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Lycéennes enlevées au Nigeria: Washington brocarde Abuja

Lycéennes enlevées au Nigeria: Washington brocarde Abuja

Les Etats-Unis, qui aident le Nigeria à retrouver les lycéennes aux mains de Boko Haram, ne se sont pas privés jeudi pour brocarder Abuja pour sa gestion de la crise et les violations des droits de l'homme perpétrées par son armée.

Washington considère le géant d'Afrique de l'Ouest comme un "partenaire stratégique" et s'alarme de la menace régionale que pose le groupe islamiste armé, inscrit depuis novembre 2013 sur la liste noire américaine des "organisations terroristes étrangères".

Les Américains sont en pointe dans la mobilisation mondiale pour tenter de ramener chez elles plus de 200 jeunes filles kidnappées il y a un mois par Boko Haram: ils ont dépêché au Nigeria une trentaine de civils et de militaires, y ont envoyé des drones et des avions de surveillance et pilotent une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux.

"Résoudre cette crise est dorénavant l'une des premières priorités du gouvernement des Etats-Unis", a affirmé un directeur du bureau Afrique du département d'Etat, Robert Jackson, devant une commission du Sénat.

Mais le diplomate, plusieurs sénateurs et une cadre du Pentagone ont taclé la politique d'Abuja.

"En dépit des offres d'assistance des Etats-Unis et d'autres partenaires internationaux, la réponse du gouvernement nigérian à cette crise a été d'une lenteur tragique et inacceptable", a tonné Robert Menendez, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Il a donné écho aux critiques du régime du président nigérian Goodluck Johnatan, accusé d'avoir mis trois semaines à réagir au rapt des lycéennes. Le sénateur démocrate a exhorté "le président Jonathan à faire montre du leadership que sa nation exige".

Le ministère américain de la Défense a enfoncé le clou.

Une de ses responsable, Alice Friend, a déploré que "les forces de sécurité nigérianes (aient) été lentes à s'adapter et à mettre en oeuvre de nouvelles stratégies et tactiques face à la menace sophistiquée" que représente Boko Haram.

Et, a renchéri M. Jackson, les Etats-Unis "pressent le Nigeria de modifier son approche à l'égard de Boko Haram".

De fait, lorsque Washington avait classé le 13 novembre 2013 Boko Haram comme "organisation terroriste étrangère" pour ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique, le gouvernement américain avait insisté sur "l'approche globale" que devait adopter le Nigeria dans sa lutte antiterroriste: "Application de la loi, actions politiques et en matière de développement, et engagement militaire".

Car les Etats-Unis accusent une partie de l'armée nigériane de violations des droits de l'homme lors d'offensives contre Boko Haram. Le président Barack Obama l'avait signifié au président Jonathan lors d'un tête-à-tête à l'ONU en septembre dernier.

"Lorsque des soldats détruisent des villes, tuent des civils, arrêtent des innocents en toute impunité, la méfiance s'installe" chez les populations, a fustigé M. Jackson.

Sa collègue du Pentagone, Mme Friend a de même rappelé le "bilan d'atrocités au Nigeria perpétrées par certaines forces de sécurité lors de leurs opérations contre Boko Haram". Elle a déploré que "le Nigeria soit un partenaire avec lequel il est extrêmement périlleux de travailler", assurant que Washington ne "fournissait pas d'assistance" aux escadrons militaires accusés de "grossières violations des droits de l'homme".

Le gouvernement américain est toutefois critiqué par les républicains pour avoir mis des mois, en 2012 et 2013, à se décider à inscrire Boko Haram et le groupe Ansaru sur sa liste "terroriste".

Des élus républicains visent surtout Hillary Clinton, secrétaire d'Etat entre 2009 et février 2013 et qui s'était rendue à Abuja à l'été 2012.

"Nous aurions pu le faire plus tôt", a concédé M. Jackson du département d'Etat. "Mais l'important est de l'avoir fait (...) C'est une organisation qui est devenue une menace internationale et à laquelle on doit répondre par une coopération internationale", a-t-il défendu.

nr/jca

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