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Combats au Soudan du Sud: Juba accuse le chef rebelle Machar de ne pas contrôler ses forces

Combats au Soudan du Sud: Juba accuse le chef rebelle Machar de ne pas contrôler ses forces

Le gouvernement sud-soudanais a accusé lundi l'ancien vice-président Riek Machar de ne pas contrôler ses forces rebelles qui affrontent l'armée depuis mi-décembre, et les deux camps ont affirmé avoir été attaqués malgré un nouvel accord signé vendredi censé mettre fin aux combats.

Le président sud-soudanais Salva Kiir et M. Machar, qui a pris le maquis mi-décembre après avoir été accusé de tentative de coup d'Etat, ont signé vendredi soir à Addis Abeba un "accord pour résoudre la crise au Soudan du Sud", comprenant notamment un engagement à "cesser les hostilités". Mais leurs forces respectives se sont mutuellement accusées dès dimanche d'avoir rompu le cessez-le-feu.

Le ministre de la Défense Kuol Manyang a indiqué à l'AFP que les forces pro-Machar avaient lancé depuis dimanche soir une nouvelle offensive dans l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est), assurant que l'armée avait reçu l'ordre "de ne pas attaquer, mais uniquement de se défendre".

"La réalité, c'est que M. Machar ne contrôle pas ses forces. Ce sont des forces irrégulières, telles que l'Armée blanche" (White Army), milice de jeunes civils nuer, peuple auquel appartient M. Machar, a expliqué le ministre. "L'Armée blanche ce sont des civils armés, ils ne savent même pas que l'Accord de cessation des hostilités a été signé, ils n'en ont pas entendu parler et ce sont eux qui attaquent".

Les Nuer, forment avec les Dinka, dont est issu M. Kiir, les deux principales ethnies du pays. De vieilles rivalités les opposent, qui sont venues se greffer à la lutte au sein du pouvoir entre MM. Kiir et Machar, élément déclencheur du conflit.

M. Machar a rétorqué depuis Addis Abeba que les forces gouvernementales avaient "attaqué les premières" et "n'avaient jamais respecté la cessation des hostilités". "Le gouvernement mène une offensive ininterrompue. Nous nous défendons", a-t-il expliqué à la presse.

Les deux camps utilisent des supplétifs, miliciens locaux ou groupes armés du Soudan voisin, et les analystes estiment que tant M. Kiir que M. Machar auront du mal à imposer la trêve à leurs différentes troupes.

Aucune information indépendante n'a pu être obtenue lundi concernant la situation militaire sur le terrain.

Des observateur de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation est-africaine qui assure la médiation dans ce conflit, vont se rendre à Bentiu, capitale de l'Etat pétrolier d'Unité (nord), où des combats étaient à nouveau signalés dimanche, pour vérifier la réalité du cessez-le-feu, a annoncé lundi à l'AFP le porte-parole de l'armée sud-soudanaise Philip Aguer.

Le porte-parole militaire de la rébellion, Lul Ruai Koang, a affirmé lundi que l'armée sud-soudanaise avait repris lundi Bentiu en "bombardant de façon intensive et extensive (...) les villages alentour". Le camp gouvernemental affirmait depuis plusieurs jours avoir repris Bentiu.

En rentrant d'Addis Abeba dans la nuit, le président Kiir a indiqué que les élections générales, prévues en 2015, et auxquelles Riek Machar avait, avant le conflit, menacé de se présenter contre le chef de l'Etat, seraient repoussées de deux ou trois ans, pour "permettre la réconciliation entre les gens".

"S'il voulait sincèrement la paix, (M. Kiir) organiserait des élections en 2015", lui a répondu M. Machar lundi.

Mais la tenue de ces élections étaient de toute façon très improbables, une vaste partie du pays échappant actuellement au contrôle du gouvernement et l'accord signé vendredi à Addis semblant avoir remis leur principe en cause.

Celui-ci prévoit en effet la mise en place d'un gouvernement de transition, une réforme constitutionnelle et l'organisation de "nouvelles élections", sans toutefois indiquer la durée de la période de transition ou fixer de date pour lesdites élections.

Un précédent cessez-le-feu, péniblement négocié et signé le 23 janvier, n'a jamais été respecté et les combats, accompagnés de massacres et d'exactions contre les civils, attribuables aux deux camps, n'ont jamais cessé.

Lundi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé qu'il fallait envisager la création d'un "tribunal spécial" pour juger les responsables d'exactions.

M. Ban a repris les termes d'un récent rapport de la mission de l'ONU sur place (Minuss) selon lequel "il y a des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité (...) ont été commis" au Soudan du Sud.

En proclamant son indépendance en juillet 2011, le Soudan du Sud espérait tourner la page d'une des plus longues et meurtrières guerre d'Afrique, qui opposa entre 1983 et 2005 Khartoum à une rébellion sudiste désormais au pouvoir à Juba.

Mais le jeune pays a replongé dans la violence mi-décembre et ce nouveau conflit a déjà fait plusieurs milliers voire des dizaines de milliers de morts et chassé plus d'1,2 million de Sud-Soudanais de chez eux.

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