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A son procès, Abou Hamza se défend pied à pied, sermonne le procureur

A son procès, Abou Hamza se défend pied à pied, sermonne le procureur

Tranchant, répondant du tac au tac à la limite parfois de l'arrogance, le prêcheur radical britannique Abou Hamza a accusé mardi le procureur de "ne pas chercher la justice" mais une "condamnation", lors de son procès à New York.

Après avoir témoigné pour sa défense pendant trois jours, l'ancien imam de la mosquée londonienne de Finsbury Park a été soumis au feu roulant des questions du procureur John Cronan sur son rôle dans l'enlèvement de 16 touristes occidentaux au Yémen en décembre 1998, le projet d'un camp d'entraînement au jihad dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis) en 1999, et le départ à cette époque pour l'Afghanistan de plusieurs jeunes qui avaient fréquenté sa mosquée.

Abou Hamza, qui a plaidé non coupable, a rejeté encore mardi toute responsabilité. Il risque la prison à perpétuité s'il est reconnu coupable des 11 chefs d'inculpation retenus contre lui, dont enlèvement et incitation au terrorisme en liaison avec ces trois affaires.

Le procureur a affirmé mardi qu'un document pour fabriquer des bombes artisanales avait été retrouvé dans sa cellule de la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres, après sa condamnation pour incitation au meurtre et à la haine raciale en février 2006.

"Je n'ai jamais entendu parler de ce document", répond Abou Hamza à la barre, dans la salle d'audience du 15e étage du tribunal fédéral à Manhattan.

"J'aimerais que vous me montriez ce document", insiste-t-il, expliquant qu'il n'avait pas le droit d'avoir "une agrafeuse ou même un ouvre-boîte" dans sa cellule. "Parlons de manière sensée", ajoute-t-il.

La juge Katherine Forrest intervient plusieurs fois pour recadrer les échanges.

"Monsieur Mustafa, limitez vos réponses, ne faites pas de discours", lui intime-t-elle, employant son vrai nom, Mustafa Kamel Mustafa.

"Laissez-lui (le procureur) poser les questions", insiste-t-elle un peu plus tard.

Mais Abou Hamza, en t-shirt et pantalon de jogging noir, n'en continue pas moins régulièrement à dénoncer un procureur qui "fait du copier-coller", "sélectionne" et "coupe", les extraits de ses discours ou anciennes vidéos et les sort, selon lui, de leur contexte.

"Vous ne recherchez pas la justice, vous cherchez une condamnation", lâche-t-il.

Et quand le procureur lui pose une question à tiroirs, il n'hésite pas à le tancer, lui demandant à quoi répondre. "Tâchez de vous concentrer", lui assène l'ancien imam de 56 ans borgne et amputé des deux avant-bras.

Il égratigne aussi certains témoins à charge, "vos témoins pré-payés".

Le procureur alterne extraits de vidéos et de retranscriptions où Abou Hamza, connu pour ses prêches au vitriol dans les années 90, affirme, en liaison avec l'enlèvement des touristes au Yémen que "les étrangers sont des animaux stupides", où compare les non musulmans à des "porcs" qu'on peut vendre sur le marché ou tuer.

L'imam souligne qu'il s'est excusé pour cette comparaison, qui lui a déjà valu 7 ans de prison en Angleterre. "Vous allez me redonner sept ans pour ça?", interroge-t-il.

Il redit avoir jeté à la poubelle le projet de camp d'entraînement au jihad envisagé dans l'Oregon, réaffirme n'avoir été mis au courant de l'enlèvement des touristes au Yémen qu'après coup, et explique de la même façon qu'il n'a pas su qu'un jeune ayant fréquenté la mosquée et qu'il considérait comme un fils, Ferroz Abbasi, était parti pour l'Afghanistan.

Il affirme aussi qu'il aimait Ben Laden pour "certaines raisons", mais était en désaccord avec sa fatwa de 1998 appelant à tuer des Américains.

Et d'assurer qu'il n'a jamais connu à la mosquée de Finsbury Park Richard Reid, qui plus tard tentera de faire sauter un avion transatlantique avec une chaussure piégée, ou le Français Zacharias Moussaoui, condamné à la prison à vie pour complot en liaison avec les attentats du 11-Septembre.

Le procès d'Abou Hamza, ouvert le 17 avril, touche à sa fin, avec le début attendu des plaidoiries finales. Les jurés se retireront ensuite pour décider de sa culpabilité.

bd/gde

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