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La justice française donne un avis favorable à l'extradition d'un tortionnaire présumé vers l'Argentine

La justice française donne un avis favorable à l'extradition d'un tortionnaire présumé vers l'Argentine

La cour d'appel de Paris a rendu mercredi un avis favorable à la demande de la justice argentine de lui livrer Mario Alfredo Sandoval, qu'elle soupçonne d'avoir été un tortionnaire pendant la dictature (1976-1983).

Cet ancien policier de 61 ans, qui dispose de la nationalité française acquise après son arrivée en France dans les années 1980, a cinq jours pour faire appel de la décision en ultime recours.

La cour d'appel a donné satisfaction à la justice argentine sur un seul point : le rapt le 30 octobre 1976 d'Hernan Abriata, un étudiant en architecture qui ne devait plus jamais donner signe de vie.

Elle s'est opposée à une extradition pour les autres faits reprochés à Sandoval par la justice argentine, jugeant les requêtes insuffisamment motivées. S'il devait finalement être extradé, Sandoval ne pourrait donc être jugé que sur ce dossier et encourrait donc une peine maximale de quinze ans de prison.

Le portait de cet étudiant en architecture a été brandi en fin d'audience par des militants qui, pendant que Sandoval sortait sans un mot, ont scandé "Hernan Abriata, presente ! Ahora y siempre !" (ndlr: "Hernan Abriata, présent ! Maintenant et toujours !").

Mais le processus n'est pas terminé. L'arrêt de la cour d'appel est un simple avis. L'extradition elle-même sera déclenchée par un décret du Premier ministre, lui-même susceptible d'un recours devant le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française.

Devant la cour d'appel en avril, Sandoval, reconverti en consultant dans le domaine du renseignement, qui s'est installé en France après la chute de la dictature en 1983, s'était dépeint comme une victime d'une "chasse à l'homme" dans un plaidoyer d'une heure et demie.

Il avait dénoncé "une procédure entachée d'illégalité" visant à la "fabrication d'un coupable", ayant recours au "mensonge", à l'"acharnement" et la "désinformation". "Je ne suis pas la personne que vous cherchez", avait-il affirmé, évoquant longuement une ténébreuse thèse du complot.

Les faits reprochés par l'Argentine à ce petit homme sec et impassible, se seraient déroulés entre octobre 1976 et septembre 1979 à l'École de mécanique de la marine (Esma). De ce centre de torture emblématique de la dictature ont disparu quelque 5.000 personnes, souvent jetées depuis des avions dans le Rio de la Plata.

Pour l'Argentine, Me Sophie Thonon avait rejeté l'hypothèse de l'erreur sur la personne et l'argument de la non-rétroactivité. "Est-ce que la France va devenir, est en passe de devenir ou est devenue le refuge des grands criminels de masse de la deuxième moitié du XXe siècle?", avait-elle demandé.

Environ 600 centres de détention clandestins ont été utilisés en Argentine, dans lesquels ont disparu la majorité des 30.000 victimes de la dictature, selon des chiffres d'ONG.

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