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D'Anvers à Bruxelles, les nationalistes flamands peu adeptes du compromis

D'Anvers à Bruxelles, les nationalistes flamands peu adeptes du compromis

Les nationalistes flamands mènent depuis un an et demi à Anvers, deuxième ville de Belgique, une politique de rupture, notamment en matière sociale. Favoris des législatives du 25 mai, ils sont peu adeptes du compromis si caractéristique du royaume.

Retour à octobre 2012: accompagné par des centaines de militants, le chef de la Nouvelle-alliance flamande (N-VA), Bart De Wever, marche sur l'Hôtel de ville de la plus grande ville de Flandre, qu'il vient de ravir aux socialistes.

"Anvers est à tout le monde, mais ce soir, elle est surtout à nous!", lance à ses partisans massés sur la grand-place le nouveau bourgmestre (maire) de la cité portuaire de 500.000 habitants, où cohabitent une importante communauté juive orthodoxe et des populations musulmanes issues du pourtour méditerranéen. La ville fut longtemps un bastion du parti d'extrême droite Vlaams Belang.

Le ton est donné: les nouvelles autorités sont bien décidées à imposer leur vision politique, "conservatrice sur le plan sociétal, et très libérale en matière économique", selon la définition d'un éditorialiste flamand, sans s'encombrer de longues concertations.

Pourtant, "Bart De Wever est un homme de dialogue. Il a sa propre vision, mais il peut s'ouvrir aux autres", assure Joanna, une jeune hôtesse d'accueil dans un centre commercial de Wijnegen, dans la banlieue d'Anvers, en ne cachant pas ses sympathies pour "Bart".

A quelques jours des élections législatives et régionales, la campagne est à peine visible dans la grande ville flamande. La maison de Bart De Wever est l'une des rares dont les fenêtres arborent des affiches aux couleurs de candidats.

"Non, il n'est pas ouvert, il est même dangereux", estime à deux pas de là Remy Kayembe, employé chez un huissier de justice. Ce trentenaire d'origine africaine cite la fin des subsides accordés à plusieurs associations aidant les immigrés à s'intégrer sur le marché du travail.

"Bart De Wever est effectivement beaucoup plus polarisant que son prédécesseur, en particulier vis-à-vis de tout ce qui est associé à la gauche. C'est son caractère, même s'il s'en défend", analyse le politologue Dave Sinardet.

Depuis qu'il a pris les clés de l'Hôtel de Ville, le dirigeant nationaliste, historien de formation, a interdit aux fonctionnaires municipaux le port de t-shirt "arc-en-ciel", symbole de la "fierté homosexuelle". Il a aussi décidé de réduire de 1.400 le nombre de fonctionnaires municipaux et décrété une "guerre à la drogue". En matière de politique de transport, il privilégie la voiture, alors qu'Anvers est déjà l'une des villes les plus congestionnées d'Europe.

La politique d'austérité promise par De Wever ne semble pas effrayer son électorat, la "Flandre qui travaille" et qui fustige les hausses d'impôts et les transferts financiers vers la Wallonie francophone.

Si son parti remporte plus de 30% des voix en Flandre, il sera pratiquement incontournable lors des négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement fédéral, qui devra obligatoirement comprendre des ministres francophones et néerlandophones.

Mais les francophones, dont le Parti socialiste du Premier ministre sortant, Elio Di Rupo, pourraient refuser de s'asseoir à la table des négociations. Son président, Paul Magnette, a accusé Bart De Wever de vouloir "paralyser" le pays pour démontrer que Flamands et francophones ne peuvent plus cohabiter. Le triste record de 2010-2011, lorsqu'il avait fallu 541 jours à la Belgique pour se doter d'un nouveau gouvernement, pourrait être battu, estime la presse.

"Il est minuit moins cinq. J'espère que notre pays s'en sortira", soupire Dirk, ouvrier dans une boulangerie industrielle, toujours indécis sur son vote à une semaine de l'échéance.

"Je pense, et j'espère, que Bart De Wever peut aussi travailler avec les francophones. Il le faut, on est tous des Belges, non?", estime, plus optimiste, Anouk, une jeune vendeuse de magasin, bien décidée à voter pour la N-VA.

siu/jlb/ml

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