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Moscou dit respecter le référendum séparatiste ukrainien et invite au dialogue

Moscou dit respecter le référendum séparatiste ukrainien et invite au dialogue

La Russie a appelé lundi à respecter la volonté des Ukrainiens de l'Est au lendemain du oui massif à un référendum séparatiste, l'Union européenne élargissant de son côté ses sanctions tout en amorçant des tentatives de médiation.

Des responsables européens, dont le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier mardi, sont attendus en Ukraine, et une rencontre entre le gouvernement et les séparatistes pourrait avoir lieu mercredi sous l'égide de l'OSCE.

Dans le même temps, le Conseil européen a indiqué lundi que l'UE avait élargi ses sanctions. Treize noms de personnalités russes ou prorusses ont été ajoutés à la liste des 48 personnes déjà visées par une interdiction de visas et un gel de leurs avoirs, de même que deux entreprises, ont indiqué des sources diplomatiques.

Plus tôt dans la journée, la Russie avait indiqué respecter "l'expression de la volonté des populations" de l'Est de l'Ukraine, prenant le contrepied des capitales occidentales.

Les premiers résultats de cette consultation illégale aux yeux de Kiev et de la communauté internationale, sont sans surprise. Dès dimanche soir, les séparatistes de la région de Donetsk ont fait état de près de 90% de oui avec près de 75% de participation. Le score du oui s'annonce encore plus élevé dans la région voisine de Lougansk.

Le Kremlin a ajouté cependant que la "mise en oeuvre" des résultats devait se faire de manière "civilisée" et dans le "dialogue" avec le gouvernement de Kiev.

Des analystes interrogés par l'AFP à Moscou ont estimé que la Russie marquait ainsi sa volonté d'utiliser le résultat du référendum comme un argument dans son bras de fer avec Kiev et les Occidentaux, plutôt que de lancer un processus de rattachement de l'Est de l'Ukraine à son territoire selon le scenario observé en mars dans la péninsule de Crimée.

Moscou, qui a déjà pesé dans le passé pour la fédéralisation de l'Ukraine, a "obtenu un nouveau levier de pression sur Kiev", a déclaré Konstantin Kalatchev, du Groupe d'experts politiques.

Le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a écarté lundi la possibilité de nouveaux pourparlers internationaux, jugeant que ceux-ci n'auraient "pas vraiment de sens".

Le président en exercice de l'OSCE, le Suisse Didier Burkhalter, a de son côté noté que la Russie avait pris soin de ne pas reconnaître formellement les résultats.

Il a indiqué qu'un diplomate allemand expérimenté, Wolfgang Ischinger, allait être le médiateur de l'OSCE pour tenter d'établir un dialogue entre les parties.

Entretemps les tirs et détonations ont repris tôt lundi à Slaviansk, bastion de la rébellion armée, encerclé par les forces ukrainiennes qui y mènent une vaste opération militaire depuis le 2 mai.

Les autorités ukrainiennes, qui tentent de reprendre le contrôle de l'est du pays, dénoncent de leur côté le référendum.

Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a répété lundi qu'il s'agissait d'une "farce sans effet juridique".

Indiquant citer des estimations de la police, il a affirmé que seulement 24% des électeurs de la région de Lougansk et 32% dans la région de Donetsk avaient pris part au vote.

Les autorités de Kiev "vont poursuivre le dialogue avec ceux qui en Ukraine de l'Est n'ont pas de sang sur les mains et sont prêts à défendre leurs objectifs de manière légale", a-t-il ajouté.

Les insurgés armés prorusses avaient convoqué dimanche la population du bassin du Donbass (7,3 millions de personnes), dont ils contrôlent les principales villes, pour valider leur projet d'"indépendance" des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

Le vote a été accompagné de violences à Krasnoarmiïsk, une ville de 65.000 habitants située à l'ouest de Donetsk, où sont intervenus des hommes armés qui ont tiré sur la foule, touchant au moins deux personnes, selon un photographe freelance travaillant pour l'AFP.

De leur côté, les autorités ukrainiennes sont déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé prévu le 25 mai, qu'elles accusent la Russie de vouloir faire capoter.

Les insurgés ne veulent pas de cette élection et traitent de "fasciste" le gouvernement provisoire au pouvoir depuis la chute du président Viktor Ianoukovitch fin février.

Dans des déclarations publiées par le quotidien Kommersant lundi, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a accusé les Occidentaux de vouloir, avec cette élection, "clore la question juridique de la légalité du coup d'Etat qu'ils ont organisé".

Il évoquait la chute fin février du président Viktor Ianoukovitch après trois mois de manifestations pro-occidentales qui s'étaient soldées par un bain de sang à Kiev.

Réfugié en Russie, M. Ianoukovitch a appelé lundi le nouveau pouvoir de Kiev à cesser ses tentatives de reprendre le contrôle des régions de l'Est du pays.

"La junte sanguinaire a déjà tué plus de 300 civils pacifiques", a-t-il affirmé, cité par l'agence Interfax.

Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, est attendu à Kiev dans la soirée de lundi pour y rencontrer le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, et apporter le soutien de l'UE à l'élection.

Le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, doit lui aussi se rendre en Ukraine, mardi, pour soutenir un "dialogue national", a annoncé lundi son porte-parole à Berlin.

Selon une source diplomatique française, une réunion entre Ukrainiens - autorités de Kiev et prorusses - pourrait avoir lieu dès mercredi en Ukraine sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

bur-lpt/bir

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