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Julius Malema, le trublion de la politique sud-africaine, entre au Parlement

Julius Malema, le trublion de la politique sud-africaine, entre au Parlement

Avec plus d'un million de voix pour son parti, le jeune leader populiste Julius Malema a réussi son entrée en politique et au Parlement sud-africain, où il va pouvoir déployer sa verve anti-capitaliste et parfois anti-Blancs.

"Juju", 33 ans, avait été exclu en 2012 de l'ANC, le parti au pouvoir, dans le giron duquel il a grandi. Après une courte traversée du désert, il a rebondi en prenant la tête des "Combattants pour la liberté économique" (EFF), avec pour programme la redistribution des richesses du pays aux plus démunis.

Son nouveau parti "de la gauche radicale, anti-capitaliste et anti-impérialiste" a emporté 6,35% des suffrages aux législatives de mercredi, bien plus que les prédictions des sondages. Il dépasse les 10% dans sa province d'origine du Limpopo (nord) ou au Gauteng (Johannesburg et Pretoria), et les 13% dans celle du Nord-Ouest, où une grève paralyse les plus grandes mines de platine du monde depuis plus de trois mois.

Il a même eu 4 voix à Orania (centre), village uniquement peuplé de Blancs nostalgiques du régime raciste de l'apartheid.

Les EFF "ont fait un relativement bon score, et je pense qu'ils jouent un rôle important en ramenant aux urnes un électorat qui était sans doute exclu auparavant: des gens qui se sentent exclus par l'ANC, ou confrontés à des problèmes socio-économiques importants", note Cherrel Africa, politologue à l'Université du Cap occidental.

Rouvrant un débat de fond que la réconciliation des années Mandela avait étouffé, Julius Malema promet aux Sud-Africains une "seconde libération", économique cette fois, pour les plus pauvres dont le sort ne s'est guère amélioré depuis qu'ils ont acquis le droit de vote il y a vingt ans. Et ils sont nombreux, dans ce pays où un quart de la population ne mange pas à sa faim.

Son programme n'a pas changé depuis qu'il s'est fait connaître par ses déclarations fracassantes à la tête des jeunes de l'ANC: il revendique ce qu'il appelle "la liberté économique de notre vivant", réclamant la nationalisation sans compensation des mines et des banques, de même qu'une réforme agraire passant par la saisie des terres agricoles appartenant aux Blancs.

Ses affiches appelaient à "restaurer la dignité de la majorité noire oppressée".

Julius Malema a organisé les Combattants pour la liberté économique en petite armée de révolutionnaires reconnaissables à leurs bérets rouges, dont il s'est proclamé "commandant en chef".

Ses "commissaires", inspirés du PC de l'ex-URSS expliquent qu'il faut d'abord achever "la transformation socialiste de la société sud-africaine" avant de passer au communisme.

"C'est une sorte de rhétorique très nationaliste et militariste, franchement plus proche du fascisme que du communisme", s'inquiète cependant Clive Glaser, historien à l'Université du Witwatersrand de Johannesburg.

Pour le ministre des Entreprises publiques Malusi Gigaba (ANC) les EFF sont "une organisation paramilitaire et néonazie qui fait l'apologie de l'anarchie".

A l'image de son modèle, le président zimbabwéen Robert Mugabe, Julius Malema s'en prend régulièrement aux Blancs (9% de la population) qui n'ont pas abandonné leurs privilèges. Il a d'ailleurs été condamné pour incitation à la haine raciale pour sa reprise de la chanson "Tuez le Boer" (le fermier blanc), vieil hymne de la lutte anti-apartheid.

Il est aussi parti en croisade contre ses anciens amis de l'ANC, particulièrement le président Jacob Zuma, qu'il avait pourtant aidé à s'emparer du parti en 2007.

"Zuma doit être arrêté pour avoir volé les pauvres. Zuma doit pourrir en prison", dit-il maintenant que le chef de l'Etat est accusé d'avoir agrandi sa résidence privée aux frais du contribuable, surnommant l'ANC "Association de Criminels Nationaux".

Lui-même est accusé d'avoir tiré l'essentiel de ses revenus de commissions touchées sur les marchés publics octroyés par sa province du Limpopo. Il a rendez-vous avec la justice en septembre.

Le fisc sud-africain lui réclame 16 millions de rands (1,1 million d'euros). Ses amis politiques, qui comme lui crient au complot politique, ont organisé une quête parmi ses partisans.

Car s'il défend les plus démunis, Julius Malema a longtemps mené grand train. Il s'est montré plus discret depuis qu'il a pris la tête des EFF, mais la presse sud-africaine a récemment raillé ses chaussures Louis Vuitton.

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