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L'album grunge «Indien» : l'autre part de Clement Jacques (ENTREVUE)

«Indien» : l'autre part de Clement Jacques (ENTREVUE)
Jean-Francois Cyr

On ne pourra guère accuser Clement Jacques de tourner en rond. Sans crier gare, il nous arrivait récemment avec l’album Indien, au son résolument plus lourd que son travail des années précédentes. Durant trente jours dans la forêt, le jeune chanteur montréalais d’origine saguenéenne a craché sa peine dans une mare de grunge, à notre grand bonheur.

«J’ai viré de bord, lance avec un sourire Clement Jacques, 29 ans, en début d’entrevue dans un parc du Plateau-Mont-Royal. Ça faisait longtemps que je voulais faire ça. Je pense que c’est quelque chose que j’ai toujours eu en dedans de moi. J’en ai fait longtemps des tounes relaxes. J’avais souvent envie que ma musique devienne plus intense. J’ai finalement assumé le pesant. Quand j’étais plus jeune, j’ai côtoyé beaucoup le punk ou encore du stock comme Rage Against the Machine, mon band de l’époque.»

Voix trainante, guitare électrique saturée et sombres ambiances à la Nirvana, Indien diffère en effet énormément des deux premiers albums (pensons au poli disque folk-pop Maréographe) proposés auparavant par Clement Jacques. Tant mieux, dira le principal intéressé, car le but de l’œuvre étant justement le défoulement. Ça rocke autant dans la musique que dans le propos.

Exorciser ses démons

En août 2013, Clement Jacques avait l’âme déchirée par une relation amoureuse de trois ans qui s’est terminée comme elle a commencé, c’est-à-dire dans la passion. Habité pendant un moment par un petit démon autodestructeur, le musicien s’est dit un jour qu’il valait mieux mettre cette force négative à profit. Durant un mois, il s’est isolé au camp de chasse de son oncle au Saguenay-Lac-Saint-Jean, situé à 40 kilomètres de La Baie, la ville la plus près.

Comme seul compagnon, Creg Bonnier, un ingénieur de son. Premier défi de taille, insonoriser cette génératrice qui faisait un bruit d’enfer et risquait fort bien de nuire à toute tentative d’enregistrement.

« Un coup le problème réglé, l’idée était de ploguer des guitares et jouer fort, explique Clement Jacques. C’était un leitmotiv de mettre de côté les instruments acoustiques. Le plan était de placer des micros devant des amplis. »

«Je me suis installé sur le patio en face du lac, j’ai plogué ma guitare et j’ai commencé à faire des riffs. Pendant des heures, je jouais jusqu’à ce qu’une mélodie prenne forme. Ensuite, j’ajoutais la basse, la batterie et finalement les paroles. On enregistrait tout ça dans une seule pièce. C’était super. Ça m’a fait de quoi de partir de là. »

Panache

En ouverture d’album, Ushket donne le ton. C’est grinçant. Les quelques autres morceaux (comme Le Chat et Tiroir) qui suivent sont dans la même veine. « L’amour est rare », chante Clement Jacques. En écoutant le disque une chanson après l’autre, on finit par se dire que Clement Jacques à du panache. Il faut une bonne dose d’audace pour proposer un album de rock grunge en français, dans un petit marché comme le Québec, de surcroît.

Clement Jacques n’y va pas de main morte dans la première moitié d’Indien. Le genre musical est assumé et l’émotion se mêle à la transpiration. En général, cette mutation lui a bien réussi. Certains admirateurs de la première heure lui en voudront un certain temps, tandis que d’autres seront ravis. Nous pensons à eux qui aiment la distorsion et les atmosphères plus contrastées, comme celles en seconde moitié du disque sur lesquelles on ressent une certaine « paix » (Dauphin ou Soldat) qui s’installe.

« Dans le processus de création, j’ai composé sans me soucier du pacing. Par contre, plus tard, j’ai réalisé que je ne pouvais pas tout mélanger, parce que ça ne faisait pas de sens. À La fin, c’est comme si j’étais allé au bout de mon sentiment, comme si je m’étais rendu compte que la fin du monde arrivait à sa fin. C’est une sorte d’accalmie après la tempête ».

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