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L'Ukraine, crise-test pour une UE en quête de crédibilité diplomatique

L'Ukraine, crise-test pour une UE en quête de crédibilité diplomatique

Elle ne fait guère parler d'elle dans la campagne des élections européennes, mais la crise en Ukraine représente un test capital pour l'UE, appelée à surmonter les divisions entre ses 28 pays pour pouvoir peser sur la scène mondiale.

Après des années durant lesquelles la crise financière a focalisé toute l'attention, la politique étrangère s'est imposée à l'agenda des derniers sommets européens. Car, de la Syrie à l'Ukraine en passant par l'Egypte et la Centrafrique, les crises se sont succédé dans le voisinage de l'est et du sud de l'Europe.

"Depuis trois ans, on ne sort pas la tête de l'eau, d'autant que toutes ces crises sont extrêmement complexes à gérer", témoigne un responsable du service diplomatique de l'UE.

L'Ukraine en est l'illustration. A Bruxelles, des dizaines de réunions se sont tenues depuis le début de l'année au niveau des experts, des ambassadeurs et des ministres, jusqu'à un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement. Avec pour objectif que l'UE apparaisse unie face à la Russie.

Les 28 se sont certes entendus sur une stratégie alliant "fermeté", avec des sanctions graduées, et "dialogue" avec Moscou. Mais sans parvenir à éviter le rattachement de la Crimée à la Russie ni à faire plier les pro-russes séparatistes de l'est ukrainien.

Nombre de responsables et d'experts déplorent l'incapacité de l'UE à parler d'une voix claire et décisive sur les grands dossiers internationaux.

Ce déficit est lié à "l'ambiguïté" des décisions prises à l'issue de longues négociations entre capitales aux intérêts parfois divergents. "L'Europe est pain béni pour les génies diplomatiques de tous bords", qui font "converger dans une décision commune des versions différentes et parfois même incompatibles", explique Nicole Gnesotto, vice-présidente de l'institut Notre Europe et auteur de "Faut-il enterrer la défense européenne?".

A Bruxelles, des diplomates affirment toutefois que la coordination entre Etats s'est améliorée avec la montée en puissance du Service d'action extérieur (SEAE), créé en 2010 par le Traité de Lisbonne.

Implanté dans un vaste bâtiment face à la Commission européenne, le SEAE est devenu l'un des plus grands services diplomatiques au monde, avec 3.600 employés, 140 délégations à l'étranger et un budget de près de 500 millions d'euros.

Après des débuts hésitants, il "est désormais pleinement opérationnel", s'est récemment félicitée Catherine Ashton, qui le dirige depuis près de cinq ans.

En dépit de son absence de charisme, la Haute représentante a progressivement gagné la confiance des chancelleries pour prendre l'initiative sur des dossiers très sensibles, comme le nucléaire iranien ou le rapprochement Serbie-Kosovo, qu'elle gère avec ténacité.

"Même si la diplomatie reste un puissant outil de souveraineté pour les Etats, les ministres nous consultent de plus en plus souvent avant de prendre une initiative", souligne un diplomate du SEAE.

Mais beaucoup reste à faire pour que "l'UE devienne enfin un acteur sérieux en Affaires étrangères", estime Stefan Lehne, de l'institut Carnegie. Il appelle les 28 à nommer de "véritables poids lourds capables de mener une politique extérieure ambitieuse" à l'occasion du renouvellement général des postes à Bruxelles après les élections européennes du 25 mai.

En 2009, Catherine Ashton, alors peu connue, avait été choisie par défaut après le rejet par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'hypothèse Tony Blair, l'ancien Premier ministre britannique en quête d'un destin européen.

Aucun nom ne s'est jusqu'à présent détaché pour ce poste qui, s'il est prestigieux, n'offre qu'une influence limitée au pays qui l'obtient par rapport à d'autres fonctions de commissaires européens.

Le choix que feront les 28 "sera un signe important du niveau d'ambition de l'UE", souligne Stefan Lehne. Selon lui, "l'instabilité grandissante dans le voisinage du sud et de l'est doit convaincre les dirigeants que le temps est venu de renforcer le rôle de l'UE dans la politique étrangère et de sécurité".

jri/jlb/phv

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