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Lycéennes au Nigeria: le pouvoir "prêt à dialoguer" avec Boko Haram

Lycéennes au Nigeria: le pouvoir "prêt à dialoguer" avec Boko Haram

Le Nigeria s'est déclaré mardi soir prêt à dialoguer avec Boko Haram pour assurer la libération des 223 lycéennes captives du groupe islamiste tout en voulant proroger l'état d'urgence dans le nord-est, surveillé par des avions américains.

"Le Nigeria a toujours été ouvert au dialogue avec les insurgés", a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires spéciales Taminu Turaki, qui a dirigé l'année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d'amnistie avec Boko Haram. "Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie", a-t-il ajouté

Cette disposition déclarée au dialogue d'Abuja, après un refus lundi, intervient le jour où le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) est dans la capitale fédérale pour s'entretenir avec les autorités nigérianes afin de retrouver les captives.

Le général David Rodriguez est au Nigeria pour "discuter de l'aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que toute la coopération", entre les forces américaines et nigérianes, a expliqué à l'AFP un responsable de la défense américaine.

Par ailleurs, l'ensemble des filles apparaissant dans la dernière vidéo diffusée lundi par Boko Haram font partie des 200 lycéennes enlevées à Chibok, dans l'Etat de Borno, selon le gouverneur de cet Etat.

"Toutes les filles de cette vidéo ont été identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok", a déclaré Kashim Shettima mardi après-midi à Abuja aux manifestants du mouvement #bringbackourgirls, réunis devant son bureau de la capitale fédérale.

L'arrivée du général américain coïncide avec la demande de prolongation de l'état d'urgence que vient de formuler le président nigérian dans le nord-est du pays, désormais survolé par des avions américains.

En vigueur depuis un an, l'état d'urgence est cependant d'une efficacité limitée puisqu'il n'a pas empêché l'insurrection de multiplier ses attaques. Boko Haram a ainsi enlevé 276 lycéennes le 14 avril à Chibok, dans l'Etat de Borno (nord-est), l'un de ses fiefs, parmi lesquelles 223 restent captives. Le sort des jeunes filles a suscité une immense mobilisation internationale.

Dans une lettre, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan demande une "prolongation de l'état d'urgence dans les Etats d'Adamawa, de Borno et de Yobe", qui expire mercredi.

Le gouvernement de l'Etat de Yobe s'est déclaré contre cette proposition.

Une telle mesure "ne constitue pas la réponse adéquate aux défis sécuritaires actuels dans ces trois Etats étant donné l'échec apparent au cours des douze derniers mois" de la politique du gouvernement, a indiqué Abdullahi Bego, porte-parole du gouverneur de l'Etat Ibrahim Gaidam, dans un communiqué.

"L'état d'urgence n'a pas été en mesure de bloquer l'insurrection de Boko Haram", estime Dapo Thomas, expert politique de l'Université de l'Etat de Lagos.

"En fait, la secte est devenue plus dangereuse et mortelle (...) Le gouvernment ne devrait pas continuer de limiter la liberté de la population en prorogeant" l'état d'urgence.

Les Etats-Unis ont annoncé lundi que des avions espions américains survolent désormais le nord.

"Nous avons partagé des images de satellites commerciaux avec les Nigérians et nous effectuons des vols, avec pilotes, d'espionnage, de surveillance et de reconnaissance au-dessus du Nigeria, avec la permission du gouvernement", a révélé un haut fonctionnaire de l'administration américaine.

Face à l'émotion mondiale suscitée par ce rapt sans précédent, le gouvernement nigérian, pourtant traditionnellement rétif aux ingérences étrangères, a accepté l'aide internationale.

Les Etats-Unis le Royaume-Uni et la France ont dépêché des équipes, Israël et la Chine ont proposé leur aide.

Des experts américains passent d'ailleurs "à la loupe" la vidéo de Boko Haram obtenue lundi par l'AFP, a indiqué la diplomatie américaine.

Dans la vidéo, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, exige la libération de ses "frères" combattants prisonniers en échange de celle des jeunes filles.

Shekau affirme que le marchandage ne concernerait que les filles "qui ne se sont pas converties" à l'islam.

La nouvelle vidéo de Boko Haram montre environ 130 adolescentes assises à l'air libre sous des arbres, dans un lieu non-identifié, en train de réciter ensemble la "fatiha", l'une des principales sourates du Coran.

A l'initiative de François Hollande, un sommet régional doit se tenir samedi à Paris pour aider le Nigeria et ses voisins à faire face au défi posé par Boko Haram, dont le nom en langue haoussa signifie "L'éducation occidentale est un péché".

Ce sommet devrait rassembler, autour du président français, les dirigeants d'au moins cinq pays africains: le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin. Américains et Britanniques ont également été invités.

Deux anciennes "premières dames" françaises, Carla Bruni-Sarkozy et Valérie Trierweiler, ont participé mardi à une manifestation à Paris avec des célébrités du monde du spectacle.

A l'image de la "première dame" américaine Michelle Obama, des centaines de milliers d'anonymes et de célébrités ont ces derniers jours pris d'assaut les réseaux sociaux avec le hashtag #BringBackOurGirls, cri de ralliement pour sauver les jeunes filles.

L'insurrection de Boko Haram a fait des milliers de morts depuis 2009, dont près de 2.000 depuis le début de cette année. Initialement concentrées dans le Nord à majorité musulmane, où Boko Haram réclame la création d'un Etat islamique, les violences ont récemment fait des dizaines de morts à Abuja, la capitale fédérale, avec deux attentats à la voiture piégée.

bur-tmo/jpc/sba

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