Lac-Mégantic: le fond de la rivière Chaudière reste contaminé

Dix mois après le déversement d'environ 100 000 litres de pétrole dans la rivière Chaudière lors de la tragédie de Lac-Mégantic, un comité d'experts juge que la qualité de l'eau est bonne, mais que la contamination des sédiments demeure préoccupante.

La vingtaine d'experts ont été mandatés par le ministère de l'Environnement pour évaluer l'impact du déversement d'hydrocarbures. Ils ont étudié des centaines d'échantillonnages.

Selon eux, la situation est particulièrement inquiétante entre Lac-Mégantic et Saint-Georges, en Beauce. Mais de nouvelles évaluations sont nécessaires avant que le gouvernement décide des mesures à prendre. Les derniers échantillons ont été prélevés à l'automne.

Selon le comité, le ministère de l'Environnment pourrait devoir utiliser des méthodes plus invasives comme le dragage, qui consistent à retirer les sédiments de la rivière pour les traiter à l'extérieur. « Mais ces méthodes-là ont elles-mêmes des impacts importants sur les cours d'eau. Il faut les utiliser avec parcimonie et seulement là où c'est vraiment nécessaire, parce que le cours d'eau a une capacité de se nettoyer par lui-même », affirme David Berryman, coordonnateur du comité expert.

Il faudra voir, dit-il, si les crues printanières ont aidé à nettoyer le fond de la rivière autant qu'il l'espère.

En Beauce, des nappes d'hydrocarbures ont été détectées par le ministère de l'Environnement durant les crues printanières, notamment dans le secteur de Beauceville, mais les quantités qui ont été observées étaient faibles.

Le gouvernement a déjà investi 16 millions de dollars dans le nettoyage de la rivière Chaudière à la suite du déversement. Au total, 40 kilomètres de rives ont été nettoyés. Plus de 43 000 litres d'hydrocarbures ont été récupérés.

Selon M. M. Berryman, très peu de poissons sont morts et seulement une vingtaine d'oiseaux ont été trouvés souillés.

Québec se pliera à toutes les recommandations du comité d'experts en 2014-2015 :

• mettre à jour le portrait de la contamination des sédiments par les hydrocarbures pétroliers;
• documenter la toxicité des sédiments de la rivière;
• déterminer les tronçons de la rivière où le niveau de contamination des sédiments pose un risque pour l'écosystème;
• cerner les enjeux environnementaux des différentes méthodes de nettoyage des sédiments et élaborer un plan d'intervention;
• assurer un suivi environnemental de la rivière.
• Le cours d'eau alimente en eau potable plusieurs municipalités de la région de Chaudière-Appalaches. Trois d'entre elles - Saint-Georges et Sainte-Marie et Lévis - doivent toujours puiser leur eau potable ailleurs que dans la rivière Chaudière. Québec continue de suivre la situation de près, mais ne peut dire quand les citoyens pourront de nouveau consommer l'eau de la rivière. Depuis l'automne, il n'y a aucun risque potentiel pour la consommation humaine.

Par ailleurs, le ministre de l'Environnement David Heurtel a estimé lundi qu'il était « prématuré d'évaluer les chances de succès » du gouvernement de récupérer les millions de dollars investis dans le nettoyage, puisqu'« on est au début d'un recours ». Québec a entamé des procédures judiciaires contre l'entreprise ferroviaire MMA, le Canadien Pacifique et World Fuel Services inc.notamment.

« Oui, il va y avoir des recours devant les tribunaux, mais il faut rassurer la population : le gouvernement va poursuive le nettoyage indépendamment des résultats », a soutenu M. Heurtel, en point de presse à Sainte-Marie, en Beauce.