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La nef du Grand Palais à Paris transformée en cité utopique par les Kabakov

La nef du Grand Palais à Paris transformée en cité utopique par les Kabakov

C'est une cité blanche, une cité étrange ceinte de hauts murs, où l'homme dialogue avec le cosmos, les anges et l'au-delà: les artistes d'origine russe Ilya et Emilia Kabakov investissent le Grand Palais à Paris pour la sixième édition de Monumenta.

Cette manifestation d'art contemporain, qui consiste à confronter un artiste vivant à la vaste nef du Grand Palais, est de retour après avoir connu une pause à la suite de restrictions budgétaires. Prévue à l'origine en 2013, la Monumenta du couple Kabakov a finalement été maintenue mais avec un décalage d'un an.

Après Anselm Kiefer, Richard Serra, Christian Boltanski, Anish Kapoor et Daniel Buren, c'est à ces artistes installés aux Etats-Unis de se mesurer au gigantisme de ce monument (13.500 m2).

Une tâche difficile. Les époux Kabakov ont dû adapter leur projet imaginé dans leur atelier de Long Island. Après des essais il y quelques mois, ils ont dû rehausser la taille des murs et des bâtiments.

Cette exposition "est un rêve devenu réalité pour nous", déclare à l'AFP Emilia Kabakov, femme souriante aux cheveux argentés. "Paris est une ville tellement culturelle, avec ses musées et son architecture. C'est un grand défi d'exposer ici. Cela nous fait un peu peur", dit-elle.

"Nous avons construit une cité utopique", explique-t-elle. "Nous avons voulu concevoir un espace de contemplation. L'idée est de créer une atmosphère très spécifique".

A partir de samedi et jusqu'au 22 juin, le public sera invité à s'aventurer et à se perdre dans cette ville labyrinthique composée de sept bâtiments blancs. Pour y pénétrer le visiteur devra d'abord longer un grand mur. Il débouchera alors sur une coupole renversée, qui renvoie à celle majestueuse de Grand Palais.

La coupole des Kabakov est une orgue de lumière qui avait été réalisée à la demande du directeur d'opéra Gérard Mortier pour un spectacle il y a plusieurs années, précise Jean-Hubert Martin, commissaire de l'exposition. Elle fait l'effet d'un vitrail lumineux dans une cathédrale, ajoute-t-il.

Après avoir franchi une porte en ruine, le visiteur se trouve dans à un "musée vide" où il est invité à s'asseoir. La "Passacaille" pour orgue de Bach remplit l'espace vide de la salle peinte en rouge. Des taches ovales de lumière remplacent les tableaux.

Il peut rejoindre ensuite "le Centre de l'énergie cosmique", avec ses laboratoires et ses antennes. Et continuer par un pavillon qui explique "comment rencontrer un ange". L'une des méthodes consiste à se fabriquer une paire d'ailes, à porter quelques minutes par jour, pendant deux ou trois semaines. La poésie teintée d'humour est l'une des marques des Kabakov.

Le bâtiment des "Portails" évoque l'idée de franchissement, de la fin de vie mais aussi de la mémoire des disparus.

Sonne alors l'heure de la chapelle blanche, aux nombreuses toiles vierges parmi lesquelles se glissent quelques rectangles de peinture, fragments de la réalité.

Puis la chapelle sombre attire par ses murs recouverts de six grands tableaux, dans la tradition baroque. Ilya s'y représente avec Emilia.

Agé de 80 ans, Ilya Kabakov est né à Dniepropetrovsk (ville de l'Ukraine actuelle), alors en URSS. Il peint et dessine à Moscou jusque dans les années 1980. Ses installations, qui évoquent la vie quotidienne en Russie et tournent en dérision le mode de vie soviétique, connaissent une notoriété internationale. Depuis 1989, Ilya Kabakov travaille avec Emilia, pianiste de formation.

En 2004, le gouvernement russe a organisé une exposition officielle des oeuvres des deux artistes au musée de l'Ermitage à Moscou. Ilya Kabakov fuit la presse. Mais il est bien là, au Grand Palais, veillant aux derniers réglages.

Emilia Kabakov confie qu'elle voudrait que les visiteurs s'abstiennent de téléphoner dans l'exposition ou de se prendre en photo. "La culture a besoin de respect", dit-elle. "Ce n'est pas du divertissement. En tout cas pas seulement".

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