans arme."

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