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Afghanistan: l'échange de prisonniers, un espoir pour le processus de paix

Afghanistan: l'échange de prisonniers, un espoir pour le processus de paix

La libération du sergent Bowe Bergdahl, seul prisonnier américain en Afghanistan, en échange de celle de cinq détenus talibans nourrissait dimanche l'espoir d'un nouveau départ pour le processus de paix dans ce pays en guerre depuis plus de 12 ans.

Le sergent Bergdahl avait été capturé par les talibans le 30 juin 2009 après sa disparition d'une base de la province de Paktika (sud-est). Sa libération, en échange des cinq talibans qui étaient détenus sur la base américaine de Guantanamo, a été annoncée samedi par le président américain Barack Obama.

"Cela montre que toutes les parties font preuve de bonne volonté pour construire un climat de confiance et lancer des pourparlers de paix dans un avenir proche", a déclaré à l'AFP Ismael Qasimyar, un haut responsable du Haut conseil pour la paix, une instance gouvernementale mise en place par le président afghan Hamid Karzaï pour convaincre les talibans d'ouvrir des négociations de paix.

"Nous sommes très optimistes sur le fait que la libération de ces hauts responsables talibans peut aider le processus de paix", s'est-il réjoui en assurant que les autorités afghanes avaient été "impliquées depuis longtemps dans ce dossier".

La libération de ces cinq talibans, d'anciens cadres du régime fondamentaliste au pouvoir entre 1996 et 2001 toujours influents au sein des rebelles, était l'une des principales conditions posées de longue date par les talibans aux Américains pour ouvrir de véritables négociations de paix en Afghanistan et mettre fin à cet interminable conflit.

Des contacts établis ces dernières années entre les deux camps ont été rompus à plusieurs reprises par les insurgés islamistes devant le refus de Washington de libérer ces prisonniers, qui montrait selon les rebelles afghans que les Américains n'étaient "pas sérieux" dans leur volonté de négocier.

Des contacts souterrains se sont poursuivis cette dernière année, permettant finalement de conclure cet échange, a indiqué à l'AFP une source talibane, restée par ailleurs prudente sur l'éventuel impact de cette affaire sur les négociations de paix.

Signe du chemin qui reste à parcourir, le porte-parole des insurgés, Zabihullah Mujahid, a souligné dimanche que l'échange "n'avait pas été fait dans l'optique du processus de paix".

"Il s'agit seulement d'un échange de prisonniers de guerre, cela n'a rien de politique", a-t-il dit à l'AFP.

"Le fait que les États-Unis aient libérés les cinq principaux prisonniers réclamés par les talibans montre qu'il peut y avoir des négociations", a expliqué la première source talibane.

"Mais d'un au côté, M. Obama vient juste d'annoncer qu'il pourrait y avoir des troupes américaines dans le pays jusqu'à la fin 2016. Aussi la guerre va-t-elle continuer et nous pourrions avoir un statu quo pendant un certain temps", a-t-il dit.

Barack Obama a promis mardi de maintenir 9.800 soldats en Afghanistan (contre 32.000 actuellement) après le retrait de la force de l'Otan prévu fin 2014, et en vue d'un retrait total fin 2016, à condition toutefois que le futur président afghan signe un Traité bilatéral de sécurité (BSA) avec Washington.

Les cinq talibans libérés ont été transférés au Qatar, acteur central de la négociation et engagé depuis des années dans les efforts de réconciliation entre les rebelles islamistes et le gouvernement de Kaboul.

Le sergent Bergdahl avait été pour sa part relâché samedi dans l'est de l'Afghanistan et remis à "quelques dizaines" de soldats des forces spéciales américaines, en présence d'une vingtaine de talibans, selon des responsables américains.

Conduit aussitôt sur la base de Bagram, un complexe militaire géant sous contrôle américain au nord de Kaboul, il est en "bonne condition, capable de marcher seul" et reçoit un traitement médical, selon la même source.

Le militaire devait être transféré par avion vers un hôpital militaire américain à Landstuhl, en Allemagne, ont indiqué les responsables américains. Là, "il commencera un processus de réadaptation, bénéficiera de temps pour raconter son histoire, décompresser et commencer à renouer des liens avec sa famille".

Ses parents se sont dit "heureux et soulagés" lors d'une déclaration à la Maison Blanche au côté du président Obama.

"Nous continuerons à être forts pour Bowe pendant qu'il se rétablit", a dit, émue, sa mère, Jani Bergdahl, tandis que son père, Bob, a prononcé quelques mots en pachto, langue parlée par les talibans.

"Je suis ton père", a-t-il ainsi déclaré, soulignant que son fils pourrait rencontrer des difficultés à s'exprimer en anglais après avoir passé près de cinq en détention.

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