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Turquie: une manifestante décède des suites de blessures causées par la police

Turquie: une manifestante décède des suites de blessures causées par la police

Une femme turque de 64 ans est décédée vendredi des suites de blessures causées par la police lors d'une manifestation en décembre, sur fond de tensions à la veille du premier anniversaire des émeutes antigouvernementales de juin 2013.

"Elif Cermik est décédée ce matin (vendredi). Elle était dans le coma depuis 159 jours", a annoncé à l'AFP une militante du mouvement féministe Halkevci Kadinlar.

Selon le quotidien turc Radikal, elle avait été victime d'une crise cardiaque lorsque les forces de l'ordre avaient dispersé sous des nuages de gaz lacrymogène un rassemblement, le 22 décembre dans le quartier stambouliote de Kadiköy, pour dénoncer la corruption du régime du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Une semaine plutôt, la justice turque avait lancé un coup de filet anticorruption contre des dizaines de proches du pouvoir islamo-conservateur, dont trois fils de ministres.

Le décès de Mme Cermik intervient à la veille du premier anniversaire de la vague de contestation antigouvernementale qui a secoué la Turquie en juin 2013.

Partie de l'opposition d'une poignée d'écologistes à un projet de destruction du parc Gezi, en lisière de la place Taksim d'Istanbul, cette fronde a réuni pendant trois semaines plus de 3,5 millions de Turcs dans des dizaines de villes du pays.

Sévèrement réprimée, elle s'est soldée par huit morts et plus de 8.000 blessés.

Le collectif à l'origine de ces émeutes a appelé ses troupes à redescendre dans la rue samedi pour marquer leur premier anniversaire. Mais les autorités ont interdit tout rassemblement sur la place Taksim et mobilisé quelque 25.000 policiers pour en barrer les accès, laissant augurer de nouveaux affrontements.

Vendredi, M. Erdogan a dénoncé les appels à la mobilisation.

"Un an après, des gens, et parmi eux des espèces d'artistes, appellent à manifester, mais vous, la jeunesse turque, vous ne répondrez pas à ces appels", a-t-il lancé devant un parterre de plusieurs milliers de jeunes partisans réunis à Istanbul pour célébrer la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en 1453.

Le chef du gouvernement en a profité pour fustiger, une nouvelle fois, les contestataires de l'an dernier. "Les organisations terroristes ont manipulé la jeunesse moralement et financièrement faible (...) pour s'attaquer à notre unité et porter atteinte à notre économie", a accusé M. Erdogan.

A l'inverse, le chef de file du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), a exhorté vendredi le gouvernement à autoriser les rassemblements. "Que les jeunes manifestent comme ils le veulent ! Pourquoi ce déploiement de force pour les en empêcher?", a déclaré Kemal Kiliçdaroglu.

En mars, les obsèques d'un jeune de 15 ans grièvement blessé par la police en marge des émeutes de juin 2013 avaient donné lieu à d'importantes manifestations contre M. Erdogan, qui avaient réuni plusieurs centaines de milliers de personnes dans tout le pays.

L'association turque pour les droits de l'Homme (IHD) a de nouveau dénoncé à l'occasion du décès de Mme Cermik l'usage massif de gaz par la police.

"Ca suffit ! Le produit chimique qu'il veulent nous présenter comme inoffensif en l'appelant gaz lacrymogène doit être interdit et ceux qui ont causé la mort d'Elif Cermik traduits en justice", a estimé l'ONG.

BA/pa/plh

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