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Des avocats de reporters se retirent, accusent Al-Jazeera d'"insulter" l'Egypte

Des avocats de reporters se retirent, accusent Al-Jazeera d'"insulter" l'Egypte

Trois des avocats de deux journalistes d'Al-Jazeera jugés en Egypte pour soutien aux islamistes, se sont retirés jeudi en accusant la chaîne du Qatar d'utiliser ce procès pour nuire à l'Egypte.

Au total dans ce procès qui a déclenché un tollé international, neuf détenus sont jugés, ainsi que 11 personnes par contumace: 16 Egyptiens sont accusés d'appartenir à une "organisation terroriste" -les Frères musulmans du président destitué Mohamed Morsi- et quatre étrangers pour "diffusion de fausses nouvelles".

Lors d'une nouvelle audience jeudi devant la cour criminelle du Caire, Farag Fathy, Mohamed Farhat et Mokhless El-Salhy, les principaux défenseurs des journalistes australien Peter Greste et égyptien Baher Mohamed, détenus depuis fin décembre, ont annoncé leur retrait.

"Al Jazeera se sert de mes clients. J'ai des e-mails de la chaîne affirmant ne pas se préoccuper d'eux mais plutôt d'insulter l'Egypte", a affirmé Me Fathy aux juges, accusant la télévision satellitaire de "fabriquer des déclarations" qu'elle lui attribue.

Peter Greste, qui travaille à l'antenne anglophone d'Al-Jazeera s'est dit "déconcerté", affirmant entendre "pour la première fois parler de ce problème".

Dans un communiqué parvenu à l'AFP, un porte-parole d'Al-Jazeera a affirmé que "l'avocat qui s'est emporté au tribunal a mis l'équipe dans une position intenable". "Nous avons désormais la meilleure représentation légale travaillant en harmonie et se consacrant à sortir nos journalistes de prison", a-t-il dit sans autre précision.

Un troisième journaliste est également détenu depuis plus de quatre mois, le directeur égypto-canadien du bureau de la chaîne au Caire, Mohamed Fadel Fahmy. Son avocat, Ibrahim Abdel Wahab, a accusé "le parquet de tenter d'entraver" leur travail.

L'Egypte et le Qatar sont à couteaux tirés depuis la destitution de M. Morsi par l'armée en juillet. Le Caire reproche à Doha de soutenir les Frères musulmans, en particulier via Al-Jazeera, tandis que Doha dénonce la répression des pro-Morsi -1.400 morts, 15.000 arrestations et des centaines de condamnations à mort.

L'antenne égyptienne de la chaîne satellitaire qatarie a en outre été fermée.

Le procès a été ajourné au 22 mai. Lors des précédentes audiences, le parquet avait produit des enregistrements inaudibles après avoir cherché à prouver que les journalistes manipulaient les images de leurs reportages en montrant des vidéos sans lien avec leur travail.

Un autre accusé, Khaled Abdel Rahmane, récemment arrêté, était présent jeudi pour la première fois dans le box grillagé des accusés, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Je n'ai jamais collaboré avec Al-Jazeera ni envoyé des vidéos à la chaîne. Je suis un citoyen normal, je ne suis pas membre des Frères musulmans et je ne sais pas pourquoi je suis dans cette cage", a-t-il affirmé à l'AFP.

Un autre journaliste, de l'antenne arabophone d'Al-Jazeera, Abdallah ElShamy est, lui, toujours dans l'attente de son procès. Emprisonné depuis neuf mois et en grève de la faim depuis janvier, il a dit tenir les autorités pour responsables en cas de grave dégradation de sa santé dans une vidéo tournée en prison et diffusée mercredi par Al-Jazeera.

Jeudi il a comparu devant le juge qui a refusé son appel contre une décision de justice le 3 mai d'étendre de 45 jours sa détention, a indiqué son avocat Chaabane Saïd à l'AFP.

M. Elshamy est paru émacié dans le box des accusés. Il a indiqué aux journalistes qu'il avait été placé en isolement dans le quartier de haute sécurité de la prison de Tora au Caire. "Je ne suis pas autorisé à sortir de ma cellule", a-t-il dit, en soulignant qu'il était déterminé à poursuivre sa grève de la faim.

Amnesty International a réclamé sa libération "immédiate et sans condition". "En plaçant un gréviste de la faim à l'isolement au lieu de le transférer dans un hôpital, les autorités égyptiennes mettent délibérément sa vie et sa santé en danger".

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