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Soudan: des rassemblements offrent aux opposants un semblant de liberté

Soudan: des rassemblements offrent aux opposants un semblant de liberté

Plusieurs formations politiques soudanaises ont pu réunir en public depuis mi-avril des milliers de partisans, sans être réprimées comme autrefois par un régime ayant promis le dialogue sans toutefois opérer de profonds changements.

Le parti "Réforme maintenant", fondé en décembre par Ghazi Salaheddine Atabani, ancien conseiller de la présidence expulsé du parti du Congrès national au pouvoir, a lui aussi rassemblé des foules sans être inquiétés par les forces de sécurité.

Au cours des derniers mois, le gouvernement a autorisé puis interdit, sauf autorisation préalable, les rassemblements politiques. Mais, dans la réalité des faits, une tolérance de facto a depuis peu permis les meetings.

"On assiste à une ouverture", admet Siddig Youssef 82 ans, membre du comité central du Parti communiste soudanais, l'une des plus vieilles formations du monde arabe.

Si son parti a récemment pu tenir un meeting dans un stade de football, M. Youssef ne pense pas que l'ouverture va durer: Les autorités "vont probablement interdire notre prochain rassemblement".

L'opposition est en train de tester le gouvernement au moment où le président Omar el-Béchir essaie de lui tendre la main dans le cadre de sa politique de "renaissance", estime El Shafie Mohammed El Makki, de l'Université de Khartoum.

Cette politique a été lancée en janvier alors que le pays est miné par des rebellions, une profonde crise économique et un isolement sur la scène internationale.

"C'est un jeu politique", explique cet expert, ajoutant que "les jours à venir vont démontrer si le gouvernement est sincère dans sa volonté de changement ou non".

Le Soudan a été secoué en septembre par d'importantes manifestations contre la suppression de subventions sur les carburants accompagnées d'appels au départ du président. Il s'agissait du plus important mouvement de contestation depuis l'arrivée au pouvoir de M. Béchir lors d'un coup d'Etat il y a 25 ans.

La répression de ces manifestations a fait environ 200 morts selon Amnesty International, et a brimé la presse et l'opposition, avant la mise en place d'une politique de dialogue en janvier.

"Maintenant, les partis politiques sont libres de tenir leur rassemblements en dehors de leurs locaux", et les journaux interdits peuvent réapparaitre, avait indiqué en mars à l'AFP Ibrahim Ghandour, proche conseiller du président soudanais.

M. Béchir a depuis interdit en avril aux partis politiques d'organiser des réunions sans autorisation préalable, y compris dans leurs locaux. Mais les rassemblements n'ont de facto pas été réprimés par les forces de sécurité.

Pour les critiques du régime, il ne s'agit là que d'une illusion de liberté dans un pays où des lois liberticides sont toujours en vigueur, autorisant par exemple à détenir des personnes plus de quatre mois sans procédure judiciaire.

Profitant néanmoins de cette ouverture, les communistes ont tenu le mois dernier leur premier rassemblement public depuis les élections de 2010.

Les autorités ne sont pas intervenues "mais selon la loi c'était une réunion illégale", admet M. Youssef, dont la formation ne participe pas au dialogue avec le gouvernement.

L'ambassadeur de l'Union européenne Tomas Ulicny a indiqué mercredi que, pour réussir, le dialogue doit inclure la société civile, les jeunes, et les groupes armés ayant renoncé à la violence, sans quoi il risque de se transformer en une consultation entre "partis traditionnels".

"Comment peut-on lancer un dialogue national quand vous faites la guerre à la moitié de votre peuple?" s'est interrogé un autre diplomate occidental.

Pour les détracteurs du président, ceux qui ont rejoint le dialogue, le Congrès populaire de M. Hassan Tourabi, la Oumma de Sadek al Mahdi et Réformes maintenant de M. Atabani, cherchent un partage du pouvoir.

Selon un membre d'un des partis participant au dialogue, M. Béchir cherche à opérer un "changement réel" car il comprend que le pays s'effondre, mais c'est l'influent appareil des forces de sécurité qui résiste.

Siddig Youssef croit lui que le président soudanais n'est pas sincère et qu'il cherche surtout à opérer "un petit changement" susceptible de le maintenir au pouvoir.

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