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"Bird people" de Pascale Ferran, un film poétique pour parler du monde d'aujourd'hui

"Bird people" de Pascale Ferran, un film poétique pour parler du monde d'aujourd'hui

Film singulier, à la fois contemporain et poétique, "Bird People", présenté lundi à Cannes dans la section Un certain regard, parle "du monde d'aujourd'hui, de l'accélération du temps", explique la cinéaste française Pascale Ferran dans un entretien à l'AFP.

Oubliés les costumes d'époque et les amours fiévreuses de "Lady Chatterley" (2006) qui a valu à sa réalisatrice pas moins de cinq César, et bienvenue dans le RER, à l'aéroport de Roissy, ses aérogares, ses pistes de décollage, ses hôtels internationaux pour hommes d'affaires etc.

C'est dans un ce ces hôtels justement que loge un ingénieur en informatique américain, Gary (Josh Charles, "The good wife"). Et c'est là, en transit entre les Etats-Unis et les Emirats, qu'il craque et décide de tout plaquer. Boulot et femme.

"Je me sens comme un bout de sucre au fond d'une tasse", dit-il à cette dernière dans le film via ordinateur.

Parallèlement, Audrey (Anaïs Moustier), une jeune femme de chambre, qui hésite à poursuivre ses boulots sans intérêt ou à reprendre ses études, voit son existence basculer à la suite d'un événement surnaturel.

"J'avais envie de parler du monde dans lequel on vit, d'essayer de faire un film qui donne une description du monde d'aujourd'hui avec cette incroyable accélération du temps", raconte Pascale Ferran.

"Tout s'est accéléré avec l'émergence rapide des portables, d'internet, des écrans, cette capacité à pouvoir dialoguer avec quelqu'un qui est au bout du monde... Je voulais donner à voir à quel point tout cela pour une part a changé nos comportements", poursuit la réalisatrice qui a remporté en 1994 la Caméra d'or cannoise décernée au meilleur premier film, pour "Petits arrangements avec les morts".

"On est sans arrêt à être sur plusieurs dossiers à la fois, plus qu'avant, on change de régime, d'activité en permanence. J'avais envie de parler de ce monde contemporain là.

Et de choisir des "lieux de passage" ou des "non-lieux" pour décor, comme Roissy montré comme jamais au sol et surtout vu du ciel nuit et jour.

Pascale Ferran a ajouté à son histoire une part d'imaginaire, de surnaturel à ne pas dévoiler pour garder intact la surprise pour le spectateur.

Rien d'étonnant pour cette cinéaste qui "a un goût énorme pour la littérature fantastique depuis très longtemps", de Stephen King à Lovercraft, de Richard Matheson à Haruki Murakami.

"C'était comme si à un moment donné, je m'étais envolée en rêve et cette image cherchait à me dire qu'il fallait que je l'écoute et j'ai fini par l'écouter", avoue-t-elle.

Le film a été "très compliqué" à fabriquer, d'abord parce qu'"on n'a pas eu tout à fait assez d'argent" et en raison également des nombreux plans impliquant... des moineaux.

Contrairement aux faucons, corneilles et corbeaux, il n'existe pas de "dresseurs de moineaux", confie la cinéaste dans un grand éclat de rire.

Donc "il a fallu trouver des gens pour prendre des moineaux à la naissance, s'en occuper, s'adapter". "Le montage a été très long pour réaliser chaque plan à partir de petits bouts de rushs et puis après faire en sorte que les effets spéciaux.... ne se voient pas".

Au final, huit semaines de tournage avec des humains et huit avec les moineaux et entre 14 et 15 mois de montage dont les deux tiers pour une demi-heure de film ! Le tout avec des moyens restreints. "Un niveau d'artisanat", résume Pascale Ferran.

da/dab/phc

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