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La lutte contre la rouille du café, une urgence en Amérique centrale

La lutte contre la rouille du café, une urgence en Amérique centrale

La rouille du café, une maladie qui attaque les caféiers, fait des ravages en Amérique centrale où les exportations ont chuté de 1,2 milliard de dollars l'an dernier dans une région à l'origine de 8% de la production mondiale, contre 11% en 2011.

Malgré un contexte morose, la récente hausse des cours - entraînée par une sécheresse au Brésil, plus gros producteur mondial - et les connaissances accumulées sur cette maladie causée par un champignon favorisent une lutte plus efficace contre l'épidémie apparue dans la région vers 2010.

Mais il y a urgence. "Nous avertissons tous les producteurs pour qu'ils traitent les caféiers à temps, c'est-à-dire maintenant, avant que n'arrive El Niño", explique à l'AFP le directeur exécutif de l'Institut du café du Costa Rica (Icafe), Ronald Peters.

Phénomène climatique périodique, El Niño se caractérise par une diminution des précipitations et une augmentation des températures, conditions idéales pour la prolifération de la maladie, à l'origine d'un affaiblissement des arbustes et d'une chute de leur productivité.

Au cours des deux dernières années, la rouille s'est étendue sur 505.000 hectares, soit 53% des 937.000 hectares de café cultivés dans cette région pauvre où le secteur représentait 8% des exportations totales en 2013 et emploie jusqu'à quatre millions personnes au moment de la récolte.

Selon des chiffres communiqués par les différents pays producteurs de l'isthme centro-américain (Honduras, Guatemala, Nicaragua, Costa Rica, Salvador) et les professionnels du secteur, les exportations ont chuté de 3,63 milliards de dollars pour la récolte 2011-2012 à 2,45 milliards pour 2012-2013.

Et les premiers chiffres pour la campagne 2013-2014 accusent une nouvelle baisse des exportations en volume : de 53,23% au Salvador à 10,10% au Guatemala, selon L'Association nationale du café du Guatemala (Anacafé).

Mais "nous sommes optimistes, car l'amélioration des prix au cours des premiers mois de 2014 et les connaissances que nous avons maintenant des techniques pour combattre la maladie ont permis de modifier l'attitude des producteurs", assure toutefois Ronald Peters.

Cependant, des experts estiment que l'action publique sera indispensable pour lutter contre cette crise qui s'aggrave.

"Si les gouvernements ne marquent aucun intérêt à trouver une solution au problème que nous avons avec la rouille, l'avenir pour le café est sombre", avertit le président de l'Association des producteurs et exportateurs de café du Salvador (ABECAFE), Carlos Borgonovo.

Dans ce pays, le gouvernement a investi trois millions de dollars dans des programmes de lutte contre la maladie, alors qu'au Honduras, les investissements publics ont été quasiment nuls.

En comparaison, les autorités du Guatemala ont dédié 100 millions de dollars à des programmes de contrôle de l'épidémie, le Costa Rica 40 millions et le Nicaragua a approuvé un plan de 150 millions de dollars sur quatre ans.

Signe de l'urgence de la situation, des pays étrangers et des organismes internationaux se mobilisent également.

La semaine dernière, l'agence pour le développement des Etats-Unis (USAID) a ainsi exprimé sa préoccupation concernant l'impact social de cette maladie dans une région où la pauvreté est endémique et annoncé le déblocage de cinq millions de dollars pour un programme de recherche scientifique.

En mai, ce sont des spécialistes de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui se sont rendus au Nicaragua pour participer à la lutte contre la rouille.

Cette équipe va participer à la mise en place d'"un programme qui permettra au Nicaragua de produire des graines de café" résistantes à la maladie, a expliqué Fernando Soto, représentant de la FAO dans ce pays.

Illustration des dramatiques conséquences pour les populations locales, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé lundi un plan d'aide pour des petits caféiculteurs du Guatemala affectés par cette épidémie.

"Le PAM soutient 16.000 foyers dont les sources de revenus et les réserves alimentaires ont commencé à s'épuiser en mars en raison de la crise de la rouille et de la sécheresse qui touchent les petits producteurs, ramasseurs et familles avec des enfants souffrant de dénutrition aiguë", a indiqué l'organisation dans un communiqué.

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