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Turquie : du gaz lacrymogène tiré sur les manifestants commémorant les émeutes de juin 2013

Turquie : du gaz lacrymogène tiré sur les manifestants commémorant les émeutes de juin 2013

La police turque est intervenue samedi à Istanbul et à Ankara, faisant usage de gaz lacrymogène et de canons à eau, contre des manifestants qui marquaient le premier anniversaire des rassemblements antigouvernementaux de juin 2013, a constaté l'AFP.

Des heurts ont éclaté à Istanbul où des centaines de manifestants étaient assiégés par de très importantes forces de police sur la rue Istiklal, proche de la place Taksim, selon un journaliste de l'AFP.

Dans le centre d'Ankara, les policiers ont recouru à du gaz lacrymogène et à un canon à eau contre un millier de manifestants sur la place Kizilay.

Auparavant, un groupe de contestataires avait allumé des bougies et lâché des pigeons au parc Guven, où un homme de 26 ans, Ethem Sarisuluk, avait été tué d'une balle dans la tête par la police l'année dernière.

Quelques heures à peine avant la manifestation à Istanbul à l'appel d'un collectif d'ONG, de syndicats et de membres de la société civile, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait averti que les forces de l'ordre feraient "tout ce qui est nécessaire, de A jusqu'à Z," pour l'empêcher.

"Vous ne pourrez pas occuper Taksim comme vous l'avez fait l'an dernier parce que vous devez respecter la loi", avait-il ajouté devant des milliers de partisans.

Dès les premières heures de la matinée, des milliers de policiers en tenue antiémeute ou en civil avaient investi le quartier de l'emblématique place stambouliote, point de départ de la révolte de 2013 et déclarée zone interdite à la contestation.

Les autorités ont mobilisé plus de 25.000 hommes et une cinquantaine de canons à eau à Istanbul pour contrer les manifestants. A la mi-journée, elles ont également fermé le fameux parc Gezi.

C'est dans ce petit jardin public, au coeur de la partie européenne de la plus grande ville de Turquie, qu'est née la vague de contestation ayant pour la première fois fait trembler sur ses bases le régime de M. Erdogan, qui règne sans partage sur son pays depuis 2003.

Au petit matin du 31 mai 2013, la police avait violemment délogé du parc quelques centaines de militants écologistes qui s'opposaient à sa destruction. Nourri par la répression, le mouvement avait fait boule de neige pour se transformer en une révolte politique sans précédent contre le pouvoir islamo-conservateur.

Quelque 3,5 millions de Turcs -chiffre officiel de la police- avaient défilé contre M. Erdogan dans toute la Turquie pendant les trois premières semaines de juin. Ces manifestations, sévèrement réprimées, ont fait au moins huit morts et plus de 8.000 blessés.

Dans son discours samedi, outre ses menaces, le Premier ministre a fustigé ses adversaires. "J'en appelle à mon peuple. Ne vous laissez pas tromper. Ceci n'est pas une campagne écologiste, il n'y a aucune sincérité là dedans", a-t-il dit.

"La violence nait là où il n'y a ni pensée, ni idée. Les gens de Gezi sont ceux qui n'ont pas d'idées", s'était déjà exclamé la veille M. Erdogan, accusant des "organisations terroristes" de "manipuler la jeunesse (...) pour s'attaquer à notre unité et à notre économie".

Depuis la révolte de l'an dernier, le chef du gouvernement s'est appliqué à étouffer dans l'oeuf toute velléité de contestation.

Au fil des mois, des centaines de manifestants ont été inculpés. Il a aussi adopté une série de lois pour renforcer son emprise sur la justice et les réseaux sociaux et accroître les pouvoirs de ses fidèles services de renseignement.

Malgré un scandale de corruption qui a éclaboussé tout son régime, M. Erdogan a remporté haut la main les élections municipales du 30 mars et s'apprête désormais à annoncer sa candidature à la présidentielle des 10 et 24 août prochains.

C'est pour dénoncer cette dérive vers l'autoritarisme que le collectif Taksim Solidarité avait appelé la population à descendre dans la rue samedi, comme il y a un an.

"La façon dont le gouvernement s'adresse à nous est de plus en plus violente (...) nous pensons que nous ne pouvons plus nous faire entendre que dans la rue", avait déclaré à l'AFP un membre du collectif, Tayfun Karaman, "ce n'est que le début, la résistance continue".

pa/bds

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