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1er grand sommet international en Birmanie depuis la fin de la junte

1er grand sommet international en Birmanie depuis la fin de la junte

La Birmanie accueille ce week-end son premier grand sommet, symbole de son retour sur la scène internationale, malgré des inquiétudes quant à certains rétropédalages, après des décennies d'isolement sous la junte militaire.

Les chefs d'Etat ou de gouvernement des dix pays membres de l'Association des Nations d'Asie du sud-est (Asean) sont attendus samedi dans la capitale Naypyidaw pour un sommet de deux jours, défi d'organisation pour l'ancien Etat paria, qui assure la présidence tournante de l'Asean.

Manquera cette année à la photo de famille la Première ministre thaïlandaise, Yingluck Shinawatra, destituée mercredi.

La Birmanie a pris la présidence du bloc régional en pleine recrudescence de tension avec Pékin concernant les revendications territoriales des uns et des autres en mer de Chine méridionale. Mercredi, Hanoï a ainsi accusé des bateaux chinois protégeant des installations de forage pétrolier dans des eaux disputées d'avoir attaqué ses navires.

Les bonnes relations de la Birmanie avec la Chine voisine, alliée de longue date - y compris sous la junte militaire autodissoute en 2011 - risquent de mettre la Birmanie dans une position délicate lors du sommet, au moment d'aborder ce dossier épineux.

Les réserves en hydrocarbures sous-marins sont convoitées par plusieurs membres de l'Asean, notamment le Vietnam et les Philippines.

Un accord sur un "code de bonne conduite" concernant les rapports entre pays de l'Asean en mer de Chine méridionale devrait être à l'ordre du jour des discussions, estiment diplomates et analystes, mais un accord a peu de chance d'être trouvé.

"Les discussions seront très longues", commente Ian Storey, de l'Institut d'Etudes d'Asie du Sud-Est à Singapour.

La Birmanie, membre de l'Asean depuis 17 ans, avait été contrainte de renoncer à sa présidence tournante de l'Asean en 2006, en raison des critiques contre ses atteintes aux droits de l'Homme par les généraux alors au pouvoir.

Mais, depuis l'autodissolution de la junte il y a trois ans, le président Thein Sein a mené une politique réformatrice saluée, qui lui a valu le retrait de la majorité des sanctions occidentales et un boom des investissements étrangers.

L'ancien Etat paria a ainsi libéré des centaines de détenus politiques, accueilli l'opposition au parlement (où la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi est députée) et lancé des réformes économiques.

Mais plusieurs signes inquiétants sont également pointés du doigt, comme l'emprisonnement de journalistes et de manifestants ou la poursuite de conflits armés avec des rebelles de minorités ethniques.

"Il y a plusieurs signes qui montrent que les progrès en Birmanie n'ont pas seulement calé, mais qu'il y a un retour en arrière", estime David Mathieson (Human Rights Watch).

Selon les analystes, il y a peu de chances que les autres Etats membres de l'Asean dévient avec la Birmanie de leur politique habituelle de "non-ingérence" pour aider à trouver une solution à la crise humanitaire grandissante en Etat rakhine (ouest de la Birmanie).

Des dizaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane apatride non reconnue par les autorités birmanes, sont notamment privés de soins depuis que des ONG internationales ont été forcés au départ en mars par des extrémistes bouddhistes.

Ces dernières années, des milliers d'entre eux ont pris la mer pour tenter de gagner des pays voisins, membres de l'Asean, comme la Malaisie, la Thaïlande et l'Indonésie.

Le président Barack Obama a évoqué la question du respect des droits des musulmans en Birmanie le mois dernier en Malaisie.

Mais "l'Asean ne peut pas se permettre de pousser trop la Birmanie sur les droits de l'Homme", confirme un diplomate d'Asie du Sud-Est.

Les dossiers économiques seront à l'ordre du jour alors que l'organisation prévoit d'établir un marché économique commun, pour faire face à la Chine et à l'Inde.

L'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) représente un marché de 600 millions d'habitants. Mais l'horizon initial de 2015 pour cette communauté économique semble ne pas pouvoir être tenu, de l'aveu même des diplomates.

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